Un trait d’union entre le Luxembourg et la mer

Le Cluster maritime a pour objectif de représenter et de promouvoir un secteur méconnu au Luxembourg. Des activités maritimes dans un petit pays enclavé, cela semble assez surprenant de prime abord, et pourtant… l’ouverture à la mer est vitale pour le commerce international.
Rencontre avec Freddy Bracke, président du Cluster maritime, et Paul Marceul, Cluster Manager.

Quand on pense maritime, on pense avant tout aux armateurs affrétant les mastodontes qui sillonnent les mers chargés de marchandises, ce qui n’est que la partie émergée de l’iceberg. Toute une kyrielle d’activités annexes et connexes gravitent en effet autour de ces navires et de ces armateurs, qui nécessitent des services juridiques, financiers ou d’assurance. “Les flux financiers autour d’un navire sont énormes, en termes d’investissements et en termes d’exploitation, a fortiori avec l’augmentation des prix des carburants”, indique Freddy Bracke. Rien d’étonnant donc à trouver, parmi les 37 membres que compte l’asbl Cluster maritime luxembourgeois, des banques, des courtiers, des assurances, des avocats, des fiscalistes, des juristes ou encore les grands bureaux d'audit et de conseil, les Big Four.
“Ce qui est purement nautique, donc technique, se fera toujours dans les ports, c’est évident, mais la gestion d’un navire ou d’une flotte a aussi des aspects administratifs, légaux, financiers et fiscaux qui peuvent s'organiser de n’importe où, même de la lune (à condition, évidemment, de disposer de très bons moyens de télécommunication!)”, ajoute le président du Cluster. Alors, pourquoi le faire du Luxembourg? Parce que le pays, si petit et si enclavé soit-il, est perçu comme ayant des atouts considérables: la stabilité politique et sociale, une fiscalité intéressante pour les navires et les marins (non-résidents), une administration maritime (Commissariat aux Affaires maritimes) très performante mais souple,  des contacts faciles et rapides avec les autorités et administrations en tout genre, une bonne infrastructure des télécommunications et enfin, l'appui politique remarquable du ministère de l’Economie qui soutient activement le développement de ce type de secteurs. Le Luxembourg bénéficie également d’une belle carte de visite avec la présence de grandes entreprises de marine marchande (comme le Groupe CLdN Cobelfret) ou de dragage (comme le Groupe Jan De Nul et DEME), ces derniers travaillant sur de grands projets internationaux prestigieux et très visibles (par exemple, à Dubaï, prochainement, l'élargissement du Canal de Panama).

Toujours dans la logique d’une approche transversale du secteur, le Cluster maritime englobe également des acteurs d’autres branches du secteur des transports, notamment le rail avec CFL Cargo ou CFL Multimodal ou encore la navigation intérieure avec le port de Mertert, car, comme le souligne Freddy Bracke: “les navires et les armateurs sont un maillon essentiel de la chaîne logistique, mais ils n’en sont qu’un élément. Tous ces milliers de tonnes de conteneurs, de semi-remorques, ces dizaines de milliers de voitures neuves, – ce fret énorme et volumineux constituant les importations et les exportations de l'UE et du monde doit encore, en général, être transportés vers et à partir des ports pour arriver à sa destination finale".

Si ses statuts n’ont été déposés qu’en juin 2008, le Cluster maritime a en fait un historique bien plus long qu’il n’y paraît. Il est né d’une impulsion du ministre de l’Economie, Jeannot Krecké, consistant à former des groupes de travail composés d’acteurs de différents horizons maritimes pour qu’ils avancent sur des sujets d’intérêt commun. Devant le succès de telles réunions, les acteurs concernés ont décidé de pérenniser l’initiative en se sont regroupant officiellement sous forme de ‘cluster’.

En Europe, une douzaine d’organismes du même type existent, qui font partie d’un réseau et maintiennent un contact régulier (ENMC, European Network of Maritime Clusters). Ils se retrouvent chaque année dans un des pays membres pour présenter les tendances dans leurs pays et leurs plans d’action respectifs, échanger des retours d’expériences et des bonnes pratiques et débattre des intérêts à défendre au niveau de la législation européenne. Ils participent entre temps à diverses rencontres de ‘networking’. Ce travail en réseau européen est une opportunité pour le Cluster luxembourgeois  de témoigner de la présence proactive et de la vitalité du secteur maritime luxembourgeois (dans son sens large). Le prochain rendez-vous est fixé en octobre, à Paris, où le Cluster maritime luxembourgeois ira à la rencontre de son homologue français en tant que véritable ambassadeur professionnel du Grand-duché dans ce secteur si spécifique.

Entre les membres du Cluster, qui se veut être “une véritable plateforme d’échange et de communication” selon Paul Marceul, le leitmotiv est encore ‘networking’, à travers des réunions régulières et sa participation active à différents salons et manifestations, dont notamment le Logistics Management Forum organisé annuellement par le Cluster for Logistics à Luxexpo, et l'Exposition Universelle 2010 à Shanghai dans le cadre de la Semaine commerciale luxembourgeoise. Ces rencontres permettent de renforcer à la fois la visibilité et la crédibilité du secteur maritime luxembourgeois dans des milieux professionnels, et de mettre en évidence et de réunir les savoir-faire et l'expertise variée des différents acteurs sur ce secteur. Plus localement et orienté vers le grand public, des actions comme l’édition d’un timbre thématique ‘navires’ par les PT luxembourgeois en 2010 et l’organisation, depuis plusieurs années, d’évènements lors de la Journée européenne de la mer (en mai) ont pour but de sensibiliser les luxembourgeois aux enjeux économiques et environnementaux liés au fait maritime.

L’année 2010 a aussi et surtout été, pour le Cluster maritime, celle du lancement de deux groupes de travail pluridisciplinaires. Le premier ayant pour objet l’examen du cadre réglementaire, il consistait à dresser un bilan de la situation et à établir un catalogue de propositions à l’intention du ministre de l’Economie en vue d’améliorer et de maintenir la compétitivité du secteur maritime luxembourgeois. Le Cluster a notamment insisté sur la nécessité de soutenir le ‘green shipping’, comprenez des navires écologiquement plus propres. Le second groupe de travail portait sur la prospection et la promotion. L’image du secteur maritime luxembourgeois a été étudiée, des destinations qui pourraient intéresser les membres du cluster ont été définies et deux voyages d’affaires ont été organisés, l’un à Anvers, l’autre à Zeebrugge, à la rencontre de la communauté portuaire locale. MT

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