Conseil «Environnement» – Une planète propre pour tous

L’Union européenne enfin prête pour les négociations climatiques à la prochaine COP25

Les ministres de l’Environnement et du Climat se sont réunis au Luxembourg le 4 octobre 2019 pour la réunion du Conseil «Environnement». Une bonne partie de l’agenda était occupée par les politiques de lutte contre le changement climatique. Ces discussions s’inscrivent dans un contexte d’actualité dense en ce qui concerne les questions du changement climatique: les mobilisations en masse de citoyens notamment les jeunes, le récent Sommet d’action climatique du secrétaire général des Nations unies António Guterres, les préparations à la prochaine COP25 qui aura lieu en décembre au Chili. Après de longues et difficiles négociations, les ministres ont pu trouver un accord pour le mandat pour la COP25.

La ministre Carole Dieschbourg a dit: «Jamais n’a-t-on vu à travers le monde une telle mobilisation citoyenne, notamment parmi les jeunes, qui sont inquiets pour leur avenir. Ces citoyens sont fatigués des promesses vides d’autorégulation des pollueurs et des belles paroles sans suites par de trop nombreux politiciens. C’est notre responsabilité d’assurer de faire avancer le changement et de leur redonner confiance. Je regrette que nous n’avons pas pu convaincre tous les ministres autour de la table d’envoyer un message encore plus clair et plus fort que l’UE va revoir son ambition climatique pour 2030. Mais ceci n’est qu’une étape dans ce long voyage et je continuerai à me battre partout où je le pourrai pour plus d’ambition climatique.»

Les ministres ont également eu un échange de vues sur l’avancement des travaux sur la «vision stratégique à long terme de l’UE pour une économie neutre», ou en d’autres mots la stratégie climatique de l’UE à long terme et un objectif de zéro émissions nettes d’ici 2050 au plus tard. Alors que la large majorité des États membres a soutenu l’objectif, l’accord a été bloqué lors du Sommet européen en juin par la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et l’Estonie qui vient néanmoins déclarer son soutien, hier à la veille du Conseil «Environnement».

Concernant le sujet sensible du rôle à jouer du nucléaire dans la transition climatique, Carole Dieschbourg a dit: «Je m’opposerai au gaspillage de nos ressources communes à des projets nucléaires. Le nucléaire est extrêmement cher, non-compétitif et non fiable. À ce jour, il n’y a pas de solutions acceptées pour la gestion de déchets, et des coûts de déconstruction considérables. De tel projets bruleraient nos ressources financières qui sont très limitées face aux besoins significatifs. Concernant la question des risques, je pense que remplacer une menace pour l’humanité par une autre ne peut jamais être la bonne réponse. Et surtout si l’on dispose d’alternatives.»

Le 8e programme d’action pour l’environnement – Inverser les tendances ensemble

Le Conseil a adopté des conclusions invitant la Commission européenne de préparer un 8e Programme d’action pour l’environnement (PAE) qui comportera des orientations pour les politiques de l’Union européenne (UE) dans les domaines de l’environnement et du changement climatique pour la période 2021-2030.

Dans son intervention, la délégation luxembourgeoise s’est félicitée du soutien unanime pour l’adoption d’un 8e PAE qui doit être plus ambitieux que le 7e et à la hauteur des attentes légitimes de nos concitoyens. Les conclusions dressent l’inventaire des principaux chantiers qu’il faut attaquer: le changement climatique, le déclin de la biodiversité, la rareté des ressources et la pollution pour mentionner les principaux.

Le gouvernement estime crucial d’accélérer la transition verte, ce qui nécessite une implication accrue des politiques climatiques et environnementales dans tous les secteurs politiques. Le 8e PAE doit garantir la cohérence avec l’objectif de l’accord de Paris pour limiter l’élévation des températures à 1.5 °C, la future stratégie à long terme de l’UE sur une économie neutre pour le climat et les Objectifs de développement durable.

