La femme chef d’entreprise de l’année à la conquête de l’immobilier

Elle vise les jeunes qui démarrent dans leur carrière en leur proposant exactement ce qu’ils recherchent, et cela fonctionne. Cela fonctionne même tellement bien que cette “self-made woman” a reçu le prix de “femme chef d’entreprise de l’année”. Rencontre avec Carole Caspari, dirigeante d’Altea Immobilière.
 
Lorsqu’elle était enfant, Carole Caspari rêvait de tenir un hôtel. «Je m’imaginais déjà grande, en train de gérer mon établissement. En réalité, je fais presque de l’hôtellerie, puisque je propose une multitudede chambres… Finalement ça y ressemble un peu».
 
Elle débute son parcours professionnel tôt, à 19 ans, dans une banque privée. Au sein du département d’ingénierie financière et fiscale, elle est en contact avec des clients fortunés. Ce sont souvent des indépendants qui ont créé leur propre société. A leur contact, elle attrape le goût des affaires, et l’envie de se lancer elle-même. Ensuite, elle travaille dans des sociétés d’audit et de conseil. Elle parfait ses connaissances fiscales, juridiques et financières. Ainsi bien préparée, elle est prête à démarrer sa propre aventure.  Elle commence seule en 2007 en créant son agence, Altea Immobilière. En tant que chef d’une petite PME, il lui faut s’occuper de tous les services à la fois: la gestion des ressources humaines, les déclarations fiscales, les contrats avec les clients,… Elle doit s’occuper des diverses tâches qu’une grande société diviserait en différents services. Ses expériences précédentes lui sont d’une grande aide.

Petit à petit, l’entreprise s’agrandit et le nombre de clients augmente. Désormais, plus de 15 personnes apportent leurs compétences et gèrent quelques 350 logements meublés dans une cinquantaine de résidences, toutes exclusivement situées au cœur de la capitale. Carole a accompli le rêve de sa vie. Elle a réussi, et elle a même été au-delà de ce qu’elle espérait. Ses aspirations restent à la hauteur de ses accomplissements: elle souhaite continuer à développer son concept et proposer une solution au problème de logement rencontré par le pays. Elle veut étoffer son offre hors de Luxembourg-Ville, et pourquoi pas dans le futur, s’étendre hors de nos frontières pour proposer à l’étranger son concept si particulier: la location de chambres meublées pour une courte durée en formule “all-in”.
 
“All-in” n’est pas une simple expression fourre-tout. Les locations comprennent le linge de maison, le réseau Internet, le ménage, l’accès à une salle de fitness,… de quoi plaire aux universitaires, stagiaires ou nouveaux arrivants sur le marché du travail. A la différence du marché locatif normal, Altea Immobilière accueille ces jeunes professionnels, qui y trouvent ce qu’ils souhaitent: flexibilité, possibilité de mouvement, et un site web extrêmement complet qui leur permet, entre autres, de réserver leur habitation en ligne. Le résultat est là: plus de 1.000 jeunes sont logés par l’agence tous les ans. Ils ont environ 25 – 30 ans et rassemblent plus de 160 nationalités différentes.
 
 
 
 
 
 
En réalité, la colocation présente des avantages pour 3 acteurs: les jeunes professionnels, les DRH et les investisseurs. D’abord, l’offre “all-in” proposée par Altea Immobilière permet d’apaiser l’esprit de tout jeune travailleur arrivant à Luxembourg. Ils peuvent se concentrer sur leur nouveau travail sans gaspiller de temps face aux problématiques liées au logement. Ensuite, les nombreux services des ressources humaines des entreprises du pays préfèrent recruter en sélectionnant leurs candidats “sur le terrain”. Altea Immbolière se rapproche donc des DRH pour leur faciliter le travail: l’agence anticipe leurs demandes en logement, et propose ses offres directement à ceux qui accueilleront, demain, leurs futurs clients. Enfin, la colocation peut être utilisée comme un moyen de diversifier son patrimoine. «La colocation est un réel choix d’investissement et permet souvent des rentabilités nettement supérieures pour le même bien. En effet, en colocation, chaque personne réfléchit en fonction de son propre budget. Le budget total est donc un multiple des budgets de chacun» explique Carole Capari.
 
Une récompense bienvenue mais un peu trop féminine.
 
En janvier elle a reçu le prestigieux prix de femme chef d’entreprise de l’année. A la question «pourquoi vous ont-ils choisi, vous», elle répond sans se laisser déstabiliser. «Pour la toute simple raison qu’ils ont voulu récompenser une femme qui a réussi par ses propres moyens. Ce qui n’est pas toujours le cas pour d’autres personnes qui reprennent souvent un business familial. J’ai personnellement réussi par moi-même. De plus ils voulaient mettre en avant une idée novatrice. Et j’ai su développer une niche, un concept nouveau. Je n’ai pas ouvert un salon de coiffure, ou une librairie, ou toute autre chose qui existait déjà. Je me suis lancée dans un type de logement bien spécifique. Bien sûr, il y a beaucoup d’agences immobilières, mais j’y ai vraiment apporté ma touche personnelle. J’ai identifié un vrai problème de logement au Luxembourg, et j’ai su combler ce manque en développant mon concept».
 
Recevoir ce prix, c’est un aboutissement, mais cela lui laisse tout de même un goût de trop peu au bord des lèvres. Bien qu’elle salue cet événement, elle trouve dommage de caricaturer l’opposition homme/femme. «Je suis contre ce débat divisant homme et femme. Bien sûr il y a des inégalités, mais moi-même je n’ai jamais été écartée au cours de ma carrière à cause de mon sexe. Chacun a les mêmes chances et possibilités. Ce sont malheureusement bien souvent les femmes elles-mêmes qui se freinent». Sans concession, Carole Caspari avoue qu’elle aurait préféré recevoir le prix de chef d’entreprise de l’année, tout court: «si un tel prix existait, je postulerai».
 
A la mi-janvier, les organisateurs du concours, la BIL, PwC et Paperjam, ont donc remis à la fondatrice d’Altea Immobilière la somme de 10.000 euros. Un prix que la femme d’affaire compte investir pour améliorer son business. Les ampoules à incandescence classiques de ses 50 résidences seront remplacées par des ampoules basse énergie. De quoi faire de sacrées économies sur ses offres innovantes de locations meublées “all-in”. SoM

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