Les Terres Rouges devenues orange

Le 14 novembre dernier, la commune d’Esch-sur-Alzette a accueilli son nouveau bourgmestre, Georges Mischo. Cette victoire du CSV dans un bastion historiquement socialiste promet de grands changements à bien des niveaux. Georges Mischo a accepté de commenter une partie de son programme et d’ainsi nous communiquer sa vision à moyen terme pour la deuxième ville du pays. Rencontre.
 
Parcours
Professeur d’éducation physique jusqu’il y a peu, Georges Mischo a été plongé dans le monde politique dès son plus jeune âge par le biais de l’engagement de son père. Développant un intérêt certain pour la politique communale et nationale, ce n’est qu’à la deuxième invitation du CSV en 2011 qu’il prend la décision de se présenter sur les listes de son parti aux élections communales, sous l’impulsion de François Biltgen et de François Maroldt. «Cet engagement je l’ai pris très au sérieux, quand je m’investis c’est à 100%», explique le bourgmestre.
 
Esch change de couleur
Pour la première fois, la commune d’Esch-sur-Alzette a, à sa tête, un bourgmestre CSV en la personne de Georges Mischo. C’est également une première défaite pour le LSAP qui ne fait pas partie de la coalition au pouvoir. «Je ne m’attendais pas à cette victoire, j’espérais que le CSV progresserait et même qu’il fasse partie de la coalition, mais je n’avais pas pensé devenir le prochain bourgmestre», nous confie-t-il.
Selon lui, les résultats des élections communales peuvent notamment s’expliquer par le besoin de changement ressenti dans la commune. Face à un LSAP vieillissant, la liste du CSV proposait une équipe jeune et dynamique ainsi qu’un programme innovant: «Je pense que ce qui a plu à notre électorat est le renouveau que nous symbolisons», explique Georges Mischo.
Mais il n’entend pas s’arrêter sur cette victoire; ainsi il se présentera également aux législatives pour le CSV. Il tient toutefois à préciser: «Même si les sondages sont plutôt en notre faveur, ils n’ont jamais été suffisants pour remporter des élections, nous ne nous reposons donc pas sur nos lauriers ou sur nos avancées aux élections communales».
 
Une vision sur le long terme
En 2017, Esch-sur-Alzette enregistrait un taux de chômage de 13,2%, la positionnant ainsi comme la moins bonne élève du Sud. Georges Mischo compte régler ce problème à la source: l’offre de formations. La métropole du fer compte environ 3.400 élèves et ses écoles peinent à tous les accueillir dans des conditions optimales. «Beaucoup de bâtiments doivent être rénovés et l’offre d’établissements scolaires et de maisons relais renforcée dans les quartiers Wobrécken et Kleppen afin de désengorger les autres écoles de la commune», constate-t-il.
Cette évolution initiée dans les écoles est la première étape d’une redynamisation du marché de l’emploi dans la commune. En proposant une offre de formation plus grande, notamment en valorisant les métiers de l’artisanat, le bourgmestre entend élargir les possibilités d’emplois et créer des partenariats avec des entreprises locales afin de favoriser les stages en entreprise ou les contrats d’apprentissage. «Nous voulons créer des tremplins pour l’emploi», ajoute-t-il.
Ces changements se répercuteraient à tous les niveaux: si la commune propose davantage d’établissements scolaires et crée de l’emploi, elle devra également renforcer l’offre résidentielle et les Eschois pourront travailler à proximité de leur domicile et désengorgeront les routes. De plus, les commerces pourront à nouveau fleurir dans des quartiers dynamiques et hautement fréquentés.
 
La mobilité, un problème de taille
Esch-sur-Alzette souffre de grands problèmes de circulation. Les Eschois se retrouvent régulièrement coincés dans d’interminables embouteillages sur le boulevard J.F. Kennedy, à proximité de la gare. «Nous voulons réaliser au plus vite un boulevard entre Micheville et Esch-sur-Alzette afin de faciliter l’accès des frontaliers français à la ville», explique Georges Mischo. Mais au-delà de la mobilité, le stationnement pose également question. «Avant la création de nouveaux emplacements, nous devons promouvoir certains parkings existants souvent méconnus du grand public. Par exemple, le parking du Brill propose un tarif avantageux et pourtant il n’est pas utilisé au maximum de son potentiel», poursuit-il.
Pour favoriser la mobilité douce, le projet de piste cyclable reliant Belval et Esch-sur-Alzette fait actuellement l’objet d’une étude de faisabilité dont le principal obstacle reste la nécessité de traverser le site d’ArcelorMittal. «Nous allons également renforcer notre collaboration avec notre réseau de transport communal, TICE, alimenté au gaz naturel. Pour le compléter, nous sommes en contact avec la startup Kuss Bus pour tenter de mettre en place un système de bus sur commande», prévoit le bourgmestre.
A plus grande échelle, le projet d’un couloir reliant sur l’A4 Esch à Luxembourg et qui serait dédié à un bus à haut niveau de service ainsi qu’à une piste cyclable fait de plus en plus parler de lui. «Je pense que cela serait la manière la plus efficace et la moins onéreuse de régler les problèmes de trafic routier sur cet axe et dans le sud du pays».
Enfin, le bourgmestre veut négocier avec les CFL dans le but d’établir de meilleures connexions avec le reste du pays. Ce dernier est réaliste: «Pour que les usagers utilisent les transports en commun, il faut que nous leur garantissions un certain confort et cela passe par de bonnes connexions et des horaires intéressants».
 
 
Martina Cappuccio

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