Deux générations, un avenir entre les mains
Il est connu de tous pour être le plus grand bureau d’études en génie technique du pays. Acteur historique dans le secteur, avec ses 75 ans d’activité, Goblet Lavandier & Associés n’en est pas moins tourné vers l’avenir. Dernièrement, deux administrateurs partant en pension ont cédé leur place à Cécile Wagner et Mike Dusseldorf, deux collaborateurs qui incarnent une nouvelle génération d’ingénieurs prête à pérenniser la société en perpétuant sa tradition d’innovation. Fränk Thill, administrateur délégué, les accompagne pour nous présenter une entreprise « fit for future ».
Histoire d’un pionnier
L’histoire du bureau d’études commence en 1948. Fondé par Ferdy et Élise Goblet, il est alors le premier bureau d’études thermiques du Grand-Duché. En 2001, il prend sa forme sociétale actuelle : Goblet Lavandier & Associés Ingénieurs Conseils S.A. Seize ans plus tard, il donne naissance à Golav Engineering GmbH, une société fille basée à Trèves, où il développait déjà des activités. En 2018, il prend ses quartiers dans son nouveau siège à Niederanven. Près de 160 collaborateurs y travaillent aujourd’hui. « Malgré sa forte croissance, la société garde son âme d’entreprise familiale. La famille s’est bien sûr agrandie, mais l’esprit d’équipe demeure. D’où une ancienneté moyenne qui avoisine les onze ans parmi nos effectifs », déclare Fränk Thill.
En 75 ans, ses équipes successives ont porté plus de 5.000 projets divers et variés pour quelque 1.800 clients. Bureau d’études techniques « pur et dur » à l’origine, Goblet Lavandier a progressivement élargi son champ d’activité au point de faire figure de « one-stop-shop » aujourd’hui. « Nous sommes ingénieurs-conseils, et le terme couvre des réalités diverses : la conception d’immeubles fonctionnels et résidentiels de toutes sortes et de toutes tailles, notre cœur de métier, mais aussi les procédures d’autorisation au sens large, les dossiers de subsides, et un accompagnement en phase d’exploitation pour des missions d’optimisation, de commissioning ou liées à la gestion des services généraux dans les communes par exemple (repas et transports scolaires, nettoyage de bâtiments, maintenance technique, etc.). Les services que nous offrons se sont donc largement diversifiés », poursuit l’administrateur délégué.
La relève assurée
Naturellement, la société évolue. Les départs en retraite représentent autant d’occasions de rajeunir l’effectif pour lui apporter un nouveau souffle, et ce à tous les échelons. Le conseil d’administration n’échappe pas à cette logique qui vise à pérenniser la structure. Alors que deux administrateurs l’ont quitté pour une pension bien méritée, deux autres, plus jeunes, l’ont rejoint : Cécile Wagner et Mike Dusseldorf.
La première, ingénieure diplômée de l’école Centrale Paris et Supélec Paris, a rejoint Goblet Lavandier il y a onze ans, après avoir fait ses premières armes en région parisienne. « L’organisation de l’entreprise, qui confère une certaine flexibilité et un réel bien-être à ses collaborateurs, m’a plu d’emblée. Jeune maman à l’époque, j’ai eu la chance de m’épanouir dans ma carrière sans sacrifier ma vie de famille. J’ai d’abord rejoint le département « énergie », où je travaillais sur les audits et passeports énergétiques, avant d’intégrer l’équipe « techniques spéciales » pour laquelle je planifiais des cuisines professionnelles. En parallèle, j’ai développé l’activité d’assistance aux maîtres d’ouvrage dans le domaine de l’exploitation et du Facility Management, notamment pour aider nos clients à se conformer aux exigences de la loi de 2018 sur les marchés publics. Aujourd’hui administratrice, je m’investis dans l’organisation générale de la société, la politique QA (Assurance Qualité) de l’entreprise et le volet RSE », indique Cécile Wagner.
Investir dans la jeunesse permet d’introduire de nouvelles idées
Quant à Mike Dusseldorf, ingénieur diplômé de l’École polytechnique fédérale de Zurich, il débute sa carrière dans un bureau d’études techniques luxembourgeois avant de rejoindre les équipes de Goblet Lavandier en 2009. « J’ai été engagé en tant que chef de projet et ai travaillé sur de nombreux immeubles résidentiels et infrastructures communales, puis sur des bâtiments administratifs. Dans le même temps, j’ai développé une certaine expertise sur les centrales de chauffage à biomasse. Dans mon métier, j’apprécie le côté collaboratif et le contact avec les différentes parties prenantes d’un projet. Le maître d’ouvrage, l’architecte, les ingénieurs et les entreprises exécutantes ont tous un point de vue qui leur est propre et des intérêts à défendre. Pour mener à bien un chantier, il faut savoir écouter chacun. J’accorde une grande importance à la communication et je crois que cela me sera utile dans mon nouveau rôle d’administrateur où je me chargerai plus particulièrement de la direction et des aspects d’organisation interne du suivi des projets, mais aussi de membre du conseil de l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils que j’ai également rejoint pour défendre les intérêts du secteur au sens large », dévoile Mike Dusseldorf.
