Les vacances sont finies

Bien qu’ayant gardé toute sa lumière, l’azur se rafraîchit et retrouve son couchant déjà plus prématurément. Le cuivré des peaux d’été s’efface blafardement et les jambes, il y a peu dénudées, se rhabillent comme pour mieux préparer à l’hiver ressuscité. Rares sont les privilégiés qui dans la froideur hivernale pourront s’offrir quelques parenthèses ensoleillées et il faudra bientôt quitter son chez-soi dans la pénombre matinale pour ne le retrouver que dans l’obscurité des nuits gelées.

Au temps où l’on vivait encore au rythme des cycles d’une nature que nous n’avions pas totalement quittée, nous habitions à proximité de nos lieux de travail. Luxembourg-Ville est désormais l’épicentre rayonnant du crescendo des prix de l’immobilier et il faut se lever de plus loin pour venir y travailler. Outre frontière, la course-échappatoire aux maigres salaires impose un autre métronome, celui du «métro-boulot-dodo». C’est ainsi que plongés dans les petits cafés matinaux rapidement avalés, les regards encore embués du réveil ont la morne lueur d’un quotidien commençant et finissant par une même torture: le trajet.

En voiture, lourd d’un budget mensuel considérable, ce sont d’interminables embouteillages et avec toujours plus d’accidents qui nous font arriver en retard. En train, ce sont des retards sur les lignes, des rames pleines à craquer et des abonnements belges et français qui au regard de ceux pratiqués au Luxembourg, s’apparentent à de l’extorsion. Toujours est-il que les deux heures matinales additionnées aux deux heures en soirée font parfois quatre heures de trajet par jour pour des frontaliers employés du secteur privé. Ce sont de facto, des moments en moins pour les loisirs et la famille et le parent absent se surprend à se demander combien vaut son baiser sur le front du petit sous la couette du sommeil.

L’épineuse question de la mobilité des frontaliers ne trouve d’aucune considération et ça fait 20 ans que ça dure… «De quoi se plaignent-ils puisqu’ils gagnent plus que chez eux. Voyez avec vos élus locaux», leur disent les uns; «de quoi se plaignent-ils puisqu’ils gagnent plus que nous. Ils sont un manque à gagner pour les collectivités locales», leur répondent les autres. Sans pouvoir législatif d’un côté et considérés comme des mieux lotis de l’autre, les frontaliers sont bloqués dans des zones géographiques en manque d’infrastructures.

Les projets à venir sont certes nombreux avec l’aménagement du territoire qui favoriserait une décentralisation des emplois, l’élargissement de l’A3 avec une troisième voie réservée au covoiturage et aux transports en commun, avec les 120 millions d’euros pour le cofinancement de la ligne Zoufftgen-Thionville qui entendent multiplier la capacité actuelle de places assises par 2,5 d’ici 2028 et la construction de P+R. Mais ils tardent tellement à venir qu’on se demande si cela suffira à la décongestion de nos préludes et épilogues quotidiens.

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