Accompagner les mutations du monde du travail

Chambre des Salariés

Assumant sa mission d’information à l’intention des salariés et du monde du travail, la Chambre des salariés (CSL) a créé la newsletter «Better Work» afin de communiquer sur des sujets touchant à la sécurité, à la santé et au bien-être au travail. Son président, Jean-Claude Reding, revient avec nous sur les dernières éditions de la newsletter ainsi que sur le «Quality of work Index Luxembourg» examinant le ressenti des salariés luxembourgeois par rapport à leur travail.
 
Parlez-nous de votre newsletter «Better Work»…
La série «BetterWork» informe les salariés et leurs représentants syndicaux, mais aussi toute autre personne intéressée, sur des sujets d’actualité en matière de sécurité, de santé et de bien-être au travail.
Récemment, nous avons fait un numéro sur le risque d’épuisement en lien avec l’autonomie au travail ainsi que trois éditions sur le thème de la numérisation du travail et son impact sur les conditions de travail.
Nous avons constaté une hausse du risque d’épuisement professionnel depuis 2014, et parallèlement une diminution des facettes de l’autonomie au travail. Le manque d’autonomie se traduit notamment par de faibles marges de manœuvre dans la manière de faire son travail, mais aussi des contraintes de rythme de travail auxquelles le travailleur ne peut se soustraire.
La numérisation concerne de loin ou de près 89% des travailleurs, dont 55% de réponses «dans une forte mesure» et «dans une très forte mesure». Les métiers dont le travail est principalement de nature intellectuelle sont nettement plus concernés par la digitalisation que les métiers principalement manuels.

Comment est perçu l’avènement de la numérisation par les travailleurs?
D’ores et déjà, les directeurs, cadres de direction et gérants, les professions intellectuelles et scientifiques, les professions intermédiaires et les employés de type administratif constatent que la numérisation influence fortement leur travail. Ce point de vue est plus modéré parmi les salariés des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs, les artisans, ainsi que les conducteurs d’installations et de machines et les ouvriers de l’assemblage.
La peur de perdre son emploi du fait de la numérisation et du progrès technologique, un sujet souvent au cœur des débats, est dans l’ensemble assez peu répandue, mais cette peur semble toutefois affecter un peu plus les conducteurs d’installations et de machines, les ouvriers de l’assemblage et les employés de type administratif.
Si la numérisation concerne dans la même mesure les travailleurs plus jeunes et moins jeunes, seulement la catégorie d’âge des plus jeunes, en dessous de 35 ans, voit sa performance au travail nettement améliorée grâce aux technologies numériques.
Les connaissances numériques, les compétences permettant de traiter, analyser et interpréter des données sont de plus en plus importantes, mais aussi les activités créatives/intellectuelles et sociales/interactives gagnent en importance. Un développement adapté des compétences de la population est donc indispensable pour éviter l’accroissement d’inégalités économiques et sociales qui pourrait résulter du recours privilégié à des employés disposant d’un profil précis de qualifications et de compétences.

Quels sont les profils les plus impactés par la digitalisation?
Les salariés ayant un haut niveau d’études sont plus nombreux à déclarer que leur liberté de décision a augmenté, leur travail est moins contraignant physiquement, et leur performance au travail a augmenté. En revanche, leurs tâches sont plus nombreuses et ils doivent constamment développer leurs capacités. Les professions élémentaires apparaissent comme moins concernées par les avantages, mais aussi par les inconvénients de la numérisation.

De quelle manière la digitalisation influence-t-elle la manière de travailler?
En ce qui concerne les dimensions positives de la qualité du travail, les travailleurs fortement concernés par la digitalisation estiment être plus impliqués dans les prises de décision de l’entreprise et avoir plus de liberté de décision dans leur travail. De plus, ils constatent une moins grande charge physique et un risque d’accident moins élevé.
En revanche, ils doivent faire face à plus d’interruptions dans leur travail, constatent une charge mentale plus élevée, effectuent plus souvent leur travail dans l’urgence que les travailleurs qui connaissent un faible degré de digitalisation dans leur travail.
Un nouveau facteur de stress dû aux nouvelles technologies de la communication est la porosité des frontières entre la vie au travail et la vie en dehors du travail.

Qu’est-ce que le «Quality of work Index Luxembourg»?
Le «Quality of work Index» permet de mesurer à intervalles réguliers (chaque année) le vécu du travail auprès d’un échantillon représentatif de salariés au Luxembourg. Les aspects abordés sont, entre autres, les exigences et les charges liées à l’activité, les horaires de travail, la collaboration entre collègues, les marges de manœuvre au travail, les possibilités de formation continue et de promotion, la participation aux décisions d’entreprise, etc.
Les résultats de l’enquête sont rassemblés chaque année dans un index destiné à fournir une indication sur la façon dont les personnes interrogées évaluent d’une manière générale la qualité du travail au Luxembourg.
Le but de ce projet est de mieux comprendre la réalité du monde du travail en mutation et de s’engager en faveur d’un meilleur travail.

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