L’innovation digitale luxembourgeoise

Le Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie Étienne Schneider revient pour LG sur la transformation digitale du pays et ses atouts, les investissements réalisés, les résultats de la politique spatiale mais aussi sur la place de l’Europe et du Luxembourg dans le monde numérique.

 

Les investissements privés et publics dans la recherche et le développement au Luxembourg sont-ils à la hauteur des ambitions nationales du digital?

Dans la nouvelle édition du tableau de bord européen qui mesure les progrès réalisés dans le processus de digitalisation de l’économie européenne, publié par la Commission, le Luxembourg figure parmi les leaders européens en matière de transformation digitale. C’est la preuve que le Grand-Duché se donne les moyens de réussir la transition digitale de son économie et que nos efforts portent leurs fruits.

En plus de son université et de plusieurs centres de recherche publics, le Luxembourg héberge les centres de recherche privés des groupes industriels internationaux de renom tels que ceux de Goodyear, d’Husky, d’IEE ou encore de Delphi. Sur 1.000 personnes travaillant au Luxembourg, on dénombre 7,12 chercheurs et ce chiffre se situe dans la moyenne européenne.

Le Luxembourg consacre environ 1,3% de son PIB à la recherche. L’objectif du gouvernement est de continuer à accroître ces dépenses publiques en matière de R&D et de les porter à 2,6% du PIB d’ici 2020. Actuellement, un peu plus de la moitié des dépenses en recherche émanent du secteur privé.

La recherche et l’innovation sont des éléments clés de la stratégie de développement et de diversification économiques du pays mise en place par le ministère de l’Économie. Notre stratégie de développement durable mise sur l’économie du savoir en attirant au Luxembourg des activités hautement technologiques.

 

Quels sont les atouts qui rendent le Luxembourg attrayant pour les acteurs du digital?

Nos infrastructures de pointe en matière de technologies digitales relèvent d’une véritable politique sectorielle de développement et permettent à l’économie digitale de prospérer sans cesse. Il y a d’abord eu les data centres, puis l’installation de la fibre pour faire du Luxembourg l’un des pays les mieux connectés au monde. Le Luxembourg s’est également doté de connexions dorsales redondantes vers de nombreuses capitales européennes dont Paris, Francfort, Bruxelles et Londres. Notre projet de supercalculateur HPC– high performance computing  – complétera cet écosystème.

Le secteur spatial au Luxembourg compte une quarantaine d’entreprises et emploie près de 1.000 personnes

Nous avons ainsi créé un écosystème particulièrement favorable aux acteurs digitaux et au activités qui ont comme point de départ l’analyse de données, ce qui nous permet d’attirer au Luxembourg de grands acteurs internationaux du secteur ICT.

Face à l’envergure et à la complexité de la digitalisation, les plus petites entreprises ne disposent malheureusement pas toujours des connaissances spécialisées nécessaires pour appréhender les opportunités découlant de la transition digitale. Afin d’y remédier, le ministère de l’Économie propose, en collaboration avec Luxinnovation, le programme «Fit 4 Digital» qui offre un appui de conseil et financier aux petites et moyennes entreprises qui souhaitent utiliser davantage ou plus efficacement les solutions numériques.

Nous avons également mis en place le programme «Fit for Start», conjointement avec Luxinnovation. Ce programme est destiné spécifiquement à améliorer les conditions de démarrage au Grand-Duché pour les jeunes entreprises innovantes issues du secteur des technologies de l’information et de la communication. Les entreprises sélectionnées pour participer au programme bénéficient d’une aide de 50.000 euros, sont hébergées dans l’espace de travail collaboratif d’un incubateur et ont à leur disposition un coaching adapté à leurs besoins. Lors de l’édition de printemps 2018 du concours d’admission semestriel, 29 startup, présélectionnées sur un total de 163 candidatures, ont présenté leurs projets devant un jury composé d’entrepreneurs expérimentés et les dix meilleures entreprises innovantes ont été sélectionnées pour participer au programme.

 

Quels sont les évolutions récentes et les résultats de la récente politique spatiale du gouvernement?

