Une convention qui a porté ses fruits

Luxinnovation, l’Agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche, a présenté le 14 avril dernier, en présence de Jeannot Krecké, ministre de l’Economie et du Commerce extérieur, le bilan de ses activités 2010 à l’occasion de la publication de son rapport annuel. Nous avons eu l’occasion d’interviewer Gilles Schlesser, directeur de Luxinnovation, en marge de la conférence.
 

Dans quel cadre plus général s’inscrit le premier contrat de performance de Luxinnovation ?

La politique de soutien à la RDI est relativement récente au Luxembourg en regard de ses voisins européens, et a suivi un processus de structuration continu depuis les années 1980. Un rapport de l’OCDE, publié en 2006, a mis en évidence les forces et les faiblesses de la stratégie des pouvoirs publics, et a préconisé de réformer la gouvernance du système national d’innovation.

C’est dans ce cadre, que Luxinnovation, au même titre que les Centres de Recherche Publics et le Fonds National de la Recherche, a signé en 2008 un contrat de performance l’engageant à atteindre un certain nombre de résultats en contrepartie d’une dotation financière pour une période de trois ans. Cette convention, signée avec l’Etat, la Chambre de Commerce, la Chambre des Métiers et la Fedil-Business Federation Luxembourg, précisait les missions de l’Agence, les principaux objectifs visés, les groupes-cibles ainsi que les indicateurs de performance à atteindre sur la période considérée.

 

Quel bilan global pouvez-vous tirer au terme de la période couverte par le premier contrat de performance ?

Après trois années de réalisation, et au lendemain de l’adoption d’un nouveau contrat de performance, le bilan est très satisfaisant, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, Luxinnovation ayant dans la plupart des cas dépassé les prévisions en termes de résultats. En effet, nos conseillers ont accompagné 793 entreprises et 61 laboratoires publics dans leurs démarches de RDI. Les chiffres parlent d’eux-mêmes avec 143 dossiers ayant bénéficié d’aides publiques nationales à la RDI et plus de 47 millions d’euros de retour financier des programmes européens. On peut également souligner la création de 66 nouvelles entreprises innovantes au Luxembourg. Enfin, Luxinnovation, en tant qu’Agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche, a réuni au total plus de 9.300 participants à l’occasion des 150 événements organisés.

 

Que pouvez-vous dire du positionnement des acteurs luxembourgeois dans les programmes européens de recherche ?

Il est clair que des efforts non négligeables ont été réalisés tant par les entreprises que par les CRP pour se positionner dans les programmes de recherche collaborative au niveau européen. Outre la possibilité de bénéficier de cofinancement pour mener des projets de recherche onéreux, cette démarche permet d’acquérir un label d’excellence, tant la compétition est rude pour accéder à ces programmes. Le taux de participation s’est accru ces dernières années, mais une marge de progression importante existe afin d’améliorer le taux de succès qui avoisine les 19% par exemple dans le 7e Programme-cadre de recherche et développement de la Commission, alors que la moyenne européenne est de 22%.
Luxinnovation intervient comme point de contact national pour les principaux programmes RDI européens : le 7e Programme-cadre de recherche et développement, l’Agence Spatiale Européenne et l’initiative intergouvernementale Eurêka. Le rôle de l’Agence est de diffuser une information ciblée en amont de la publication des appels à projets, de positionner les acteurs intéressés dans les réseaux de référence et d’assurer un suivi personnalisé pour améliorer les chances de succès des projets au Luxembourg. Toutefois, il appartient aux différents organismes qui souhaitent participer aux programmes européens de développer une stratégie interne articulée sur des objectifs et des moyens.

 

Quelles sont les principales conclusions de l’évaluation du  premier contrat de performance ?

Une évaluation externe a été réalisée par un cabinet international sur la base des résultats de Luxinnovation ainsi que des recommandations des clients et des représentants d’autres agences de l’innovation réputées sur le plan européen. Ce processus d’enquête et d’analyse a abouti sur le constat d’une bonne performance globale de l’Agence et sur la détection d’un certain nombre de points d’amélioration. Les principales conclusions se résument en quatre points : concentrer les efforts de l’Agence autour de secteurs considérés comme prioritaires pour la RDI au Luxembourg; développer des services plus ciblés et renforcer le suivi des relations avec les entreprises; améliorer la concertation et la coordination avec les organismes de recherche publics, en particulier sur les aspects de valorisation des résultats de la recherche et sur l’accès aux programmes européens; et limiter le nombre d’indicateurs de performance.

 

Quelles sont à présent les perspectives ouvertes dans le cadre du deuxième contrat de performance 2011-2013 qui vient d’être adopté en Conseil de gouvernement ?

Forts des enseignements tirés de l’évaluation du premier contrat de performance, Luxinnovation et ses actionnaires se tournent avec confiance vers de nouveaux défis à relever sur la période 2011-2013. En effet, les négociations entamées fin 2010 pour la négociation du deuxième contrat de performance ont abouti à un nouvel accord conclu en avril 2011.
Ce nouveau contrat de performance capitalise sur l’expérience acquise de 2008 à 2010 et renforce la dynamique amorcée pour une intervention de l’Agence plus ciblée autour d’un nombre limité d’objectifs considérés comme prioritaires pour la stimuler la RDI au Luxembourg. Ce recentrage des activités, couplé à une approche sectorielle, devrait permettre à Luxinnovation de proposer une offre de services davantage en adéquation avec les besoins de ses clients et d’améliorer le suivi des prestations proposées.
Avec des ambitions renouvelées de la part de ses actionnaires, Luxinnovation concentrera ses efforts autour de trois objectifs principaux: développer la capacité d’innovation des entreprises, favoriser la coopération en matière de RDI et maximiser les résultats socio-économiques, contribuer à un environnement national favorable et promouvoir une image RDI dynamique du Luxembourg. Les domaines prioritaires retenus sont l’artisanat, les écotechnologies, les matériaux, les sciences et technologies de la santé, les TIC, les technologies spatiales et les jeunes entreprises innovantes.
On peut enfin mentionner que l’indicateur relatif au nombre de projets bénéficiant d’aides nationales à la RDI a fortement augmenté pour la période 2011-2013 afin de soutenir la politique du gouvernement.

 

Quel mot de conclusion souhaitez-vous adresser à la communauté RDI au Luxembourg ?

Il est essentiel pour la compétitivité luxembourgeoise que les petites et moyennes entreprises en particulier osent le pari de l’innovation avec des moyens financiers dédiés pour soutenir des idées novatrices. Afin de les aider dans cette démarche, le gouvernement met à leur disposition des outils performants avec notamment la nouvelle loi du 5 juin 2009. Dans ce cadre, Luxinnovation est un partenaire de choix aux côtés des entrepreneurs et des chercheurs qui veulent passer de l’idée à l’action en leur proposant un accompagnement personnalisé.