Aux origines de la gestion locative sociale

La Fondation pour l’Accès au Logement (FAL) est le gestionnaire de l’Agence Immobilière Sociale (AIS) qui œuvre à l’inclusion sociale par le logement. Créée en 2009, l’AIS est le fruit d’une idée qui a mûri durant presque une décennie. Gilles Hempel, directeur de la FAL, revient sur l’histoire de l’agence et son rôle pionnier en matière de gestion locative sociale.

 

Quelles sont les origines de l’AIS?

Les origines remontent à peu près au tournant du millénaire. La situation du logement n’était pas aussi grave qu’aujourd’hui mais la pénurie s’approchait à grands pas. D’ailleurs, les logements sociaux n’existaient pas ou très peu au Luxembourg contrairement à son voisin français par exemple. Pourtant, déjà à l’époque, il était très difficile pour les personnes à revenus plus modestes de se loger sur le marché immobilier luxembourgeois. De plus, les travailleurs sociaux constataient que leurs efforts vis-à-vis des plus vulnérables étaient vains. En effet, il est difficile de sortir d’une détresse psychologique, d’une dépendance à la drogue, de trouver un travail ou une formation lorsque l’on n’a pas de domicile adapté.

C’est ainsi qu’à partir de 2000, plusieurs travailleurs sociaux ont organisé des groupes de travail et des plateformes afin de discuter d’une agence immobilière sociale au Luxembourg, à l’image du modèle qui existait en Belgique. Grâce à ce système, les travailleurs sociaux peuvent se concentrer sur leurs activités et leur cœur de métier, tandis que l’agence s’occupe du volet logement. Ce dernier est primordial mais n’est pas une fin en soi, c’est un moyen pour favoriser l’inclusion sociale

 

Cependant, l’AIS a été créée presque dix années plus tard, en 2009. Pourquoi?

L’idée de l’AIS a d’abord été reprise dans le Plan d’Action National pour l’Inclusion Sociale (PANincl.) en 2003, puis est devenue une priorité politique dans la mouture 2006-2008 du PANincl., et maintenue pour la suivante (2008-2010) avant de voir le jour en 2009. Durant toutes ces années, la Wunnengshëllef et EAPN Lëtzebuerg, la branche luxembourgeoise du European Anti Poverty Network, ont promu l’AIS et revendiqué la création d’une telle agence, cela parallèlement à une aggravation de la problématique du logement au Luxembourg.

Au cours du deuxième semestre 2008, le ministère de la Famille et le ministère du Logement ont proposé à la Wunnengshëllef et EAPN Lëtzebuerg de créer ensemble une fondation susceptible de gérer l’AIS, qui dès la création de l’entité juridique pourrait recevoir un financement sur base d’une convention avec l’État. La Fondation pour l’Accès au Logement (FAL) a été fondée le 3 février 2009 et, le 28 septembre, l’AIS a finalement ouvert ses portes.

 

L’AIS peut-elle donc être considérée comme pionnière de la gestion locative sociale au Luxembourg?

Nous sommes le pionnier mais également l’acteur majeur de la gestion locative sociale (GLS) au Grand-Duché. Nous sommes fiers du chemin parcouru. En tant que Fondation, l’idée n’était pas d’avoir un maximum de marché, mais de promouvoir une idée et de la développer.

Fort du succès de l’AIS, l’État a généralisé le principe de gestion locative sociale pour mobiliser les logements inoccupés et les mettre à disposition des ménages temporairement en difficulté financière. Environ 1.000 logements sont ainsi concernés par le marché de la GLS, dont environ 40% sont aujourd’hui gérés par l’AIS. De plus, nous assurons la gestion de 200 logements étatiques, qui ne tombent pas sous le champ d’application de la GLS.

Au fil des années, l’AIS a été rejointe progressivement par une trentaine d’autres acteurs aujourd’hui tous conventionnés par le ministère du Logement. Certaines communes s’occupent de ce volet elles-mêmes, mais la moitié d’entre-elles travaillent avec l’AIS, cela dépend de la politique communale.

 

Comment voyez-vous l’avenir de la gestion locative sociale au Luxembourg?

La gestion locative sociale est aujourd’hui vue comme un tremplin pour retourner sur le premier marché immobilier. Ce système fonctionne très bien. Nous restons malgré tout confrontés à des problèmes d’ordre conjoncturel car les prix de l’immobilier s’envolent. En effet, nous travaillons avec des personnes vulnérables qui n’auront pas forcément les moyens financiers pour atteindre le premier marché immobilier. C’est pourquoi il faut amener de nouvelles solutions comme nous le faisons avec Abitatio qui est notre département dédié à la promotion immobilière sociale.

Selon moi, l’État devrait se pencher sur la construction de logements sociaux locatifs pour faire face à cette problématique. La gestion locative sociale n’est, et restera, qu’une solution transitoire pour accompagner les ménages à revenus plus modestes et pour faciliter l’inclusion sociale.

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