Le secteur spatial au Luxembourg compte une quarantaine d’entreprises et emploie près de 1.000 personnes. La société la plus connue du secteur est sans doute l’entreprise de satellites géostationnaires SES, véritable pionnière, qui a démarré ses activités au Luxembourg en 1985. SES est aujourd’hui le premier opérateur commercial européen de satellites. Le secteur spatial dans sa totalité contribue aujourd’hui à hauteur de près de 2% au PIB du Grand-Duché, ce qui est déjà remarquable comparé aux autres pays européens.

En 2016, une nouvelle étape du développement des activités spatiales a été lancée par le ministère de l’Économie, avec l’initiative SpaceResources.lu. Celle-ci a pour objectif de soutenir l’exploration et l’utilisation des ressources spatiales, notamment celles issues des astéroïdes relativement proches de la Terre. Dans le cadre de cette stratégie nous avons mis en place un cadre législatif relatif à l’exploration et à l’utilisation des ressources spatiales, mais également des programmes de R&D dédiés. Depuis le début de cette initiative, près de 200 entreprises et centres de recherche nous ont contactés pour s’implanter au Luxembourg ou collaborer avec nous. La prochaine étape consiste désormais à doter le Grand-Duché d’une agence de développement spatial dédiée plus précisément aux activités commerciales dans l’espace et à mettre en place par la suite un fonds d’investissement sur base d’un partenariat public-privé.

 

Les Etats-Unis inventeraient une technologie que l’Asie copie et que l’Europe réglemente; quelle est la place de l’Europe et du Luxembourg dans le monde technologique?

En raison des géants du numérique comme Apple et Google qui règnent en maître sur la Silicon Valley, d’aucuns considèrent que le centre de gravité de l’écosystème numérique mondial se situe exclusivement Outre-Atlantique. Or tel n’est pas le cas. L‘Union européenne, et certains États membres jouent aussi leur carte dans la course au numérique et à l’innovation. Prenons l’exemple du Luxembourg. Grâce à l’initiative SpaceResources.lu, le Grand-Duché a adopté une fois de plus un rôle précurseur en Europe. Le Luxembourg offre l’environnement économique, l’encadrement légal et les compétences en recherche et innovation nécessaires pour faire avancer les technologies spatiales et pour développer davantage ce secteur économique. Au niveau international, nous recherchons des collaborations, aussi bien avec les acteurs européens, tel que l’ESA par exemple, qu’avec d’autres pays européens et du monde entier qui sont conscients du potentiel du secteur, tels que le Japon ou les Émirats arabes unis.

De nombreux projets sur lesquels le Grand-Duché a pris les devants au sein de l’Union européenne tendent à prouver que nous sommes souvent précurseurs lorsqu’il s’agit de miser sur des technologies innovantes. Ensemble avec la France et l’Allemagne nous avons mis en place le premier site expérimental commun pour la conduite automatisée et connectée, une technologie d’avenir marquant l’intersection entre la mobilité et la digitalisation.

Grâce à l’initiative SpaceResources.lu, le Grand-Duché a adopté une fois de plus un rôle précurseur en Europe.

Je voudrais également souligner que le projet de «high performance computing – HPC» européen est né d’une initiative prise par le Luxembourg. L’Union européenne souhaite mettre en place d’ici 2023 un réseau européen de HPC et le Luxembourg sera équipé de son propre superordinateur d’ici 2019. Établi au Luxembourg, le siège de la structure, qui supervisera la mise en commun des ressources pour développer et mettre en place un réseau européen de superordinateurs, gérera environ 1 milliard d’euros de fonds publics qui seront investis dans l’initiative.

Le projet de HPC va repositionner l’Europe dans le TOP 10 des puissances de calcul numérique. Un supercalculateur est aujourd’hui un outil indispensable à l’innovation puisqu’il permet d’effectuer des modélisations et des simulations impliquant de très nombreuses variables. Il y a un réel enjeu à pouvoir traiter rapidement et efficacement de grandes quantités de données issues de sources différentes, pour établir des prévisions ou développer de nouveaux services. Le choix du Luxembourg, comme siège de la structure européenne place le Grand-Duché au cœur du développement de l’économie digitale en Europe et renforcera en même temps les infrastructures nationales nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie de troisième révolution industrielle.

 

Communiqué par le ministère de l’Economie

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