Restons curieux!

KPMG Luxembourg

Lorsqu’il y a treize ans, elle quitte les blancheurs de son Midwest Canadien pour les vertes forêts luxembourgeoises, elle devient formatrice dans son premier domaine d’expertise qu’est l’audit. À force de dispenser des cours sur les méthodologies et au vu des progrès de ses étudiants, Donna Lee Bauer s’éprend de passion pour la formation en entreprise, domaine en pleine expansion, et devient chef du département Learning and Development chez KPMG Luxembourg. Interview.

Quels sont les enjeux de la formation continue et peut-on dire que la crise de 2008 a été un tournant ?

Force est de constater que la formation continue est devenue un enjeu fondamental dans le monde de l’entreprise. L’apprentissage tout au long de la vie est une réponse à l’une des caractéristiques ontologiques humaines des plus primaires qui est la volonté d’apprendre, de parfaire et d’améliorer son savoir et ses compétences. Cet état d’esprit impacte directement l’avenir des individus, celui des entreprises qui les emploient mais aussi des sociétés dans lesquelles ils s’inscrivent.
Un employé connaît dorénavant au cours de son parcours professionnel, plusieurs entreprises et fonctions et même ceux qui restent plus longtemps dans la même société, sont tenus de répondre aux évolutions techniques, technologiques et sociétales. Les entreprises modernes se doivent dès lors, de mettre en place les moyens de leurs ambitions.
Durant la crise de 2008, si de nombreuses sociétés ont été tentées de réduire les budgets alloués aux formations, d’autres comme KPMG ont, tel un pari pour l’avenir, continué d’investir fortement dans la formation de leur personnel.

Avec quelles méthodologies et pour quelle efficacité ?

Il est connu que 70% de notre apprentissage relève des expériences quotidiennes, que 20% provient des échanges et rencontres avec d’autres personnes et que 10% seulement, est le fruit de l’éducation formelle en salles de classe. Les individus sont donc maîtres de leur propre apprentissage. Il faut rester curieux et avoir soif d’apprendre!
Mais faut-il encore que l’employé mette en œuvre ce qu’il apprend. Car in fine c’est ce qui fera la différence. Il faut donc sortir la formation des cadres rigides des salles de classe et l’intégrer à son travail, permettre à l’employé de s’enrichir de nouvelles expériences en expérimentant un autre département ou service, réunir plusieurs services autour d’un même projet ou encore multiplier les relations avec son coach. Nous avons pour cela, recours à certains outils comme le numérique qui est à la fois un sujet et un moyen de formation. Nos collaborateurs ont besoin de savoir manier les supports digitaux dans leurs travaux du quotidien mais ils les utilisent aussi dans le processus de leur apprentissage.
Nous remarquons que nos collaborateurs ont cette soif d’apprendre. Ceci implique une grande réactivité et une efficacité des services concernés et notamment celui dédié à la formation. Il faut pouvoir anticiper et répondre aux changements de la Place. Et au vu de la vitesse des métamorphoses, le catalogue annuel de formation devient vite dépassé. C’est pourquoi notre département Learning and Development est en relation constante avec les équipes de terrain pour ajuster presque instantanément les formations aux demandes du marché et aux besoins des employés.

Cela influence-t-il le fonctionnement interne des entreprises vers moins de verticalité et plus d’horizontalité ?
 
Si les hiérarchies sont encore indispensables au bon fonctionnement d’une entreprise, leur structure traditionnelle est néanmoins en mutation. De nouveaux titres sont par exemple pensés pour les nouvelles fonctions et les synergies entre les services sont devenues indispensables. Si l’organigramme pyramidal reste majoritaire, la performance de l’entreprise dépend avant tout de l’étroite interconnexion entre les services, à l’image d’une architecture en toile d’araignée.
 
Un mot sur vos formations…

Nos collaborateurs ont accès à des milliers de formations en lien avec nos grands domaines d’expertises que sont les taxes, audits et conseils. Nous sommes néanmoins conscients que d’autres aptitudes sont également nécessaires pour mener à bien leurs missions. Habituellement et très injustement nommées les «soft skills», comme si elles relevaient d’une certaine « légèreté », ces compétences humaines sont néanmoins essentielles à la bonne santé d’une entreprise. Un directeur bien formé insufflera mieux encore ses orientations stratégiques aux différents chefs d’équipe, qui à leur tour pourront mieux galvaniser les troupes.
Ces compétences de leadership et plus largement les compétences humaines prennent de plus en  plus d’importance dans le milieu professionnel et notamment plus encore avec l’arrivée de l’automatisation et la robotisation des métiers. Elles sont très utiles pour gérer les incertitudes du quotidien et aident à s’adapter aux situations parfois délicates liées aux impératives évolutions de l’entreprise et de son environnement.