PSD2 ou le bouleversement du secteur bancaire

EY Luxembourg

La diversification de l’offre de services de paiements et la sécurité de ces instruments pour les consommateurs est un souci d’importance croissante pour les autorités de régulation. Ces dernières mettent en place des cadres législatifs tels que la directive révisée concernant les services de paiement (PSD2) qui obligent les banques à repenser leurs modes de fonctionnement. Interview de Patrice Fritsch, Directeur Associé au sein du département Conseil financier d’EY Luxembourg.

Quels sont les objectifs de PSD2?
L’objectif de la directive est d’offrir au consommateur européen un choix élargi et une transparence accrue pour ses moyens de paiement. Cette règlementation vise à augmenter la compétitivité entre les différents acteurs, à diminuer les coûts mais aussi à engendrer de nouvelles synergies pour favoriser l’innovation.

Assisterons-nous à un combat de compétitivité entre les banques et les FinTech?
Élargir à la concurrence, c’est en effet augmenter la compétition entre les différents acteurs, mais c’est aussi s’assurer que leurs différents produits et services seront comparables. Ainsi, un moyen de paiement moins utilisé devra répondre à des critères d’information et de sécurité similaires aux moyens traditionnels pour pouvoir se positionner sur le marché. De plus, les FinTech qui interviennent dans le monde du paiement sont elles aussi réglementées par la directive PSD2. Depuis 2009, elles peuvent être des institutions de paiement mais aussi des établissements de monnaie électronique ; à partir de 2018 elles pourront également devenir des fournisseurs d’information sur les comptes de paiement et même des initiateurs de paiement.

Les banques sont-elles menacées?
Selon la directive, toute entreprise qui fournit et conserve des informations sur des comptes clients doit rendre ces dernières accessibles à des tiers tels que des prestataires de paiement mobile (sous autorisation du client). Les banques vont devoir donner accès aux informations desdits comptes clients via des interfaces de programmation applicative. Il existe donc un important risque de désintermédiation.  Néanmoins, les banques auront de nombreuses opportunités d’offrir des services additionnels à leurs clients et de bénéficier elles-mêmes des services fournis par les  statuts susmentionnés, à savoir la possibilité de jouer le rôle d’intermédiaire entre le client et les autres relations bancaires qu’elles peuvent avoir. La réponse à votre question réside donc dans la capacité des banques à s’adapter à ce nouvel environnement. Cela implique de redessiner les produits bancaires et de développer une flexibilité nouvelle qui peut, par exemple, passer par des partenariats entre établissements financiers et sociétés FinTech.

Harmoniser le cadre européen passe aussi par la sécurité des données et les luttes contre la fraude et le blanchiment d’argent…
L’objectif est d’harmoniser les services de paiements au sein des Etats membres de l’Espace économique européen. Un fournisseur de service de paiement ne sera plus uniquement confiné à son pays, mais pourra aller consulter les données des comptes clients là où il a déposé ses avoirs. Ce sont donc 500 millions de clients potentiels qui s’ouvrent à eux.
C’est pourquoi la directive prend en compte la protection des utilisateurs et de leurs données et la lutte contre les risques de fraudes. De nouvelles méthodes d’identification – par exemple biométriques – permettent déjà de se connecter aux comptes avec plus de sécurité encore. La réglementation générale sur la protection des données (GDPR) est dorénavant intrinsèque au traitement digital des données en masse.

Plus qu’une transformation, est-ce une révolution?
Ce n’est pas uniquement une évolution des produits existants. PSD2 change les schémas opérationnels, les moyens, les services et les méthodes de paiement. Les établissements financiers traditionnels ont donc tout intérêt à mener des projets de mise en conformité réglementaire mais aussi des projets stratégiques de façon à définir de quelle manière ils pourront offrir ces nouveaux produits et services à leurs clients.
Toute relation entre un client et sa banque commence par un transfert de fonds vers l’établissement financier. Dès lors que de nouveaux acteurs rentrent dans ce processus, il en va de leur avenir.

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