Réfléchir en chaîne de mobilité

Le directeur du Verkéiersverbond, Gilles Dostert, revient, à l’approche des congés d’été, sur les nouveautés qui attendent les utilisateurs des transports en commun à la rentrée. Elles pourraient convaincre certains de se risquer à lâcher leur voiture pour prendre le bus ou monter sur un vélo.
 
Comment le Verkéiersverbond tente-il de fluidifier le trafic au Luxembourg?
Tous ceux qui travaillent dans nos services, géographes, experts en mobilité, analysent des zones précises pour savoir comment améliorer les choses. Nous avons aussi équipé tous les bus d’un ordinateur de bord qui permet de gérer la vente de tickets en direct. Ils sont également équipés d’un GPS qui permet de les géolocaliser en temps réel. C’est très important pour les clients qui savent où est leur bus et quand ils vont arriver, grâce au site Internet, à l’application mobile ou même dans le bus. Ceux qui sont sur une nouvelle ligne, ou même des touristes, ne se sentent plus perdus. On prend les clients par la main avant mais aussi pendant leur trajet.
 
Pouvez-vous encore améliorer le service?
Nous allons également mettre en place des postes de commande régionaux. Au nombre de quatre, ils seront situés à Luxembourg, Esch-sur-Alzette et Ettelbruck. Nos collaborateurs observeront en temps réel le réseau des transports en commun et pourront communiquer en direct avec les chauffeurs mais aussi faire des annonces aux usagers. En cas de problème, ils seront habilités à dire au chauffeur de changer son parcours pour ne pas rester bloqué. Le chauffeur doit être concentré sur sa conduite. Ces postes permettront de le décharger des problèmes de trafic.
 
Quand aura lieu le déploiement de ces postes de commande?
Nous sommes actuellement dans la phase de mise en place et espérons pouvoir démarrer début 2018.
 
Le réseau de bus sera-t-il fluidifié?
Oui, car il faut préciser que le réseau des bus régionaux va changer. Avant, il y avait de très longues lignes avec des bus qui passaient partout. De fait, ces lignes n’étaient pas concurrentielles avec la voiture individuelle. Nous allons désormais faire des lignes vers les grands pôles économiques, à haute fréquence, et des navettes pour desservir la deuxième partie du parcours. Il y aura des pôles d’échanges à la place de l’Etoile, à LuxExpo, à Luxembourg. Cela veut dire que les clients devront changer plusieurs fois de moyen de transport mais cela sera plus efficace.
 
Les postes de commande se limiteront-ils au trafic des bus?
Oui, mais ils pourront communiquer. On peut envisager que les gens qui prennent le dernier bus du soir seront attendus si leur train a du retard. Le train reste notre épine dorsale mais il n’est pas aussi flexible que le bus. Parfois, les gens arrivent dans une gare et voient leur bus partir à vide.
 
Est-il simple de convaincre les utilisateurs de transports en commun de changer leurs habitudes de la sorte
Nous devons les convaincre de réfléchir en chaîne de mobilité. C’est pour ça que notre dernière campagne portait sur la multimodalité. Les gens doivent se poser chaque jour la question du besoin de leur mobilité. Regarder leur agenda et voir quand ils ont besoin de prendre leur voiture ou si les transports en commun suffisent. Cela doit devenir un réflexe comme de choisir sa tenue le matin. Ils ne doivent plus avoir dans leur tête uniquement leur voiture. Quand on va dans un centre urbain, la voiture, c’est une tonne et demie de fer à déposer quelque part.
 
Depuis 2005 et la création du Verkeiersverbond, le monde de la mobilité a-t-il changé?
Oui, en 2005, il était tout autre. Il n’y avait pas encore les wagons à deux niveaux sur les rails, les bus ne passaient pas les frontières. L’Open Data a également permis à des startups de faire des applications. Mais des grands comme Google les utilisent aussi.
 
Quelles sont les prochaines évolutions de votre application?
Nous avons fait une simulation européenne pour faire du système de recherche dans nos applications un système multimodal. Aujourd’hui, quand on cherche à aller d’une adresse à une autre, on a seulement le chemin à pieds vers le trajet en transports en commun. Ce que nous voulons faire, c’est que le client puisse personnaliser ses paramètres, entrer ses moyens de transports, certains pôles d’échange et l’application proposera tous ces choix. Le client pourra alors comparer et constater que le tout voiture est révolu.
 
La prise de conscience est-elle réelle?
Oui, les premières années, nos campagnes «A vélo au boulot» touchaient une certaine masse critique. Depuis deux ans, plus 3.000 personnes se sont enregistrées. C’est difficile à expliquer mais il y a une atmosphère positive pour la bicyclette. C’est à la mode dans les grandes villes du monde. Beaucoup d’experts y voient une solution. C’est propre et plus rapide que la voiture. La mode est arrivée au Grand-Duché.
 
Cela concerne-t-il une certaine classe d’âge?
Non, tout le monde s’est mis au vélo.
 
Qu’attendez-vous de l’arrivée du tramway à Luxembourg?
Nous sommes impatients d’être en décembre pour voir les gens utiliser le tramway mais aussi le funiculaire. Cela va soulager la gare centrale et changer beaucoup de choses.
 
Le problème n’est-il pas aussi la concentration économique dans la capitale?
Oui, c’est vrai que la capitale est un aimant et c’est pour cette raison que depuis quinze ans, la volonté de développer les pôles économiques du Sud et du Nord pourrait changer la donne. Dans la région de Belval, cela va dans le bon sens. C’est plus difficile dans le Nord.
 
Aujourd’hui, les entreprises vous consultent-elles pour trouver des solutions de mobilité?
Oui, nous leur montrons tous les paramètres possibles. Comme le covoiturage, qu’il est facile à mettre en place sur un Intranet. Souvent, des salariés ne savent pas que la personne de l’étage en dessous fait exactement le même trajet qu’eux.
 
Votre communication passe-t-elle auprès du grand public
Oui, nous avons deux spots quotidiens sur RTL Radio pour informer les clients des nouveautés, des changements et des problèmes. Prochainement, nous le ferons aussi sur 100.7. C’est important d’avoir ce lien sur le terrain.
 

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