Un instrument pour bâtir la confiance

La coopération renforcée entre la Ville de Luxembourg et quatre de ses voisines répond à une nécessité tout autant pour la capitale que pour les petites communes qui la bordent. Cette collaboration pourrait se concrétiser à terme par l’adoption du statut de communauté urbaine. C’est, du moins, ce que souhaiterait le bourgmestre, Paul Helminger, pour que le développement intercommunal se fasse de manière optimale. Interview.

Que représente cette coopération pour la Ville de Luxembourg qui est la plus grande des cinq communes concernées?

Elle répond avant tout à une nécessité. Ni nous, ni les autres communes ne pouvons résoudre seuls les problèmes que nous entendons traiter au sein de cette convention. Il relève du bon sens que de se regrouper pour définir ces problèmes et y trouver des solutions ensemble, plutôt que l’un sans l’autre voire l’un contre l’autre. Il est évident qu’ils ne s’arrêtent pas aux frontières communales et que les mesures que chaque commune prend ont forcément des répercussions sur les autres. Je pense, par exemple, à la réglementation que nous avons instaurée, il y a quelques années, concernant le parking résidentiel: dans la mesure où cela est devenu plus difficile de stationner en ville, les gens se garent davantage sur les territoires des communes voisines.

Ne risque-t-il pas d’y avoir un déséquilibre entre les différentes communes partenaires?

Nous en avons tenu compte dans la manière dont cette convention a été conçue. D’une part, le ministère du Développement durable est très fortement impliqué, ce qui garantit qu’une commune ne va pas manger les autres. D’autre part, nos débats sont dirigés par une médiation qui exerce une influence modératrice.

Concrètement, quelles seront les améliorations pour les habitants et, éventuellement, pour les non-résidents?

Dans la mesure où nous résoudrons mieux les problèmes de mobilité, pour commencer par ceux-là puisque chacun en fait l’expérience, cette convention apportera certainement un avantage en termes de qualité de vie. Si chaque commune revoit son plan d’aménagement général en concertation avec les autres, cela garantit une certaine cohérence. Cela donne l’assurance, par exemple, qu’il n’y ait pas une commune qui mette une zone d’activités là où sa voisine prévoit une zone résidentielle. Là encore, tout le monde en profite: les futurs résidents de ces quartiers comme les usagers de la zone d’activités. Ce sont néanmoins des mesures qui s’inscrivent dans le moyen terme.

Dans quels délais?

La convention vient d’être renouvelée pour cinq ans. Pendant la première période, nous avons mis sur pied un certain nombre d’outils et réalisé des analyses. La deuxième période permettra d’établir une planification de développement communal plus cohérente et de mettre en pratique ce qui a été décidé. Par exemple, nous avons élaboré, pendant la première phase, un concept de gestion du stationnement, nous avons analysé et classé les zones d’activités en fonction de leur potentiel de trafic, il s’agit maintenant pour chaque commune de mettre en œuvre la politique que nous avons définie ensemble.

Y a-t-il une fusion en vue?

On ne parle pas de fusion que je sache, du moins en ce qui concerne la Ville de Luxembourg. Ce qui a été évoqué, mais mis entre parenthèses pour le moment, serait la création d’une communauté urbaine.
A terme, je reste persuadé que c’est ce à quoi nous devons arriver. Plus nous réussirons à avancer dans le cadre d’une coopération où chaque commune exerce pleinement son autonomie et sans nécessairement changer les structures de gestion en place, moins il y aura de pression pour nous regrouper sous la forme d’une communauté urbaine. Mais si nous ne parvenons pas à résoudre nos problèmes de convivialité, de bon voisinage, de mobilité, de développement communal, alors je pense que le moment viendra fatalement où l’on nous l’imposera d’en haut.

Est-ce que de nouvelles conventions de ce type pourraient être passées entre la Ville de Luxembourg et d’autres communes?

Nous avons bien démarré avec les communes du pourtour Sud de la ville. Nous avons une convention analogue, mais qui en est à la première étape, avec les communes qui sont autour de l’aéroport. Dans le paysage communal luxembourgeois, si nous voulons maîtriser les problèmes, ce n’est pas seuls qu’on le fera. Je pense que le mécanisme de la communauté urbaine est la bonne réponse et, pour y arriver, il faudra encore bâtir de la confiance entre les partenaires potentiels. Une convention comme celle que nous venons de signer à nouveau est un bel instrument pour bâtir cette confiance. Dans la coopération, c’est chacun qui gagne.
MT

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