Sprint final pour le Cyclo-croc de Bissen

La commune de Bissen fait face à de nombreux défis en matière de mobilité. Dans ce cadre, elle a mis en place plusieurs mesures sécurisant son centre-ville – particulièrement fréquenté par les automobilistes de passage – et promouvant la mobilité douce auprès de ses citoyens. En revanche, elle profite d’un excellent réseau de pistes cyclables et ouvrira prochainement son Cyclo-croc, un établissement pensé par et pour les cyclistes. Rencontre avec David Viaggi, bourgmestre.

 

Qu’en est-il de la mobilité à Bissen?

Il existe trois possibilités pour se déplacer dans la commune de Bissen. Tout d’abord, nos citoyens peuvent emprunter les transports en commun. Nos villages sont relativement bien desservis par les différentes lignes de bus. Des améliorations ont été opérées sur la ligne entre Ettelbruck et Mersch. Toutefois, celle-ci demande encore une attention particulière pour que les horaires gagnent en fiabilité.

Ensuite, à Bissen, beaucoup de travailleurs choisissent la mobilité douce pour se rendre de leur domicile à leur lieu de travail. Pour ce volet, nous nous attelons à deux projets principaux. D’une part, nous souhaiterions relier notre commune à la gare de Mersch par une piste cyclable. Les infrastructures nécessaires sont présentes mais elles doivent encore être sécurisées. Nous attendons la décision de l’État pour aller plus loin. D’autre part, nous avons mis à la disposition du gouvernement quelques kilomètres de terrain pour construire une autre piste qui partira de Bissen et se prolongera jusqu’à la commune d’Helperknapp en longeant la vallée de l’Attert. Elle servira aussi de route touristique et permettra de remplacer celle qui passe à travers champs et qui présente un grand dénivelé à certains endroits.

Enfin, la mobilité motorisée et individuelle demeure un problème de taille. Bissen est une commune rurale qui souffre du trafic de passage particulièrement important aux heures de pointe. Cela engendre des insécurités, notamment aux abords du campus scolaire. En réaction, nous souhaiterions concrétiser un projet de zone 30 dans le centre-ville. Cela ne diminuera pas le nombre d’automobilistes mais permettra de les ralentir. Nous sommes malheureusement tributaires des décisions du gouvernement quant aux aménagements des grands axes nationaux longeant notre territoire.

 

La promotion de la mobilité douce vous tient particulièrement à cœur. Qu’avez-vous mis en place en ce sens dans votre commune?

Nous profitons d’un large réseau de pistes cyclables et de sentiers pédestres. Nous avons récemment installé des panneaux signalétiques afin d’informer les marcheurs du temps de parcours qui les sépare de leur destination. Par cette initiative, nous souhaitons faciliter les déplacements à pied et inciter nos citoyens à laisser leur voiture à leur domicile.

Nous profitons d’un réseau de pistes cyclables et de sentiers pédestres important

Nous finalisons pour le moment un autre projet de taille qui se destine cette fois aux amateurs de balades à vélo. Ma pratique personnelle m’a permis de constater l’absence de zones de repos. Nous, les cyclistes, sommes contraints de quitter les pistes cyclables pour nous rendre au café ou au restaurant. Nous nous exposons ainsi aux risques de la circulation et aux regards des clients qui peuvent parfois désapprouver les tenues de sport dans ce type d’établissement. C’est ainsi que j’ai eu l’idée de créer un espace à l’écart des routes conçu spécialement pour les adeptes du vélo: «le Cyclo-croc».

Le long de la piste de l’Attert (PC12), une ancienne maison était autrefois habitée par un agent du chemin de fer qui était chargé de baisser et de lever les barrières du passage à niveau à l’arrivée et au départ du train. Cette ligne ferroviaire n’est aujourd’hui plus utilisée pour le transport de personnes et l’immeuble a été racheté par la commune. Ce dernier a fait l’objet d’une rénovation et nous avons ajouté un conteneur à la structure principale afin d’y accueillir une cuisine professionnelle. Nous avons signé un contrat avec un exploitant qui y assurera un service de restauration. L’établissement sera baptisé «Abis», un abrégé de «à bicyclette». Les cyclistes pourront y boire un verre et profiter d’une cuisine saine et de qualité. À proximité de l’ancienne maison, ils auront également à leur disposition des stations de lavage et de réparation, des sanitaires ou encore un service de remplissage pour leur bouteille d’eau. L’endroit est également idéal pour les familles qui y passeront un moment agréable dans un cadre calme et apaisant.

De plus, nous avons mis à disposition des restaurateurs tout le nécessaire pour effectuer des livraisons, une option particulièrement intéressante pour les employés de la zone industrielle à proximité. Le matériel comprend deux vélos électriques équipés de caissons thermiques ainsi qu’une remorque dotée d’une autopropulsion à batterie qui peut s’accrocher à la bicyclette et qui permet de déplacer de plus grandes quantités de marchandises.

J’espère que le Cyclo-croc donnera naissance à des établissements similaires aux abords de toutes les pistes cyclables du Grand-Duché

Nous avons attiré l’attention du ministère du Tourisme dans le cadre du projet du Cyclo-croc car il s’agit d’une première au Luxembourg. Des structures similaires ont déjà été créées notamment en Italie dans la région de Trente où il existe l’équivalent d’une aire de repos pour cyclistes où ceux-ci peuvent s’arrêter, réparer leur vélo, le nettoyer, se fournir en matériel, se reposer, etc. Le Cyclo-croc permet d’importer ce modèle au Luxembourg et j’espère qu’il donnera naissance à des établissements similaires sur toutes les pistes cyclables du Grand-Duché.

Les travaux sont aujourd’hui bien avancés et le Cyclo-croc, qui a nécessité un budget total d’environ 750.000 euros, ouvrira ses portes à la fin du mois d’avril.

 

Quels sont vos projets pour la suite?

À l’avenir, nous aimerions organiser des tours à vélo, des randonnées, des marches à pied, etc. Nous négocions actuellement avec des associations compétentes pour orchestrer ces événements.

Nous souhaiterions également développer davantage l’attractivité de notre commune en créant un hôtel dans l’ancien moulin. Celui-ci permettrait de bâtir un véritable complexe autour du Cyclo-croc. L’emplacement de Bissen est idéal pour les cyclistes qui aiment parcourir de longues distances. Notre commune est accessible par les pistes cyclables des quatre coins du pays. Avec un établissement de 20 à 30 chambres sur notre territoire, les possibilités seraient encore plus nombreuses. Toutefois, l’initiative n’est pas encore d’actualité car nous priorisons d’autres projets.

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