Que signifie « devenir vieux » sur le marché du travail ?

L’année 2012 avait été proclamée « Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle ». Il y a près de 6 ans déjà, ce thème avait été placé sous les feux de l’actualité européenne.
Selon un rapport1 produit à cette époque par les autorités de l’Union européenne, cette année 2012 a contribué à transmettre une image plus positive du vieillissement de la population en soulignant le potentiel des personnes âgées sur le marché du travail et en promouvant leur participation active dans la société et l’économie.
Maintenir à l’emploi les travailleurs âgés est une préoccupation qui est de plus en plus présente dans les politiques européennes. Pour y parvenir, il est important de considérer cette problématique de façon multiple et d’engager des actions à plusieurs niveaux : dans les politiques européennes, dans les politiques nationales, au sein des entreprises et bien sûr avec les travailleurs eux-mêmes.
 
A quel âge peut-on être qualifié de travailleur âgé ?
La réponse n’est pas évidente. La problématique utilise différentes classes d’âge selon les cas. Globalement, les recherches et les études qualifient comme travailleurs âgés des personnes ayant, au sens le plus large, entre 55 et 65 ans. Certains travaux situent même le début à 45 ans !
On peut d’ailleurs remarquer qu’à l’intérieur de cet intervalle, des variations de tranches d’âge se font au cas par cas, selon les pays, en fonction de l’âge d’accès à la pension de retraite.
Il n’existe aucune uniformisation de la définition du travailleur dit âgé, pas plus qu’il n’existe d’harmonisation de l’âge d’accès à la pension de retraite au sein des 28 Etats membres de l’Union européenne. Chacun de ceux-ci use des politiques qui lui sont propres pour répondre à la problématique et à ses défis.
 
Vous avez dit « travailleur âgé » ?
Il est intéressant de constater que différentes expressions sont utilisées pour désigner les travailleurs dits âgés. Lors du colloque du 20 novembre 20172, le Prof. Aline Muller, directrice générale du LISER, a fait une remarque importante : « On peut parler successivement en effet de « travailleurs expérimentés », de « seniors actifs » ou de « travailleurs âgés » ; le choix de l’expression n’est sans doute pas innocent en fonction du type d’acteur qui emploie telle ou telle tournure de langage. Une entreprise désireuse de valoriser ses ressources humaines et de maintenir son personnel parlera davantage de ses travailleurs
« expérimentés » plutôt que de « travailleurs âgés ». Ces derniers mots seront certainement plus usités dans une firme désireuse de se défaire de son personnel.
La dernière réflexion concerne un véritable changement de paradigme que les sociétés développées sont en train de vivre. Il s’agit ni plus ni moins de l’adaptation du travail aux réalités de la digitalisation et de l’économie numérique. Cette mutation devrait entraîner la disparition de certains emplois et constitue un réel défi pour les travailleurs dits âgés, en ce sens que ceux-ci vont devoir se former pour faire face aux mutations du travail qui vont en résulter.
 
Franz Clément
Docteur en Sociologie
 
1   Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité
intergénérationnelle 2012 – Rapport d’évaluation.

2   L’Observatoire Interrégional du marché de l’Emploi (OIE) a organisé dans les locaux du Luxembourg Institute of Socio Economic Research (LISER) à Esch/Belval une conférence-débat consacrée à la situation des  travailleurs âgés sur le marché du travail dans la Grande Région.
 
 

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