Ensemble, ils rejoignent une équipe dirigeante chevronnée : Roby Eischen, Tom Schaeffer et Fränk Thill, administrateurs délégués, ainsi que Jacques Weyland et Jürgen Müller, administrateurs eux aussi. En particulier, Roby Eischen, qui est membre du conseil d’administration depuis plus de 20 ans, entend laisser de l’espace aux jeunes qui représentent le futur de l’entreprise, tout en préparant de manière fluide et optimale la transition. En ce sens, il agira du deuxième rang et s’occupera principalement de la stratégie, des contacts clients et du partage de ses expériences avec ses associés.
Pour chacune des générations qui composent cette équipe renforcée, la mixité est perçue comme un véritable atout. « Bien que nous partagions tous le même objectif, à savoir pérenniser l’entreprise en maîtrisant notre cœur de métier et en perpétuant notre savoir-faire, il arrive que nous ayons des points de vue différents. L’avantage des administrateurs de longue date est bien entendu de bénéficier d’une expérience leur permettant d’identifier aisément les dommages collatéraux qui peuvent accompagner l’un ou l’autre problème ; le revers de la médaille étant un excès de prudence qui peut freiner certaines opportunités que les jeunes sont plus enclins à saisir. C’est pourquoi la mixité est une immense richesse à nos yeux », estime Fränk Thill.
« En outre, Cécile et moi-même apportons une vision du monde du travail plus en phase avec les réalités et les attentes actuelles. Notre aspiration à tous est de pérenniser la société. Pour ce faire, nous devrons y intégrer la génération Z et les suivantes en tenant compte de leurs desiderata. C’est d’autant plus indispensable que notre travail est intellectuel. La richesse de notre entreprise réside donc essentiellement dans ses collaborateurs. Mais notre ambition n’est pas seulement de perpétuer nos activités, c’est aussi de conserver notre place de leader dans notre domaine. Investir dans la jeunesse permet également d’introduire de nouvelles idées. Une société qui n’investit pas dans l’innovation est vouée à disparaître », ajoute Mike Dusseldorf.
L’innovation pour tradition
Qu’à cela ne tienne. Goblet Lavandier soutient l’innovation, notamment grâce à un département et un budget y dédiés. Quatre ingénieurs épaulés par un physicien planchent sur des sujets aussi variés que le photovoltaïque, le stockage d’énergie électrique dans les bâtiments, l’électromobilité, les pompes à chaleur, la géothermie, la décarbonation des immeubles existants, les smart buildings, les concepts low tech, les matériaux écologiques ou encore l’économie circulaire. « Il est important pour nous d’offrir une certaine liberté à cette équipe afin qu’elle puisse organiser une véritable veille technologique et mener à bien les recherches nécessaires. L’évolution des technologies est telle qu’une adaptation permanente est nécessaire. Or, entre le premier coup de pelle et la réception, il s’écoule deux ou trois ans. Si nous voulons que nos constructions soient toujours considérées comme modernes lors de leur livraison, il faut anticiper. Le travail commence parfois avant que le premier trait de l’architecte ne soit tracé », explique Mike Dusseldorf.
D’ailleurs, pour être à la pointe, le bureau est convaincu qu’il doit sortir de son cocon luxembourgeois ; raison pour laquelle il a rejoint First Q, un groupement de bureaux d’études en génie technique européen. « Ce réseau nous offre un espace d’échange ouvert et convivial. Nous y discutons notamment du BIM avec les Scandinaves qui ont un peu d’avance sur nous en la matière et bénéficions ainsi de leur retour d’expérience. Des workshops sont régulièrement organisés, aussi bien sur des sujet techniques que sur l’IT ou les RH, par exemple », précise Cécile Wagner.
Un partage d’expérience dont Goblet Lavandier a bénéficié pour la réalisation du projet Rout Lëns. Après un échange d’expériences avec des collègues suisses, le bureau développe le premier réseau d’anergie au Grand-Duché. « Il s’agit d’une façon révolutionnaire de combiner les besoins en chaleur et en refroidissement à grande échelle. En l’occurrence, des forages à 200 m de profondeur permettront un échange de chaleur sur 11 ha de terrain », poursuit l’administratrice.
Parmi les derniers projets innovants en date, citons aussi le bâtiment Hélix, nouveau siège de POST Luxembourg. Goblet Lavandier l’a équipé du plus grand bac à glace de la Grande Région. Ce bac de 1.800 m3, combiné à des pompes à chaleur, permet de chauffer et de refroidir l’immeuble grâce à l’énergie contenue dans l’air extérieur et à la récupération de chaleur du centre de télécommunications de POST. Profiter de l’abondance d’une forme d’énergie à un endroit pour l’exploiter ailleurs, voilà le genre de concept « future proof » que l’entreprise ambitionne de mettre en œuvre et qui la place parmi les sociétés résolument modernes.
Tourné vers l’avenir aussi bien dans ses projets que dans son management, le bureau entend bien miser sur son intelligence collective. Celle-ci lui permet d’accompagner ses clients avec excellence du début à la fin de leurs projets de construction, et ce pour longtemps encore.