Une campagne pour recycler les petits appareils et lutter contre le hoarding
Pour faire face aux défis posés par les appareils électriques et électroniques obsolètes, l’asbl Ecotrel lancera prochainement une nouvelle campagne de communication. Celle-ci mettra l’accent sur deux enjeux majeurs : l’élimination inappropriée des petits équipements électriques et électroniques dans la poubelle grise et le hoarding. Andy Maxant, directeur de l’association, présente cette nouvelle campagne et revient sur les solutions mises en œuvre pour pallier ces phénomènes.
Vous lancerez cette année une nouvelle campagne de communication. Pourquoi ?
Notre objectif est de mettre en lumière deux défis courants : d’une part, celui des petits appareils électriques et électroniques jetés dans la poubelle grise. Il s’agit d’objets du quotidien, comme les écouteurs sans fil, les câbles de recharge ou cigarettes électroniques, etc. D’autre part, celui du hoarding qui représente l’accumulation des appareils électriques et électroniques non utilisés chez soi.
Nous souhaitons sensibiliser le grand public à la réutilisation, mais aussi au recyclage de ces appareils. Si celui-ci est plutôt bien informé, il est essentiel de maintenir nos efforts de communication en la matière, notamment via les réseaux sociaux, les affichages publics ou encore les actions de street marketing. Nous avons également dédié une page web à ce sujet, www.ressources.lu, pour guider les citoyens vers les bonnes pratiques à adopter. En résumé, communiquer relève des missions fondamentales d’Ecotrel asbl, d’où le lancement de notre nouvelle campagne.
Pourquoi est-il problématique de retrouver des petits appareils électriques et électroniques dans les poubelles grises, et quelles sont les conséquences de leur mauvaise gestion ?
Une étude réalisée sur un échantillon de déchets ménagers au Luxembourg a par exemple révélé que 0,36% des déchets présents dans les poubelles grises étaient des déchets d’équipement électriques et électroniques (DEEE). Cela peut sembler peu mais, à l’échelle mondiale, les chiffres sont alarmants puisque 14 milliards de kilos d’équipements électriques et électroniques sont jetés chaque année de manière inappropriée, selon les chiffres du Global E-Waste Monitor 2024. Cela représente un double gâchis. D’une part, ces déchets finissent généralement dans les décharges ou sont incinérés, ce qui peut entraîner la pollution des sols et des eaux. D’autre part, ces produits contiennent des matières premières rares telles que le cuivre ou l’aluminium. Ces matériaux pourraient être recyclés et ensuite réintroduits sur le marché selon les principes de l’économie circulaire.
L’accumulation des appareils inutilisés porte aujourd’hui un nom : le hoarding. Quelle est la situation de ce phénomène au Luxembourg ?
Même s’il est petit par sa taille, le Grand-Duché n’échappe pas au phénomène mondial du hoarding – ou thésaurisation, une tendance à stocker des appareils obsolètes ou hors d’usage, souvent par attachement, par crainte liée à la confidentialité des données ou par espoir de les réutiliser un jour.
Réintégrer les appareils obsolètes ou en fin de vie dans le circuit économique plutôt que de les voir périr ou inutilisés dans les ménages
Pour lutter contre le hoarding, il est nécessaire d’informer le grand public sur ses impacts négatifs à travers des campagnes de communication. Nous misons également sur des initiatives locales comme le projet Social ReUse qui invite les citoyens à déposer leurs appareils encore fonctionnels dans des points dédiés dans leur centre de ressources. Ces équipements sont ensuite vérifiés, réparés si nécessaire et redistribués à des prix réduits ou donnés à ceux qui en ont besoin. En 2024, 9.872 appareils ont été collectés et, parmi eux, 8.150 ont pu être réutilisés grâce à ce projet, soit un taux de réutilisation de 83% ! Et pour les plus frileux qui craignent pour leurs données à caractère personnel, qu’ils soient rassurés : la destruction des disques durs est garantie avant que les appareils ne soient remis en circulation. C’est le cas par exemple avec l’asbl Digital Inclusion qui assure la confidentialité des données des anciens propriétaires lorsque leurs équipements sont remis sur le marché.
Quel bilan tirez-vous de l’année 2024 ?
Nous avons fêté notre 20e anniversaire l’an dernier. À cette occasion, S.A.R. le Grand-Duc et Serge Wilmes, ministre l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, ont visité le centre de démantèlement manuel de Bettembourg. Cet évènement est la reconnaissance d’un travail bien fait. Sa Majesté s’est montrée intéressée par le rôle crucial de notre organisation qui œuvre en faveur de l’économie circulaire au Luxembourg. Quant aux festivités, elles ont eu lieu au MUDAM avec la participation de plus de 200 personnes parmi lesquelles figuraient des confrères de la scène internationale : les membres du WEEE Forum et d’EUCOBAT, regroupant respectivement les organismes de gestion des déchets d’équipements électriques et électroniques ainsi que des batteries à l’international. La soirée a été enrichie par une expérience visuelle immersive axée sur les ressources précieuses que l’on retrouve dans les gisements de ces déchets.
à cette occasion, sur invitation d’Ecotrel et d’Ecobatterien et pour la première fois, une conférence commune entre ces deux organismes s’est tenue à l’European Convention Center ECCL.
Enfin, d’un point de vue plus personnel, j’ai été nommé au Conseil d’administration du WEEE Forum, ce qui représente une reconnaissance internationale pour le Luxembourg et marque une étape importante pour renforcer l’engagement du pays sur la scène internationale dans la promotion de l’économie circulaire.
Quels sont vos prochains défis à relever pour l’année 2025 ?
D’abord, celui de faire perdurer la sensibilisation à la réutilisation et au recyclage des appareils électriques et électroniques. Ensuite, nous souhaitons étendre cet objectif dans les établissements scolaires à travers des ateliers de sensibilisation dans les écoles, les collèges et les lycées. Enfin, et pour faire suite à une demande de l’Administration de l’environnement, nous élargirons notre champ d’action à d’autres types d’appareils appartenant au domaine du génie climatique et énergétique comme les panneaux photovoltaiques, les bornes de recharge ou les pompes à chaleur.