ArcelorMittal Europe demande au Parlement européen de contribuer à sauver les projets de décarbonation de la sidérurgie européenne menacée par l’incertitude

S’exprimant lors de la réception annuelle de la fédération d’entreprises multisectorielle FEDIL à Luxembourg, à laquelle assistait le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, Geert Van Poelvoorde, directeur général d’ArcelorMittal Europe et président d’EUROFER, a abordé le sujet urgent de la décarbonation de la sidérurgie européenne et les nombreuses incertitudes auxquelles le secteur est confronté.

 

M. Van Poelvoorde a expliqué en détail ce qu’ArcelorMittal Europe a déjà fait pour décarboner à ce jour, et ce qu’il faudra faire pour passer à la phase suivante, cruciale :

«Construire des aciéries à zéro émission de carbone à travers ArcelorMittal Europe signifie remplacer les hauts fourneaux par des usines DRI, et construire des fours électriques alimentés par des énergies renouvelables. Le remplacement du gaz naturel par de l’hydrogène vert dans les usines DRI – une fois que l’hydrogène vert sera disponible en quantité nécessaire et à un prix compétitif – permettra de réduire nos émissions de CO2 de 90 %. Et le reste des émissions de CO2 sera capturé et stocké ou utilisé.

Nous avons un plan détaillé pour y parvenir et nous sommes prêts à le déployer ; nous avons le soutien à l’investissement des gouvernements belge, français, allemand et espagnol, et nous nous préparons autant que possible, en attendant l’approbation du financement par la Commission européenne – nous avons soumis des demandes de financement, dans les délais, l’été dernier, mais nous attendons toujours une décision.»

S’exprimant en sa qualité de Président d’EUROFER, il a ajouté que, dans toute l’Europe, plus de 60 projets à l’échelle industrielle sont sur le point d’être lancés par des sidérurgistes – réduisant potentiellement les émissions de CO2 de l’industrie sidérurgique européenne de 81,5 millions de tonnes d’ici 2030 : «Cela correspond aux émissions annuelles de CO2 par habitant d’environ 13 millions d’Européens – soit plus que les populations de la Belgique et du Luxembourg réunies. Aucune autre industrie à forte intensité énergétique n’a affiché une telle ambition.»

 

Le vote décidera de l’avenir de l’acier en Europe

Avant les votes sur les révisions de l’ETS (système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre) au sein de la commission de l’environnement du Parlement européen la semaine prochaine, et un vote en plénière début juin, M. Van Poelvoorde a déclaré : «La situation est très grave, et urgente.»

Avec la révision de l’ETS qui est sur la table aujourd’hui, même après que l’ensemble du secteur sidérurgique européen ait réduit ses émissions de CO2 de 30 % et investi 31 milliards d’euros en investissements et 55 milliards d’euros en dépenses d’exploitation, le secteur sidérurgique européen paiera 8,4 milliards d’euros par an en coûts de CO2 en 2030 – à un moment où nous investirons encore massivement dans la phase de transition de la production d’acier en haut fourneau à la production d’acier DRI-EAF1.

En ce qui concerne l’ETS, il a également parlé du mécanisme proposé d’ajustement aux frontières pour le carbone : «Nous saluons cette idée, et nous avons en effet besoin de l’assurance que les importations seront soumises au même coût du CO2 que les producteurs européens. Cependant, tel qu’il est proposé actuellement, l’ajustement aux frontières pour le carbone ne permettra pas d’atteindre cet objectif. Au contraire, il créera une situation où l’acier européen ne sera pas compétitif sur le marché mondial. En l’absence de règles du jeu équitables, nous n’aurons tout simplement pas de marché pour notre acier à coût élevé et à faibles émissions».

 

L’industrie a besoin d’une période de transition

S’adressant aux critiques de l’industrie sidérurgique qui affirment que les réformes proposées de l’ETS sont nécessaires pour accélérer la décarbonation, il a expliqué que l’industrie a besoin d’une phase de transition pour avoir le temps de transformer les sites sidérurgiques : «Remplacer les hauts fourneaux par des usines DRI-EAF prend des années – après la phase d’ingénierie, il nous faut deux ans pour la phase de construction, suivie d’une période de tests et de mise en service. Pour chacun de nos projets DRI-EAF, nous allons transformer un site industriel existant en investissant dans des friches industrielles. Nous avons donc besoin d’une phase de transition. Cela nous permettra de continuer à produire par la voie du haut fourneau – en fabriquant de l’acier en Europe et en générant des fonds que nous pourrons réinvestir dans la construction des nouvelles usines dont nous avons besoin pour une production d’acier neutre en carbone.»

 

Un besoin crucial d’énergie renouvelable à grande échelle

L’accès à des énergies renouvelables abordables à grande échelle est l’un des piliers cruciaux de la production d’acier neutre en carbone – et M. Van Poelvoorde a expliqué pourquoi : «D’ici 2030, l’industrie sidérurgique européenne aura besoin de 150 TWh d’électricité renouvelable provenant du réseau, dont la moitié sera nécessaire pour la production d’hydrogène. Cela représente le double de la consommation totale d’électricité de la Belgique en 2020. L’Europe doit accélérer la création d’un environnement réglementaire pour l’hydrogène vert (stockage, transport), soutenir la construction d’infrastructures et accélérer l’octroi de permis.»

 

L’importance d’une chaîne d’approvisionnement sécurisée

Il a également rappelé l’importance d’une chaîne d’approvisionnement sécurisée. Le mois dernier, Ursula Von Der Leyen a déclaré : «Chaque euro que nous investissons dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique est un acompte sur notre future indépendance énergétique » – et on pourrait en dire autant de l’industrie sidérurgique européenne. Chaque euro investi dans une production d’acier neutre en carbone en Europe est un acompte sur une chaîne d’approvisionnement saine pour la prospérité à long terme de l’Europe. L’acier est stratégique, il fait partie de la chaîne de valeur critique – il ne fait aucun doute que ces chaînes de valeur seront considérablement affaiblies si la production d’acier se déplace hors d’Europe.»

 

Communiqué par ArcelorMittal

Photo: ©ArcelorMittal

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