Des incertitudes malgré la reprise

Le transport de marchandises n’a pas attendu la reprise économique pour reprendre des couleurs puisqu’il a renoué avec la croissance dès le printemps 2010. Jean Dediste, administrateur délégué de Terminal Container Athus, de souligner qu’il ne faut pas pour autant crier victoire, compte tenu de la forte remontée des prix du pétrole, notamment. Interview.

 

Le secteur du transport de marchandises est volatil car dépendant de la conjoncture mondiale pour les matières premières et européenne pour les produits finis ou semi-finis. En tant que prestataire de services de transport intermodal rail-route, comment avez-vous vécu la crise économique ?

Octobre 2008 a marqué un écroulement du marché de l’ordre de 20 pour cent qui s’est confirmé dans les mois qui ont suivi. L’année 2009 a été une année de stabilisation à un niveau relativement bas, mais depuis avril 2010, nous avons renoué avec la croissance dans le transport. En cela, nous avons affiché de bons résultats au premier trimestre de cette année.

 

Cette croissance est-elle amenée à se poursuivre lorsque l’on considère la flambée du prix du brent ?

Il y a pas mal d’incertitudes. Il semble que la conjoncture économique se soit nettement améliorée mais les incertitudes proviennent d’une part des troubles politiques au Moyen-Orient et autour de la Méditerranée, d’autre part d’une certaine fragilité du système financier dans la zone euro.
Quant à la hausse du prix des produits pétroliers, non seulement elle renchérit le transport mais elle risque aussi de ralentir la reprise économique.

Cependant, dès lors que vous proposez un service intermodal destiné précisément à délester les routes, on est amené à penser qu’il s’agit là plutôt d’une bonne nouvelle ?
La hausse des produits pétroliers renforce notre compétitivité par rapport à la concurrence «route» uniquement, et présage de ce fait d’un avenir prometteur sur ce plan.
Cependant, on peut craindre une chute du volume à transporter en cas de crise énergétique et économique au niveau mondial. En d’autres termes, l’impact de la hausse du gasoil pourrait signifier améliorer notre part de marché dans un marché rétréci, et n’est donc pas synonyme pour nous de croissance en terme de volume.
En outre, on pourrait connaître une réorientation des flux de transport de par le rapatriement en Europe d'activités délocalisées outre-mer.
Un autre problème réside dans le fait que les marchandises de faible valeur, essentiellement les matières à retraiter mais aussi les produits finis à faible valeur, ne supporteraient plus des coûts de transport en hausse, ce qui serait également un frein au commerce en containers.

 

Ne devrait-on pas commencer à jouer sur les accises pour faire diminuer le prix des carburants ?

Ma position serait plutôt l’inverse : il faut taxer à présent les produits pétroliers pour casser nos habitudes de consommation immodérée d’énergies fossiles, et valoriser au mieux les économies d’énergie. Car si on continue sur cette voie, on rapproche d’autant la date où la pénurie sera difficile à supporter.

 

Quelle peut être la parade pour vote société ?

Nous devons d’une part améliorer notre compétitivité, d’autre part, améliorer le produit. Nous avons à ce titre un objectif clair qui consiste à devenir «Extended Gateway». Cela signifie avoir un statut comparable à un port de mer au niveau douanier.
Il s’agit donc de réaliser les documents de transport maritime plus loin que le port, jusque chez nous, ce qui offrirait aux armateurs qui auraient recours à cette facilité d’avoir des cotations maritimes au départ ou à destination d’Athus.
Les opérations douanières prennent du temps, de un à deux jours, et bloquent les containers sur les quais maritimes. Ces containers se trouvant physiquement déjà sur le sol européen, ces opérations pourraient se dérouler pendant que le container voyage jusque chez nous.
En résumé, de par notre situation géographique optimale, il y aurait moyen de gagner à la fois en rapidité de livraison qu’en simplification des cotations maritimes.Ils prendrait donc possession du container à Athus et le restituerait à Athus plutôt que dans le Port de mer. Par la même occasion, le destinataire des marchandises n’aurait plus à devoir gérer une partie du transport continental. Nous sommes donc en train de réaliser les démarches pour obtenir les autorisations et les statuts douaniers adéquats.
Nous travaillons également sur la diversification de nos activités en reprenant le 1er août 2011 un entrepôt de 8.000 m2 avec comme objectif de s’en servir comme base pour ce que l’on appelle l’empotage/dépotage. Nous allons donc mettre en containers des marchandises provenant de la région Saar-Lor-Lux mises actuellement en containers à Anvers.
 

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