L’inclusion sociale au service de la cause environnementale
La bonne gestion des logements est un critère environnemental pour le moins non négligeable. Gilles Hempel, directeur de la Fondation pour l’Accès au Logement (FAL), présente les initiatives mises en place par l’organisation pour sensibiliser les bénéficiaires à ces enjeux. Il revient aussi sur l’engagement de la Fondation en faveur de l’inclusion sociale et sur les possibilités qu’elle offre aux communes pour endiguer la crise du logement.
Quelles sont les activités de la FAL ?
La Fondation pour l’Accès au Logement rassemble deux entités : l’Agence Immobilière Sociale (AIS) et Abitatio. Créée en 2009, l’AIS a pour objectif de louer des logements inoccupés. Au Luxembourg, nous comptons entre 10.000 et 20.000 infrastructures vides. Cela concerne par exemple les habitations dont les propriétaires sont partis en maison de retraite ou des héritiers qui ont reçu en succession un bien dont ils n’ont pas l’utilité. Notre mission est simple : mettre ces logements à disposition des citoyens aux revenus modestes sous forme de location. Le propriétaire n’a rien à craindre car nous lui apportons certaines garanties, notamment en matière de loyer ou encore d’entretien. Tout est géré par notre agence sans aucune contrainte.
Utiliser les Baulücken pour y installer des bâtiments modulaires et résoudre la problématique du logement qui frappe notre pays actuellement
En d’autres termes, nous luttons contre l’exclusion sociale par le logement. C’est une mission d’autant plus importante au Grand-Duché où il devient de plus en plus difficile de se loger… et pour l’instant, ce système fonctionne puisque nous disposons d’un parc de 630 biens. Depuis notre création, nous avons permis à 1.100 ménages d’obtenir un toit.
Nous nous sommes également lancés dans la promotion immobilière avec Abitatio. Nos locataires sont toujours aussi motivés à retrouver une autonomie, mais, en dix ans d’activité, nous avons constaté que l’envolée des prix de l’immobilier ne laissait aucune chance de se loger aux plus démunis.
Comment la FAL s’implique-t-elle dans les enjeux liés à la RSE ?
Le développement durable est parfois associé, à tort, aux seuls aspects environnementaux alors que les piliers sociaux et de gouvernance sont tout aussi indispensables. La Fondation pour l’Accès au Logement vise à offrir des habitations à tout un chacun et agit par conséquent socialement. Une société juste ne laisse personne à la rue, car le logement est la base de l’inclusion sociale.
Les plus pauvres vivent le plus souvent dans des habitations énergivores ou insalubres. Notre objectif est de sortir les personnes moins bien loties de cette situation en leur faisant bénéficier de nos services, soit via les logements que nous construisons, soit via ceux que nous louons à des personnes tierces. Nous veillons à ce que ces maisons ou appartements respectent un certain standard environnemental. Lorsque l’on évoque la problématique d’assainissement énergétique, il ne faut pas seulement penser à ceux qui ont les moyens de se procurer une maison passive ou une pompe à chaleur ! C’est pourquoi nous ne louons ni ne construisons aucune passoire énergétique pour nos bénéficiaires. En leur fournissant des logements bien isolés, nous leur permettons de sortir de la précarité, de diminuer leurs coûts de chauffage, d’améliorer leur confort de vie et, de fait, d’émettre moins de CO2.
Dans le cadre d’Abitatio, nous souhaitons utiliser les espaces déjà artificialisés pour nos projets de construction afin de mobiliser les terrains inscrits dans les PAG des communes. Nous tentons aussi de sensibiliser les propriétaires au sujet des « Baulücken » pour y installer des bâtiments modulaires et résoudre la problématique du logement qui frappe notre pays actuellement. On en compte environ 1.000 ha. Ces terrains inoccupés, s’ils continuent à l’être, obligeront les communes à ouvrir des périmètres de construction et à supprimer des zones vertes.
En interne, nous avons énormément travaillé autour de la digitalisation et de l’automatisation de nos processus pour viser le « paperless ». Nous avons également mis en place des purificateurs d’eau dans nos locaux de sorte que nos employés n’aient plus recours aux bouteilles en plastique. Enfin, nous sommes présents sur quatre sites aux quatre coins du Luxembourg. Nos collaborateurs ont ainsi moins de trajet à effectuer pour se rendre au travail et chez nos bénéficiaires.
Vous disposez d’un service « Coaching Logement ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, nous avons engagé un collaborateur qui y est dédié. Certains de nos bénéficiaires sont originaires de différentes régions du globe et n’ont pas forcément les habitudes ou les connaissances nécessaires à la bonne gestion d’un logement soumis à notre climat plus tempéré et, surtout, froid en hiver. D’autres sont réfugiés et ont été nourris, logés et blanchis par des structures d’accueil spécialisées. Une fois à l’AIS, ces personnes peuvent être démunies face à tant de responsabilités. Ce programme dépasse nos services d’accompagnement social visant l’inclusion. Au regard de la crise énergétique, les formations intensives permettront de sensibiliser nos bénéficiaires sur les avantages économiques et écologiques d’adopter les bons gestes pour l’environnement. La manipulation du chauffage ou l’aération du bâtiment font par exemple partie de la panoplie de méthodes simples mais efficaces à mettre en œuvre !
En d’autres termes, nous agissons à plusieurs niveaux d’un point de vue social et environnemental, car nos locataires bénéficient de formations pour apprendre les écogestes, mais aussi d’un logement plus écoresponsable qui leur permet de faciliter leur inclusion dans la société !