Une commune au cœur de la gouvernance durable

Esch-sur-Alzette entend s’imposer comme un modèle de gouvernance participative et de durabilité. Sous l’impulsion de son bourgmestre Christian Weis et du député-échevin Meris Šehović, la commune lancera prochainement un conseil citoyen inédit qui vise à renforcer l’implication des habitants dans les décisions locales. Engagée dans des initiatives ambitieuses en matière d’énergie verte et de logements climatiquement neutres, la commune entend également améliorer la qualité de vie en plaçant l’humain et l’environnement au cœur de ses projets. Explications.

 

Votre commune mise sur la gouvernance inclusive, avec en ligne de mire la création d’un conseil des citoyens. Pouvez-vous nous en dire plus ?

CW : Le conseil des citoyens est plus formel que les réunions classiques et ponctuelles avec nos habitants dans la mesure où sa composition diffère. Celui-ci se composera en effet de 40 personnes environ, sélectionnées selon des critères spécifiques et impartiaux tels que la nationalité, la religion, l’âge ou encore le sexe, et sera ainsi représentatif de toute la population eschoise. Les futurs membres du conseil auront l’occasion de participer à la prise de décisions importantes et de discuter des questions liées à l’aménagement urbain, à la politique locale, aux mesures de lutte contre le changement climatique ou à la mobilité, des sujets qui touchent nos citoyens de près ; ce qui renforce la démocratie et la gouvernance participative et inclusive. Nous serons la première commune grand-ducale à proposer un tel concept.

Trouver des consensus et discuter des projets, petits ou grands, qui façonneront l’avenir d’Esch-sur-Alzette

MS : Pour créer ce conseil des citoyens, nous travaillons en étroite collaboration avec Democracy Next, une organisation internationale qui vise à déployer ce type d’initiative citoyenne dans toutes les parties du monde. Nous envisageons de lancer ce Biergerrot à la fin de l’année. Des formations sont déjà en cours depuis plusieurs mois pour préparer nos services municipaux à collaborer avec ce type de conseil qui nécessite des processus spécifiques.

 

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans un tel projet ?

CW : La grande majorité des Eschois sont ravis d’habiter au sein de notre commune. Ils aiment leur ville et en sont plutôt fiers. En lançant un conseil citoyen, nous souhaitons leur rendre notre confiance en démontrant qu’ensemble nous pouvons trouver des consensus et discuter des projets, petits ou grands, qui façonneront l’avenir d’Esch-sur-Alzette.

MS : Près de la moitié des résidents ne disposent pas de la nationalité luxembourgeoise et ne peuvent donc pas voter aux élections nationales. D’un point de vue plus local, pour les élections communales par exemple, les non-Luxembourgeois peuvent s’exprimer dans les urnes. C’est une belle avancée, mais une élection tous les six ans est insuffisante pour garantir une participation continue ; d’où la création de ce conseil.

 

Comment fonctionne ce conseil citoyen et qu’espérez-vous en retour ?

CW : Une fois le conseil créé, ses membres recevront des informations et des analyses d’experts sur les différents sujets traités pour en comprendre les enjeux, émettre les bonnes propositions et prendre les meilleures décisions possibles. Les participants ne seront pas associés au conseil communal, mais siègeront comme tel. Nous mettons un point d’honneur à séparer les deux entités. Après différentes discussions, ateliers et débats, les recommandations du conseil nous seront transmises, puis soumises au vote.

MS : Il faut s’imaginer que des journées, voire des soirées, seront consacrées à ces conseils. Ce concept s’adresse avant tout aux citoyens motivés et engagés sur le long terme. C’est primordial pour travailler dans la continuité. Rappelons également qu’en contrepartie, les personnes qui siègeront dans ce conseil seront rémunérées. Si elles sont actives, nous étudierons la possibilité d’aménager les horaires pendant une journée de travail. Ce sont des discussions et des négociations à avoir avec toutes les parties prenantes et nous réfléchissons à toutes les options.

CW : En créant ce conseil nous encourageons l’implication citoyenne dans la politique locale. Ce système et les rouages qu’il implique renforcent notre légitimité et l’efficacité de nos décisions politiques grâce aux recommandations de ses membres. Nous souhaitons véritablement placer l’humain au centre de nos réflexions pour améliorer la qualité de vie de tout un chacun.

