Vers une démarche RSE intégrée

Si Cimalux n’a pas encore adopté de démarche officielle et structurée en termes de RSE, elle peut néanmoins se targuer d’un bilan satisfaisant en la matière qui s’explique par l’obligation de publier chaque année un rapport de développement durable destiné au groupe, mais aussi et surtout par une gouvernance naturellement tournée vers l’environnement et le social. Le point avec Dany Krier et Christian Rech, fondés de pouvoir.

Cimalux a consenti une série d’investissements sur le plan technique, qui sont autant de points d’amélioration tant au niveau écologique qu’au niveau économique.

50 millions d’euros ont été dépensés pour l’acquisition d’un broyeur qui aurait dû permettre d’économiser 25 pour cent d’énergie – c’est du moins ce qui avait été contractuellement fixé-, mais dont les résultats dépassent les attentes puisque 30 pour cent sont effectivement épargnés.

Par ailleurs, grâce à la construction d’un nouveau silo, Cimalux expédie désormais chaque semaine 1.000 tonnes de ciment vers Lyon par le rail, et non plus par la route, diminuant ainsi considérablement ses émissions de gaz à effet de serre. Sur son site de Rumelange, Cimalux a mis en place un système visant à augmenter la part de combustibles de substitution au charbon: des boues d’épuration, des pneus déchiquetés et des FLUFF (la portion la plus légère des déchets ménagers) partiellement constitués de biomasse et, dans une moindre mesure, des solvants en fin de vie qui trouvent ainsi une filière d’élimination non polluante. “Cette démarche est très importante pour nous parce qu’elle accroît notre indépendance vis-à-vis des énergies non renouvelables”, souligne Christian Rech.

La carrière d’Ottange, à cheval sur la France et le Luxembourg, fait l’objet d’une gestion durable exemplaire qui lui vaut les visites régulières d’écoles des mines  françaises orientées par la DRIRE (Direction Régionale Industrie Recherche et Environnement) et qui engendre un regain d’une biodiversité spécifique à ces zones une fois qu’elles ont été renaturées. Le site de Rumelange est d’ailleurs certifié ISO 14001 et celui d’Esch-sur-Alzette devrait l’être dans les mois qui viennent.

Un autre élément, inhérente à l’activité de Cimalux qui a été créée dans ce but en 1920, est la fabrication du ciment à partir d’un sous-produit de l’industrie sidérurgique: le laitier. Ce procédé permet d’économiser un constituant, le clinker, dont la production est à l’origine des émissions de CO2 de l’industrie cimentière. “Dans un contexte de recherche de performances environnementales, cette spécialisation nous ouvre aujourd’hui de nouveaux marchés que nous commençons tout juste à appréhender. C’est un atout pour le Luxembourg en tant que site de production de ciment”, affirme Christian Rech.

Au quotidien, les exemples d’initiatives vertes réalisées en toute discrétion foisonnent. C’est dans cet état d’esprit que Cimalux a décidé d’éliminer le film plastique qui tapisse certains sacs de ciments, lorsqu’il n’est pas absolument nécessaire, sans pour autant y apposer l’étiquette ‘vert’, et qu’elle reprend les sacs usagés pour les recycler.

D’un point de vue social, la démarche se traduit par diverses actions: des campagnes de vaccination gratuite, par exemple, ou une politique de formation poussée, formations qui portent notamment sur la norme ISO 14001 et sur la sécurité: “La sécurité avant tout est le leitmotiv de notre société mère. Nous l’avons repris à notre propre compte parce que cela nous semble être un élément essentiel”, souligne Dany Krier.
La preuve la plus éloquente d’une politique sociale qui fonctionne est un turnover quasi nul, en dehors des départs en retraite. Selon Christian Rech, “cela démontre que les gens sont à l’aise dans leur travail”.
Cimalux met d’ailleurs un point d’honneur à intégrer ses employés. “Nous travaillons de manière interactive avec notre personnel sur tous les points de la RSE. Cela ne doit pas être une mode, mais un état d’esprit. Nous ne nous contentons pas d’avoir une politique, nous l’appliquons”, explique Dany Krier. “Une réflexion a été menée sur la façon dont pourrait être rendue plus palpable auprès de nos employés cette notion de développement durable, dont tout le monde parle mais dont beaucoup ne savent pas exactement ce qu’elle renferme, comment ils peuvent y contribuer, quel rôle elle joue pour l’entreprise dans laquelle ils travaillent et ce qu’elle peut leur apporter personnellement dans leur travail. Dans le cadre des parcours pédagogiques que nous proposons, nous avons demandé à nos employés de travailler sur cette thématique, d’extraire des éléments concrets de leur quotidien et de les intégrer à ces visites. Ainsi, chacun se sent concerné”, ajoute Christian Rech.

La démarche n’est pas gratuite, mais chaque partie prenante a à y gagner: l’entreprise comme ses employés. Ainsi, Dany Krier explique: “un nouveau broyeur consomme moins d’énergie, ce qui signifie aussi moins de dépenses pour nous ; des gens mieux formés sont plus productifs et plus satisfaits, des gens vaccinés ne sont pas malades, donc moins souvent absents” et Christian Rech précise que “pour ce qui est du volet environnemental, les investissements sont lourds, il est donc normal que nous attendions un retour sur investissement mais, pour ce qui est du volet social, qui a contrario ne nécessite pas d’investissements importants, la motivation n’est pas strictement économique. Le fait d’instaurer un bon climat social contribue à l’implication des employés pour leur entreprise”. L’ancrage régional de la société constitue également un élément fort qui génère un sentiment et une fierté d’appartenance de la part des employés.

Autre aspect de la RSE: la responsabilité vis-à-vis des clients et des utilisateurs. Cimalux, dans le cadre d’une réflexion sur le cycle de vie de ses matériaux, se positionne de manière moins radicale que ne le font traditionnellement les industries productrices de matériaux de construction. “Le prochain gros chantier auquel nous nous attaquons, est de nous soumettre à une analyse de cycle de vie certifiée, afin de déterminer l’impact environnemental de nos produits. C’est une démarche qui devient inéluctable. Si l’on considère le cycle de vie des matériaux, on se rend compte que le bois, l’acier et le béton existent et cohabitent parce que, suivant les scénarios, l’un peut être plus adapté que l’autre, et cela il faut l’accepter. Nous nous devons, en tant qu’industrie lourde du secteur luxembourgeois de la construction, de promouvoir cette vision”, conclut Christian Rech.

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