Une notion qui doit mûrir

L’INFPC, l'Institut National pour le développement de la Formation Professionnelle Continue, a pour vocation première de promouvoir la formation. Outre les outils déjà développés dans ce cadre, l’INFPC est en train de réaliser un état des lieux complet dans le domaine. Interview de Dominique Matera, chargé de direction.

 

Vous avez lancé deux enquêtes en 2010, la première visant à établir un inventaire de l’offre de formations au Grand-Duché, la deuxième sur la perception de la formation professionnelle continue et de la formation tout au long de la vie. Pouvez-vous brièvement revenir sur l’objectif de ces enquêtes? Quels sont les premiers résultats et quels sont les enseignements que l’on doit en tirer?

Nous avons effectivement lancé deux enquêtes au sein de l’observatoire de la formation que nous avons mis sur pied en 2009. La première concerne l’inventaire de l’offre de formations au Luxembourg. Il s’agit d’identifier cette offre à travers les organismes de formation actifs au Grand duché et de réaliser un état des lieux, soit quantifier et qualifier l’offre afin de pouvoir renvoyer une image plus proche de la réalité aux consommateurs, entreprises comme particuliers. Nous avons eu au final un peu plus de 220 répondants à l’enquête. C’est bien, mais je regrette qu’un certain nombre n’ait pas joué le jeu et qu’il ait été assez difficile de collecter les informations. Un autre objectif de cette enquête est de mettre en lumière l’offre de formation en invitant les offreurs non adhérents à rejoindre notre portail Internet www.lifelong-learning.lu. Nous procéderons à une mise à jour des données de l’enquête tous les trois ans.

 

Pourquoi n’ont-ils pas joué le jeu?

Il faut préciser que cette enquête est une grande première. Par conséquent, nous sommes face aux réticences classiques liées à la nouveauté. Ce qui explique que certains organismes de formation aient manifesté quelque retenue à divulguer des informations les concernant. Les objectifs de développement de la qualité – au sens générique – de la formation et de fédération des offreurs de formation sur la plateforme www.lifelong-learning.lu doivent encore faire leur chemin. Néanmoins, je me veux résolument confiant pour l’avenir.

 

Qu’en est-il de l’autre enquête?

Il s’agit d’un sondage qui s’adresse aux salariés actifs au Luxembourg, comprenant également les frontaliers. Le but est de sonder ce public afin de mesurer sa représentation de la formation professionnelle continue et, par extension, de l’éducation et de la formation tout au long de la vie. Là aussi, nous sommes en cours de traitement de l’information ; nous pensons pouvoir publier les résultats avant la fin du premier semestre 2011. Nous avons cependant déjà dégagé des tendances et je dirais qu’il y a au Luxembourg une réelle prise de conscience de l’importance de la formation professionnelle continue, une grande majorité des personnes interrogées estimant qu’elle est essentielle. Un petit nombre considère qu’elle est même indispensable, et ce, non seulement dans un contexte strictement professionnel mais général.

 

Parallèlement, vous avez débuté à la rentrée scolaire 2010/2011 un travail statistique non plus uniquement quantitatif mais aussi qualitatif sur la formation des entreprises qui bénéficient de l’aide de l’Etat. Qu’entendez-vous par “qualitatif” et où en est-on à ce stade?

Nous avons fortement complété notre base de données pour pouvoir analyser plus finement les informations émanant des entreprises, comme par exemple celles relatives à la durée des formations, au type de formation, aux publics cibles, aux catégories socioprofessionnelles les plus concernées, etc. Voilà pour les aspects qualitatifs que nous essayons de développer. Dans le futur, nous collecterons des informations directement au sein des entreprises. Actuellement, il faut avouer que nous en sommes encore au stade “quantitatif” en termes d’analyse. Il me paraît nécessaire de multiplier les échanges avec les entreprises afin d’évaluer l’impact des aides de l’Etat au niveau de l’amélioration des pratiques de formation sur le terrain. La qualité de la formation est encore une notion qui doit mûrir et qui ne peut pas être abordée par la seule lorgnette de l’INFPC. Pour la développer, il faudra nécessairement mener une réflexion commune avec d’autres acteurs clés de la formation.

 

Le secteur tertiaire étant particulièrement développé au Luxembourg, ce sont les formations liées à ces activités qui sont les plus recherchées, nous avez-vous confié il y a quelques mois. Qu’en est-il des formations liées directement ou indirectement au secteur des ressources humaines amené à fortement évoluer en période de crise?

En tant que promoteur de la formation professionnelle continue, l’NFPC contribue au développement des ressources humaines, c’est-à-dire à l’amélioration de la qualité et de la performance des ressources humaines qui oeuvrent dans l’ensemble de l’économie luxembourgeoise. Pour ma part, je souhaite que les dispositifs de développement des compétences se multiplient dans toutes les entreprises luxembourgeoises, sans distinction de secteur d’activité. Je pense que les entreprises en difficulté pendant la crise ont réfléchi à la manière d’affûter les compétences de leurs salariés pour mieux répondre aux développements et à la stratégie de l’entreprise post crise, et ce, aussi bien sur le plan individuel que collectif, technique ou comportemental.