 

Votre commune s’est engagée dans de nombreux projets en matière d’énergie notamment. Quels sont les projets en faveur de l’environnement qui ont été mis en œuvre dernièrement ?

CW : Ces dernières années, de nombreux efforts ont été effectués en faveur du Pacte Climat (niveau or) et du Pacte Nature. Nous sommes à la pointe de toutes ces certifications et sommes la première grande ville luxembourgeoise à recevoir le niveau argent pour le Pacte Nature qui œuvre en faveur de la protection de la biodiversité. Parmi les projets les plus marquants en matière d’environnement, citons les sept installations de panneaux photovoltaïques sur certains de nos bâtiments publics. Grâce à cette initiative, nous avons pu atteindre 1.000 kWh de production. Pour l’année prochaine, nous prévoyons d’augmenter cette capacité à 1.580 kWh à l’aide de divers projets, notamment en remplaçant les systèmes existants et obsolètes par des plus modernes. Toutes les consommations d’énergie de nos bâtiments publics sont aujourd’hui monitorées pour optimiser l’usage de nos ressources.

Placer l’humain au centre de nos réflexions pour améliorer la qualité de vie de tout un chacun

MS : À ce propos, nous travaillons sur un projet qui nous est très cher. Nous souhaitons donner une chance à chacun de participer à la transition énergétique. Jusqu’à maintenant, les panneaux photovoltaïques étaient très largement installés par les propriétaires de maison disposant d’une toiture assez grande pour pouvoir en profiter. Comment l’étendre à tous ? En travaillant sur un système qui s’adapte aux balcons des appartements par exemple. Nous offrons donc à chacun la possibilité d’agir pour l’environnement tout en réalisant des économies.

CW : De plus, en monitorant les consommations énergétiques de nos bâtiments, nous sommes en mesure de les améliorer grâce à l’étude de différents concepts. Nous souhaitons moderniser le système de chauffage qui se trouve dans l’Hôtel de Ville, une infrastructure magnifique détenant une riche histoire. L’une des pistes envisagées n’est autre que la récupération de la chaleur du parking souterrain qui se trouve juste en dessous de notre administration.

MS : Dans le même registre, nous utilisons la chaleur provenant de l’hôpital Emile Mayrisch pour chauffer les rues avoisinantes : Léier, Henri Dunant et une partie de la Winston Churchill. Nous visons également la construction d’écoles et de maisons relais pour répondre à la croissance de notre population tout en nous basant sur les principes d’efficacité énergétique.

 

Quelle est votre politique en matière de logements, notamment à prix abordable, sur votre territoire et dans les quartiers en développement ?

CW : Les futurs quartiers Route Lëns et Nonnewisen représentent nos deux plus grands projets d’urbanisme. Le premier est bâti sur d’anciennes friches industrielles inexploitées depuis plusieurs décennies. Nous sommes fiers d’avoir trouvé des partenaires désireux de se lancer dans un tel projet. Nous y planifions la construction d’environ 430 logements modulaires dans lesquels se trouveront des espaces partagés et des zones de rencontre. Le premier bâtiment est en cours d’achèvement et sera livré à la fin de l’année 2026. Près de 45 habitations à prix abordable seront ainsi créées.

MS : Ces quartiers nous permettent de répondre au besoin en logements du Luxembourg et de notre commune qui ne cesse de croître. Ceux-ci seront innovants et durables en raison de leurs caractéristiques et de leur conception climatiquement neutre. Nous misons sur un réseau d’anergie pour leur fonctionnement. Ce concept repose sur la circularité et permet par exemple les échanges thermiques entre les bâtiments.

CW : Enfin, nous rénovons les logements à coût modéré existants sur notre territoire pour améliorer leur efficacité énergétique et donc leur durabilité. En l’espace d’un an, nous avons réhabilité 12 unités sur 58. En raison de la croissance de la population, nous augmentons les effectifs de notre service pour répondre à la forte demande ainsi qu’aux nouvelles habitations qu’il faudra gérer dans notre commune.

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