Un modèle pour les nouveaux développements sociaux
La RSE n’est pas une préoccupation nouvelle chez BGL BNP Paribas. Même si elle n’a été formalisée que l’année dernière avec la création d’un département dédié à ce sujet, la banque a déjà parcouru bien du chemin au cours des dernières années: membre de l’IMS, elle est aujourd’hui candidate au label d’Entreprise Socialement Responsable de l’INDR ; le groupe est signataire des Equator Principles et des Climate Principles et vient de créer un Climate Change Steering Committee.
Interview de Karin Schintgen, directrice du département Responsabilité sociale et Relations extérieures.
La RSE n’est pas une obligation légale mais une initiative volontaire de l’entreprise. Pourquoi avoir mis en place ce type de démarche chez BGL BNP Paribas?
Pour une institution comme BGL BNP Paribas qui, en tant que grande banque de la Place, se doit d’être exemplaire, un tel département s’imposait. La création de ce département s’inscrit dans une logique du groupe qui attache à la RSE une très grande importance. Au vu du volume de travail que nous avons, cette initiative se justifie pleinement car la RSE est une matière vaste, constituée d’une multitude d’éléments qui doivent tous concorder.
Le premier volet est l’environnement. Comment la démarche RSE se traduit-elle en la matière?
Avec plus de 4.000 collaborateurs, la banque a un impact environnemental important, ce dont nous avons pris conscience assez tôt. La préoccupation environnementale, qui est une des composantes de la RSE, a effectivement déjà été prise en considération lors de la construction du siège social de la banque dans les années 90. Ce bâtiment est certainement un très bel exemple de responsabilité sociale puisqu’il a été réalisé avec des matériaux durables comme le bois, l’acier, le verre ou la pierre, et parce que la luminosité et la distribution des espaces ont été étudiées pour y instaurer un environnement à la fois sain et agréable.
Les services financiers sont, en règle générale, de gros consommateurs en énergie tout simplement à cause d’une IT importante. Nous avons donc récemment décidé de moderniser notre installation de production d’eau glacée utilisée pour le refroidissement de ces bâtiments, ce qui a permis de réduire notre consommation en eau de 3.000 m3 par an, notre consommation énergétique de 20% et nos émissions de CO2 de 3.000 tonnes, soit l’équivalent de la consommation de 250 foyers.
Nous venons également d’inaugurer nos deux premières agences ‘vertes’ à Schifflange et à Bettembourg qui ont été rénovées avec des matériaux socialement responsables et ont été entièrement équipées avec des LED.
Nous avons aussi instauré toute une série de mesures qui vont dans la même direction au quotidien: un tri des déchets élaboré ou l’extinction automatique des lumières, par exemple. Nous encourageons aussi nos collaborateurs à éteindre leurs ordinateurs lorsqu’ils s’absentent plus de quinze minutes, tout en ayant la possibilité de réactiver les machines durant la nuit pour les mises à jour. De même, les boissons chaudes coûtent moins cher si les gens se présentent au distributeur avec une tasse plutôt que d’utiliser un gobelet en plastique.
Nous essayons de dissuader nos collègues de venir travailler individuellement. Pour réaliser ce projet, nous avons financé l’installation d’une station Velo’h, nous remboursons un certain pourcentage de leurs trajets s’ils utilisent les transports publics et nous avons créé une plateforme Internet pour les inciter à faire du covoiturage.
Pourriez-vous citer quelques exemples d’actions concrets qui concernent le volet social?
Au niveau du groupe, la Fondation BNP Paribas fait du mécénat depuis 25 ans et la BNP Paribas Corporate Philanthropy a été créée en 2010 pour assurer la cohérence des différents programmes conduits dans le monde en la matière. Au Luxembourg, nous sommes membre fondateur de la Fondation Weicker, constituée en 1989, et qui, à côté de conférences spécialisées, s’investit dans un grand nombre de projets de recherche scientifique. A noter que la Fondation Weicker a créé le Prix du progrès économique durable, pour la promotion des projets ou réalisations se distinguant par leur caractère innovateur et visant à moderniser le modèle social européen en investissant dans l’éducation, la formation, l’insertion dans le marché de l’emploi et le maintien de la cohésion sociale. Nous avons un autre projet, Coup de Pouce, plus tourné vers l’interne, qui vise à soutenir l'engagement de nos collaborateurs actifs dans des oeuvres caritatives. Cette année, cette opération a été suivie par un marché de Noël, où les quatorze associations retenues par Coup de Pouce ont pu se présenter, mais aussi vendre des produits et services.
