Agir pour un développement durable

Les habitants du Luxembourg produisent quelques 185.000 tonnes de déchets résiduels par an. Trois syndicats intercommunaux – le SIDEC, le SIGRE et le SIDOR – ont pour mission de traiter cette véritable montagne de déchets. Focus sur le SIDOR qui représente 34 communes du sud et du centre du pays, soit 400.000 habitants. Interview de Patrick Goldschmidt, président du syndicat intercommunal SIDOR et échevin de la Ville de Luxembourg pour la mobilité, l’hygiène et l’environnement.

  

Quelles sont les missions du SIDOR?

Créé en 1971, le SIDOR œuvre au traitement des déchets résiduels, c’est-à-dire tout ce qui reste après recyclage et compostage. La première centrale d’incinération du pays a été mise en service en 1976. Elle était alors dotée de trois fours, chacun d’une capacité de huit tonnes par heure. Nous l’avons remplacée par une toute nouvelle usine de traitement des déchets mise en service en 2010. 50 collaborateurs d’Energy for Waste Leudelange (EEWL) sont actuellement nécessaires au bon fonctionnement de l’usine.

 

Parlez-nous de cette usine à Leudelange.…

Son four de 850°C affiche une capacité de 20 tonnes par heure et fonctionne 24h/24. La chaleur dégagée de l’incinération est acheminée vers une chaudière qui produit de la vapeur. Cette vapeur alimente ensuite une turbine qui produit 100.000 MWh/an, soit l’approvisionnement de 30.000 ménages en électricité.

 

Le Luxembourg compte 12.000 nouveaux arrivants chaque année; la production de déchets augmente-t-elle de manière proportionnelle?

Si la quantité globale de déchets augmente, nous constatons néanmoins une stagnation des déchets résiduels. Les habitants sont plus sensibles à leurs impacts environnementaux en général et au tri sélectif en particulier. On peut y voir l’efficacité des acteurs du recyclage et de l’offre des communes en la matière.

À Leudelange, nous gérons annuellement, 164.000 tonnes de déchets résiduels et la capacité théorique maximale de l’usine est de 175.000 tonnes. C’est pourquoi nous investissons beaucoup dans la communication pour la diminution des déchets.

Tous les trois ans, l’Etat réalise une étude relative à la composition des déchets résiduels. Nous savons donc par exemple que 26% des déchets résiduels que nous traitons sont biogènes (alimentaires), et c’est là un énorme potentiel. En réduisant cette part, l’usine pourra faire face à l’augmentation des déchets résiduels pour l’avenir.

 

Justement, quelle est l’ambition de votre campagne «mission zéro»?

Lancée en février auprès du grand public, elle devrait se prolonger jusqu’au mois de juillet. Son objectif est de sensibiliser les citoyens en amont de leurs achats. Nous réalisons une tournée des grandes surfaces du pays afin d’encourager les particuliers à repenser leur comportement et à diminuer au maximum leurs déchets.

Le «prêt-à-consommer» et le «prêt-à-jeter» multiplient les emballages et génèrent un surplus non négligeable au quotidien. D’autres facteurs, comme la durée de vie de plus en plus réduite des objets produits en masse et leur remplacement rapide, favorisent la prolifération de nos déchets. Le consommateur responsable opte pour le «prêt-à-trier», il collecte et trie ce dont il n’a plus besoin et adhère à un nouveau style de vie plus responsable.

Il fait par exemple l’économie des sacs en plastique, de couverts jetables, de gobelets à usage unique et sait que son choix de consommation influence les productions industrielles. Il existe encore trop peu de magasins sans emballages mais toujours plus de personnes qui apportent leurs propres sacs ou filets à commissions. C’est là un signe encourageant!

L’élimination des déchets est l’activité principale du SIDOR mais il lui incombe aussi une mission sociétale majeure: celle d’inciter à la réduction des déchets et de responsabiliser les consciences.

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