Le courage de passer la main
« Je jure d’observer la Constitution et les lois et de remplir fidèlement mes attributions constitutionnelles », a déclaré ce 3 octobre Guillaume, succédant à son père Henri et devenant le dixième Grand-Duc du Luxembourg. Une page d’histoire s’est ainsi tournée, marquant une transition rare que beaucoup de monarchies européennes n’osent pas vivre : celle d’une abdication volontaire, organisée et annoncée. Soyons clair, ailleurs, on s’accroche, souvent jusqu’à son dernier souffle.
La journée fut minutieusement orchestrée selon un protocole précis : cérémonie d’abdication, prestation de serment devant les députés, levée et hissage des drapeaux au monogramme du nouveau souverain, apparition au balcon du Palais et signature du Livre d’Or à l’hôtel de ville.
Au-delà du protocole et des symboles, c’est l’occasion de s’interroger sur le rôle de la monarchie dans le Luxembourg d’aujourd’hui. Depuis son accession en 2000, le Grand-Duc Henri a incarné la stabilité, la sobriété et la continuité. Son style discret reflétait l’image d’un pays sûr de lui, mais attaché à la modestie et à la régularité institutionnelle. S.A.R. le Grand-Duc héritier, lui, arrive à un moment bien différent de l’histoire nationale. Le Luxembourg de 2025 n’est plus celui d’il y a vingt-cinq ans : cosmopolite, marqué par une croissance soutenue et une diversité culturelle sans précédent. Près de la moitié de la population n’y possède pas la nationalité et le pays doit concilier ouverture économique, intégration sociale et affirmation de son identité. Mais alors, comment continuer à incarner une unité dans un pays multiple ?
C’est précisément dans ce contexte que la monarchie conserve une fonction essentielle : incarner une continuité et une unité symbolique, au-dessus des débats politiques et des mutations sociales. Le nouveau souverain, âgé de 43 ans, est perçu comme un héritier préparé, attaché à l’innovation et à l’économie, mais aussi conscient des attentes de la société civile. La popularité de ce nouveau Grand-Duc repose autant sur sa préparation que sur sa personnalité. Polyglotte, formé en France, au Luxembourg, en Suisse et en Angleterre, passionné d’économie et de culture, il a mené plus de 70 missions économiques avant même d’accéder au trône. Proche des habitants, il fait perdurer cette tradition de proximité que la famille grand-ducale entretient depuis des décennies.
C’est d’ailleurs proche des citoyens que la cérémonie s’est déroulée : dès vendredi, place Guillaume II, la population a pu assister en direct à la cérémonie d’abdication et au serment solennel. La famille grand-ducale a ensuite salué les spectateurs depuis le balcon du Palais, avant de se rendre à pied à l’hôtel de ville pour rencontrer la bourgmestre, Lydie Polfer et signer le Livre d’Or. Le lendemain, Guillaume et son épouse Stéphanie ont poursuivi leur tournée à travers le pays : bain de foule au Knuedler, rencontres à Wiltz, Dudelange, Steinfort et Grevenmacher, dans une atmosphère festive rythmée par des concerts et des animations.
Par Barbara Pierrot