La réussite à la clé

Mara Esteves Machado

Dans ces dernières pages de magazine, le lecteur est habitué à lire des portraits de personnalités qui ont une longue expérience dans leur domaine. Ce mois-ci, LG a souhaité remonter le temps et mettre le focus sur le dynamisme caractéristique de la jeunesse. Interview de Mara Esteves Machado, jeune femme de 32 ans, chargée de relation à la BIL et qui ne manque pas d’ambition…

Itinéraire d’une intégration
Son histoire prend lieu dans les paysages du Nord portugais où les levers de soleils accouchent de lumières or qui s’entremêlent aux montagnes de terres. Couchée sur les bords du fleuve Tâmega, la ville de Chaves (qui signifie clé en portugais) connait une importante émigration qui s’intensifie dans les années 70. Les habitants s’arrachent à leurs campagnes natales pour s’en aller vers des promesses d’eldorados. En quête de main-d’œuvre qualifiée et bon marché, les Etats-Unis, la Suisse, l’Allemagne mais aussi et surtout la France (qui compte aujourd’hui deux millions d’habitants d’origine portugaise) accueille cette diaspora avec enthousiasme. Si les liens culturels avec l’hexagone remontent jusqu’à Fernando Pessoa et Voltaire, ceux de l’immigration prennent source à la fuite de l’autoritarisme salazariste des années 50. Au pays de l’intranquillité1, les nouvelles de ceux qui sont partis donnent le courage de vaincre la peur de tout laisser.
La famille Esteves pose ses valises à Paris quelques années durant; le temps pour la petite Mara et son grand frère d’apprendre la langue de Molière à l’école de la République et au père de la maîtriser sur les chantiers. Le Luxembourg est alors dans ses 20 splendides (1985-2007) et l’âge d’or de son secteur financier fait croître dans son sillage, celui de la construction. Professora, Maîtresse puis Joffer, à six ans seulement, la petite Mara est une nouvelle fois replongée dans le bain froid d’une culture qu’elle ne connait pas et sa nouvelle institutrice lui traduit un an durant, toutes les explications du luxembourgeois au français. La salle de classe est à l’image du pays, multiculturelle et – le quartier de la gare oblige – les étrangers y sont mêmes plus nombreux que les autochtones. Pourtant, si les cours de récrés peuvent être des lieux où la moindre différence, aussi insignifiante qu’une couleur de cheveux, un surpoids, des lunettes ou des taches de rousseurs est exploitée pour asséner les cruautés innocentes de l’enfance, les gamins restent néanmoins indifférents aux nationalités et aux origines. Ce qui compte c’est d’avoir le coéquipier qui nous fera gagner le match de football et d’être copine avec la plus habile à la corde à sauter.
La mère, femme de ménage le jour, oublie la fatigue accumulée à la nuit tombée et conte à ses enfants, des histoires piochées dans la bibliothèque familiale. De ce rituel du soir, la jeune femme garde encore aujourd’hui en mémoire la tendresse d’un baiser maternel déposé sur sa joue avant qu’elle ne s’endorme et le goût des livres inscrit au cœur. L’amour de la littérature commence souvent par ce regard parental ranimant les voix séchées sur papier. La fillette pioche de temps à autre dans le réservoir à évasions du foyer et à ses douze ans seulement, elle engloutit sans indigestion Le Rouge et le Noir de Stendhal et Les Misérables de Victor Hugo. Deux chefs-d’œuvre de la littérature française certes, mais habituellement au regard du lecteur aguerri.
Adolescente, elle étudie le commerce au Lycée Michel Lucius où elle se voit déjà femme d’affaires. Diplômée de l’Ecole de Commerce et de Gestion, elle s’envole pour Lisbonne où elle passe une licence en sciences politiques et en relations internationales et un master en communication. Son rêve de petite fille qui passait ses vacances d’été au Portugal en se disant qu’un jour, elle reviendrait y étudier se réalise enfin. La Portugaise au Luxembourg devient Luxembourgeoise au Portugal, elle en profite pour apprendre l’histoire de ses origines et goûte la vie lisboète.

Le temps du travail
De retour au pays – diplômes en poche et souvenirs estudiantins en tête – la jeune femme se lance sur le marché du travail et décroche sa première expérience dans une société de distribution et de commerce en ligne. Elle intègre ensuite en 2015 le centre de contacts de la BIL. Aujourd’hui, “Relationship Manager”, elle s’occupe de la gestion courante, des placements, des épargnes et des prêts des employés de la banque.
Si les employés sont des clients comme les autres, ils sont aussi des collègues que l’on croise régulièrement dans les couloirs, à la cantine ou autour d’un verre après le travail. «Une force», dans son métier de conseil dit-elle, et d’ajouter qu’«au sein de la même maison, il y a une proximité qui facilite les prises de rendez-vous et nous parlons aussi le même langage». Le sentiment de participer à la concrétisation des objectifs personnels des clients est certainement la récompense la plus gratifiante de son travail.
Elle s’identifie beaucoup à la BIL qui avec 162 printemps reste une banque moderne où le dynamisme de la jeunesse a toute sa place. Une culture jeune et sans âgisme, à l’image de son équipe où Mara profite de l’expérience des séniors au quotidien.
La jeune femme de 32 ans assume l’ambition d’aller «le plus loin possible» dans sa carrière, et ce, avec la certitude que sa hiérarchie l’épaule non pour répondre à des quotas de diversité mais bien pour ses qualités propres. Une employée épanouie, qui si la motivation reste intacte pourrait bien faire la une de couverture d’un LG à venir…

Julien Brun

1Référence au Livre de l’Intranquillité du poète Fernando Pessoa.