“Demain, tout se jouera sur la qualité de service”

Le secteur de la livraison express de colis et de courrier est une pierre angulaire de l’économie luxembourgeoise qui, comme les autres, a subi de plein fouet les effets de la crise. Pas de quoi effrayer le directeur et fondateur de Michel Greco S.A. qui préconise l’instauration d’une gestion hybride et se prépare d’ores et déjà à la refonte structurelle que le secteur devrait bientôt connaître. Interview.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans l’aventure de la création d’entreprise en 1987?

Je ne me voyais pas travailler dans des espaces clos, en effectuant des tâches identiques chaque jour, sans projets, ni visions ambitieuses. L’alternative était donc tout naturellement de me lancer dans une aventure professionnelle indépendante. Bien qu’aujourd’hui je ne regrette absolument pas ce choix, il faut néanmoins être conscient que les sacrifices à faire sont assez lourds et que le soutien des amis -et surtout de la famille- est un élément indispensable au bon équilibre moral. Aujourd’hui, je me dis que le fait d’avoir choisi mon propre nom comme dénomination sociale pour la société, était certainement dû à un complexe de jeunesse et que je cherchais sans doute à l’époque à épater les filles. En 2001, l’Entreprise des Postes et des Télécommunications Luxembourg, s’est jointe à cette aventure et, à ce jour, nous pouvons offrir en commun des solutions à valeur ajoutée dans l’intérêt du client. Avec le recul, je pense que ma décision en 2001 d’ouvrir le capital à l’EPT était une bonne idée et qu’elle a généré des synergies impensables en solitaire.

Le transport en général, express ou non, est-il un secteur clé au Luxembourg?

Bien évidemment, et pas seulement au Luxembourg. Les conséquences liées à une mauvaise gestion des courses ou des livraisons, peuvent avoir des répercussions ‘dramatiques’ sur toute une chaîne, allant de la production à la livraison finale. Nous nous souvenons tous du mois de décembre dernier lors duquel les conditions climatiques ont paralysé le réseau de distribution nationale. Les victimes de cette coupure d’acheminement étaient tout aussi bien des personnes morales que physiques. Un réseau de distribution efficace permet d’alimenter et surtout de contribuer à la croissance d’une économie.

Quel est votre constat suite à la crise économique et quelles mesures ont été prises pour y faire face?

Le Grand-Duché de Luxembourg n’est définitivement pas une île. Bien évidemment, la crise qui nous a frappé en 2008 et que nous subissons encore aujourd’hui dans une moindre mesure, a fragilisé bon nombre de sociétés et certaines ont malheureusement même dû cesser leurs activités. Je pense que la meilleure façon de gérer les périodes économiques ‘difficiles’ est de garder son calme et de rester pragmatique. Personnellement, je suis contre la mise en place d’une politique ‘conservatrice’ uniquement axée sur des mesures de réduction de coûts. Je préconise plutôt l’instauration d’une gestion hybride afin d’une part, d’optimiser au mieux ses processus internes d’économie de frais et d’autre part, de s’orienter vers une diversification de ses activités et de ses clients.

Le secteur du courrier express est-il encore en croissance?

Je ne pense pas que le courrier express réalisera dans les années à venir une croissance spectaculaire comme celle que nous avons connue durant ces vingt dernières années. Les formidables moyens de communication électronique existant à ce jour se chargeront à brève échéance de livrer ‘virtuellement’ des documents ayant à ce jour nécessité une intervention physique.

Quel est l’avenir du courrier express au Luxembourg? Vers quoi s’oriente-t-on?

Bien que le courrier en général devrait connaître à court terme sa propre crise ‘structurelle’, les services express et personnalisés resteront une niche isolée du courrier normal. Ce qui est certain pour nous, sociétés actives sur le marché, c’est que nous devrons offrir la meilleure qualité possible tout en proposant des services à valeur ajoutée et à des prix économiquement intéressants pour le client. Je suis persuadé que demain tout se jouera sur la qualité de service.

Quels sont les défis auxquels votre secteur va devoir faire face dans les années à venir?

Entre la libéralisation des services postaux et les moyens électroniques de communication existants, l’ensemble des sociétés exerçant dans notre secteur devra se remettre en question et se réorienter vers d’autres marchés à fort potentiel de développement. En tout cas, c’est la stratégie que suit déjà depuis quelques années Michel Greco S.A..

Vous disposez de 80 véhicules avec lesquels vous effectuez chaque jour quelque 4.500 livraisons quotidiennes, ce qui représente 6.650.000 kilomètres parcourus en 2010. Optez-vous pour des solutions écologiques et durables?

Michel Greco S.A. veille à limiter la pollution engendrée par ses activités en remplaçant progressivement ses véhicules par des modèles répondant à la norme européenne d’émissions Euro5 et ce, depuis le début de l’année 2010. A cela s’ajoute le fait que l’ensemble de la flotte est équipé d’un système de géolocalisation permettant une optimisation des trajets.

Michel Greco S.A. en bref

Avec 130 salariés et plus de 3.000.000 courriers et colis traités en 2010, la société Michel Greco S.A. est leader sur le marché national du secteur de la livraison et du transport express de courrier et de petits volumes. Forte de la participation majoritaire de l’Entreprise des Postes et Télécommunications Luxembourg depuis 2001, la société propose à sa clientèle une large gamme de services personnalisés et à valeur ajoutée. L’ensemble de la gamme de services permet de véhiculer les valeurs commerciales et industrielles partagées avec ses clients.