Un concept global

C’est entre Quatre-Vents et Kopstal qu’a vu le jour une station de biogaz dont les propriétaires, exploitants et fournisseurs ne sont autres que trente agriculteurs qui se sont réunis en une coopérative en 2004, «Naturgas Kielen». Cette station génère de l’énergie renouvelable sous forme de biométhane injectée dans le réseau de gaz existant. Tour d’horizon sur cette initiative audacieuse avec son directeur, Nico Godart.
 

M. Godart, pouvez-vous nous présenter le grand projet que vous avez mis sur pied avec vos confrères agriculteurs aujourd’hui devenu pleinement fonctionnel ?

Nous avons décidé à trente agriculteurs, originaires de Kehlen et des communes avoisinantes de Mamer, Mersch, Septfontaines et Tuntange, de créer une coopérative dont l’objectif était de réaliser et d’exploiter une centrale de biogaz. Nous avons projeté de réaliser une centrale de biogaz inédite au Grand-Duché, capable d’offrir ce que je qualifie de «concept global»…




… et qu’entendez-vous par «concept global» ?

Non seulement les matières agricoles et les déchets organiques sont transformés en gaz avec les restes réutilisés comme engrais, mais parallèlement, le système de récupération des eaux pluviales garantissent une utilisation rationnelle de l’eau. La production de «biométhane» présente ainsi toute une série d’avantages au niveau environnemental. Il faut savoir que des technologies dernier cri ont été retenues dans la construction de l’usine, la rendant très économe en énergie, le tout combiné à une logistique très au point. Elle est ainsi un modèle dans le genre en Europe.

Nous vous avions déjà rencontré en novembre et la centrale était en phase de finalisation. Où en est-on aujourd’hui ?

L’installation est presque parachevée, les grands réglages étant presque finis. Nous avons ainsi perfectionné le processus de valorisation des déchets et la purification du gaz. Je tiens à souligner que grâce aux techniques installées, nous sommes en mesure de séparer la matière organique des matières inertes.


En quoi votre installation révolutionne-t-elle ce qui se fait en matière d’énergies renouvelables au Luxembourg ?

Le grand atout de notre procédé est la qualité du biométhane obtenu combiné à l’injection dans le réseau de gaz naturel qui donnera une plus grand flexibilité d’utilisation à notre produit. Les avantages qui en découlent sont multiples : tout d’abord une meilleure efficacité énergétique, la possibilité de le transformer en trois types d’énergies différentes – électrique, thermique et cinétique -, de le transporter sans perte sur de très longues distances, de servir comme source d’énergie pour fournir l’électricité pour la mobilité électrique, par exemple, ou encore comme base pour la production d’hydrogène – peut-être le carburant du futur.
Sachez que nous sommes les premiers au Grand-Duché à traiter des déchets organiques avec une hygiénisation des déchets suivant la norme de catégorie 3 (c’est-à-dire à une température d’au moins 70°C pendant 1h).

Quels sont vos principaux clients ?



Le syndicat intercommunal SICA, regroupant huit communes du canton de Capellen, qui a pour vocation de faire la collecte des ordures ménagères, et la Ville de Luxembourg. Ils nous livrent les déchets organiques provenant de la collecte individuelle. Je tiens à souligner que nous avons pour le moment l’exclusivité avec la capitale. 
Nous sommes actifs dans la Grande Région, ce qui s’explique aisément : nous sommes les seuls à proposer un service de ce type jusqu’autour de Metz. Cela dit, nous n’allons pas au-delà, estimant qu’il faille avant tout privilégier une démarche qui s’inscrive pleinement dans le développement durable.

Y a-t-il beaucoup de communes qui réalisent cette collecte ?



Hélas non, et je les encourage vivement à le faire. Pourquoi ne pas vouloir revaloriser ses déchets ?
J’aimerais préciser qu’une des grandes forces de notre installation réside dans le fait que nous avons trois grandes chaînes d’introduction pour trois gros types de produits différents. En tant que propriétaires, exploitants et fournisseurs, nous pouvons faire preuve d’une grande flexibilité en nous adaptant à la demande, augmentant la production de l’une en baissant celle de l’autre. En outre, nous pouvons sans problème réceptionner davantage de déchets et laisser tourner plus longtemps ces installations qui ne tournent pas à plein régime.


Le biogaz peut-il être racheté par l’Etat ?



Il n’y a que l’électricité qui est rémunérée par l’état luxembourgeois à l’heure actuelle bien qu’une directive européenne oblige les Etats membres à racheter toutes formes d’énergies renouvelables. Il serait grand temps que le Luxembourg transpose cette directive.
La catastrophe nucléaire au Japon est la preuve que nous avions déjà choisi la bonne voie dès 2004.
 

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