En cette année qui, je le rappelle, est l’année du bénévolat, nous envisageons d’organiser au sein de la banque une asbl qui s’occupe du prêt de compétences. En effet nos collaborateurs représentent un trésor de compétences et certains d’entre eux souhaitent mettre ces compétences au service d’une bonne œuvre, d’un projet de microfinance ou de solidarité internationale. Nous voulons les aider à s’investir.
Par ailleurs, nous offrons des services qui permettent à nos collaborateurs de concilier les impératifs privés et professionnels, comme un centre de fitness, une crèche ou une conciergerie. Au sein de notre restaurant d’entreprise, nous leur proposons des produits fair trade, des menus diététiques et équilibrés, des paniers de fruits frais,…
La banque est engagée dans un nombre impressionnant de parrainages solidaires et culturels. Nous pensons aussi que l’engagement sportif est important surtout pour les jeunes et, de ce fait, nous soutenons -depuis longtemps déjà- le sport tant au niveau national qu’international. Nous sommes entre autres sponsor principal du Comité Olympique et Sportif Luxembourgeois et de la Fédération Luxembourgeoise de Football, ainsi que sponsor principal et title sponsor du BGL BNP Paribas Luxembourg Open de Tennis et de la BGL Ligue de Football
Que signifie RSE du point de vue économique pour une banque?
Pour le groupe, être responsable c’est d’abord se donner les moyens de jouer son rôle au sein de l’économie. Le groupe emploie notamment plus de 200.000 collaborateurs dont 4.200 à Luxembourg.
C’est ensuite contribuer à la protection de l’environnement et à la lutte contre les exclusions en agissant à travers nos propres financements et investissements.
En ce qui concerne la clientèle, de plus en plus de clients souhaitent aujourd’hui dédier une partie de leur fortune à des œuvres philanthropiques. Les clients de la banque privée peuvent faire des dons à la Fondation de l’Orangerie qui leur est dédiée, et s’ils préfèrent monter leur propre fondation, nous les aidons alors à la structurer individuellement ou nous leur proposons de le faire sous l’égide de la Fondation de Luxembourg.
En ce qui concerne notre politique d’investissement, nous avons toute une gamme de produits ISR (Investissement Socialement Responsable) qui intègre, en plus des critères financiers traditionnels, les critères de responsabilité sociale et environnementale dans la gestion de leurs portefeuilles. Ces produits permettent d’intégrer des critères extra-financiers à la décision d’investissement et de cibler des objectifs tels que la protection de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, ou encore la lutte contre la pauvreté.
La microfinance est elle aussi un outil de lutte contre la pauvreté, puisqu’elle permet la création d’emplois. Nous avons nous-mêmes souscrit l’année dernière au Luxembourg Microfinance and Development Fund et nous avons distribué ce fonds à travers notre réseau auprès de clients privés.
Quelles sont les retombées de cette démarche pour la banque? Sont-elles financières ou autres?
Encore une fois, une grande banque comme la nôtre a une fonction de modèle pour les nouveaux développements de la société. On voit aujourd’hui très clairement émerger la conscience et la volonté de ne pas laisser ce monde plus mauvais que nous l’avons trouvé. Dans ce sens, je pense que les développements environnementaux et sociaux sont tout aussi importants que le développement économique. Nous ne tirons pas de retombées financières à proprement parler de cette démarche. Elle nous rapporte des collaborateurs plus satisfaits et la conviction de contribuer par nos moyens et en tant qu’entreprise citoyenne à un monde meilleur, ce qui pour nous a une grande valeur, même si elle n’est pas monétaire.
BGL BNP Paribas organise le 22 mars 2011, au siège social de la banque (50, avenue J.F. Kennedy, Luxembourg-Kirchberg) un événement sur le thème de la RSE. Quel en est l’objet?
Nous travaillons depuis de longues années déjà avec de nombreuses organisations humanitaires basées au Luxembourg et actives dans le monde entier. Cette soirée sera l’occasion de partager avec elles notre vision de la responsabilité sociale et d’apprendre d’elles quels sont leurs besoins et ce qu’elles attendent d’un partenaire financier.