Au regard de la terminologie utilisée à certains endroits dans le texte des conclusions, la délégation luxembourgeoise, soutenue par les délégations allemande et autrichienne, a tablé une déclaration précisant que les mots «transition verte» sont compris comme transition vers une économie neutre pour le climat, efficace dans l’utilisation des ressources, sûre et durable.

Renforcer l’action de l’UE en matière de protection et de restauration des forêts de la planète

La ministre Carole Dieschbourg a salué la récente communication de la Commission sur la déforestation. Les récents incendies en Amazonie montrent malheureusement à quel point ce dossier est urgent et important: «Si les poumons de la planète brûlent, nous avons un sérieux problème!», estime la ministre. Les actions proposées par la Commission doivent être mises en œuvre rapidement et sans failles.

Le gouvernement est très préoccupé de l’accélération de la déforestation. Le rapport spécial y afférent, que le GIEC a publié en août est alarmant. Carole Dieschbourg a cité plusieurs mesures récentes adoptées pour lutter contre le fléau de la déforestation comme la mise en place du «Forestry and Climate Change Fund» visant des projets de gestion durable des forêts secondaires en Amérique.

En outre, le Fonds vert pour le climat, dont le Luxembourg est le premier contributeur par tête d’habitant, a approuvé en juillet 2019 un projet visant la reforestation dans l’Amazonie au Brésil, à hauteur d’environ 100 millions de dollars américains. En outre, la ministre estime que l’approbation des accords commerciaux de l’UE doit être également analysée au regard de la déforestation dans les pays partenaires.

Économie circulaire – Le projet «Ecobox» honoré

Le Conseil a adopté des conclusions sur l’économie circulaire mettant en évidence la nécessité de déployer des efforts ambitieux supplémentaires afin de stimuler une transition systémique vers une société plus durable. Le Luxembourg a souligné l’importance du dossier qui s’inscrit pleinement dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et la perte de la biodiversité. L’achèvement d’une économie davantage circulaire permettra de réduire en outre l’impact sur les ressources et de contribuer vers un monde sans déchets et sans pollution. Le Luxembourg a informé les délégations de toute une série de mesures entre-temps adoptées au plan national dont le récent projet «Ecobox» qui a été honoré dans le cadre du projet européen «Refresh» qui vise la réduction des déchets alimentaires et des déchets d’emballages dans le secteur de la restauration.


Le nucléaire et les finances durables ne vont pas ensemble

Les délégations allemande, autrichienne et luxembourgeoise avaient fait inscrire à l’ordre du jour une discussion concernant le règlement relatif à une taxonomie en matière de finance durable. Les mêmes délégations désiraient tirer l’attention des ministres de l’Environnement sur l’état d’avancement de ce dossier et aux implications potentielles pour l’environnement.

En effet, le Luxembourg, l’Allemagne et l’Autriche ont récemment rompu une procédure d’adoption de position commune au Conseil, à cause du texte de compromis permettant notamment l’ultérieure classification comme durable des investissements dans le secteur nucléaire. Ceci était d’autant plus étonnant que le groupe d’experts techniques conseillant la Commission européenne dans le cadre de l’élaboration de ce dossier avait publié un rapport en juin pour lequel ni ce groupe d’experts, ni ses membres, n’avaient voulu inclure la chaîne de valeur de l’énergie nucléaire dans la taxonomie, par souci des risques posés pour l’économie circulaire et la gestion des déchets, la biodiversité, les systèmes hydrologiques ou la pollution.

Le Luxembourg a dit: «Il s’agit d’une proposition législative très importante du point de vue de la transparence envers nos citoyens et investisseurs qui veulent placer leur argent dans des projets «véritablement durables». Nous devons ancrer cette taxonomie solidement dans les sciences de l’environnement et climatiques, nous devons en exclure les énergies fossiles et l’incinération des déchets et nous ne devons sous aucun prétexte y permettre l’inclusion du nucléaire. Le nucléaire et les finances durables ne vont pas ensemble. Son inclusion impliquerait la décrédibilisation de cette taxonomie dès le départ, risquerait de détruire la confiance des investisseurs et, dans l’ensemble, nuirait à la viabilité des marchés financiers».

Communiqué par: ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable

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