Des petits ruisseaux naissent les grandes rivières

Le SICONA, Syndicat intercommunal pour la conservation de la nature, est né de l’union du SICONA Sud-Ouest, créé en 1990, et du SICONA Centre, créé en 2000, respectivement dirigés par Fernand Klopp et Yves Schaack. Protéger et conserver la nature est sa raison d’être.

 

Structure et organisation

«Lorsque le SICONA Sud-Ouest est né, il comptait trois collaborateurs: deux ouvriers et un gestionnaire. Aujourd’hui, nos deux syndicats emploient 60 personnes. Chaque fois que nous pensons arriver à une phase de stabilisation de nos effectifs, nous lançons de nouveaux projets et engageons de nouveaux collaborateurs. En réalité, cette phase de stabilisation, nous ne l’avons jamais vraiment atteinte. Nous ne cessons de grandir», explique Fernand Klopp.

Les effectifs du SICONA rassemblent 25 ouvriers, 4 secrétaires, 6 guides pédagogiques, 8 techniciens et des universitaires de tous bords: biologistes, ingénieurs agronomes, ornithologistes, etc. Ils sont répartis à travers quatre services. Un premier service technique, un service de planification qui négocie avec les propriétaires privés, établit des conventions ou les démarches juridiques nécessaires, un service scientifique qui étudie la faisabilité des projets et en vérifie l’exécution et un service pédagogique qui sensibilise et informe, au-delà des 700 activités qu’il organise chaque année.

Le SICONA compte 40 communes membres. Historiquement, 21 sont affiliées au SICONA Sud-Ouest et 19 au SICONA Centre. Géographiquement, le premier s’étend de Koerich à Dudelange et le second de Steinfort à Feulen. Yves Schaack détaille: «Les deux syndicats ont la même vocation. Notre union est régie par un contrat de coopération, nous disposons d’un organigramme commun, notre centre de biodiversité est à Olm et nos ateliers à Kehlen. Nous travaillons tous ensemble dans la même optique. En collaboration avec nos communes membres, nous élaborons des projets de protection de la nature, nous les conseillons sur le sujet et informons le grand public».

 

Mission et activités

Fernand Klopp poursuit: «Au début, notre mission principale était de tailler les haies. La loi de 1982 sur la protection de la nature interdisait de les faire disparaître. Ainsi, dix communes se sont rassemblées et ont proposé aux agriculteurs de tailler gratuitement leurs haies entre octobre et février. Pour occuper nos ressources le reste de l’année, nous avons ajouté d’autres cordes à notre arc».

Quelque 300 km de haies ont été taillés en hiver, ce qui représente la recette la plus conséquente du SICONA. Cette mission reste au cœur de ses activités, qui ne s’arrêtent cependant pas là. Le syndicat s’emploie à restaurer 500 nouvelles mares, 120 ha de prairies fleuries et a planté 16.000 arbres fruitiers. Le Grand-Duché dispose de 52.000 ha de prairies, dont 6.000 seulement sont en bon état. Comparer le nombre d’arbres fruitiers à travers le temps est éloquent; en 1902, on comptait 1.100.000 arbres fruitiers à hautes tiges sur l’ensemble du territoire, alors qu’en 1992, on n’en comptait plus que 110.000[1].  D’ailleurs, dans son Plan national pour la protection de la nature, le ministère de l’Environnement s’est fixé pour objectif de réhabiliter 15% des écosystèmes dégradés.

«Restaurer les prairies fleuries, les mares, et plus largement les zones, habitats et espèces en milieu ouvert est une priorité nationale et communautaire. Leur nombre est actuellement en chute libre, il nous faut agir pour les protéger. L’exemple des zones humides est révélateur; des images aériennes prises en 1962 et en 1992 montrent qu’elles ont disparu à 80%, principalement en raison des drainages des terres agricoles. Les prairies fleuries et vergers disparaissent par négligence tandis que les mares sont très peu détruites. Elles progressent donc plus vite vers l’objectif et les espèces menacées reviennent s’y réfugier rapidement. En définitive, nous touchons à des projets de longue haleine et la nature participe à nous offrir les résultats encourageants pour lesquels nous œuvrons chaque jour», conclut Yves Schaack.

 

[1] ASTA et natur&ëmwelt

 

 

Par Claire Sibella

Lire sur le même sujet: