Les communes: acteurs clés d’une transition écologique en vue d’assurer une meilleure qualité de vie
Les élections communales sont un moment clé non seulement pour choisir les responsables politiques des années à venir, mais aussi pour faire le point: quelles sont les avancées dans les communes pour assurer une meilleure qualité de vie aux citoyennes et citoyens, quels (nouveaux) défis doivent être assumés par les communes et comment peuvent-elles participer à la transition juste et durable de notre société au niveau communal et régional? Le Mouvement Écologique a répondu à ces questions en publiant une roadmap de 156 pages pour promouvoir les idées de communes durables. Interview avec sa présidente, Blanche Weber.
Qu’est-ce qui a poussé le Mouvement Écologique à rédiger un document si volumineux?
Il est vrai que nos propositions sont assez vastes et détaillées. Mais nous voulions donner à tout un chacun désireux de s’engager au niveau communal un support concret et pratique – allant au-delà des slogans – sur les différents thèmes clés du développement durable.
C’est pour cela que nous avons développé des idées concrètes dans des domaines allant de la démocratie à la mobilité en passant par le logement, la biodiversité, l’économie, la protection de l’eau et la santé.
Quelle est la réflexion de base qui vous a orientés?
Notre conviction fondamentale est la suivante: surtout en ces temps de crise, il faut développer des visions d’avenir positives pour les générations à venir; visions qui constituent en même temps une amélioration à court terme et qui prônent le respect des limites naturelles de la planète, la justice sociale, la qualité de vie plutôt que la consommation matérielle, la cohésion sociale par une participation accrue et une meilleure cohabitation – soit des objectifs qualifiés de transition socio-écologique.
Un rôle clé revient aux communes dans la mise en œuvre très concrète de ces principes, ceci avec les citoyennes et citoyens. Tout en sachant que les grandes décisions se font au niveau national, voire européen et international, ce sont les communes qui sont les plus proches des citoyennes et citoyens et qui peuvent montrer sur le terrain que nous disposons, en tant que société, d’une multitude d’instruments pour faire avancer les choses.
Trouvez-vous que les communes actuelles n’en font pas assez?
Non, ce n’est pas notre message. Notre message est le suivant: il devient de plus en plus évident que nous devons repenser de façon plus fondamentale notre mode de vie. Il ne suffit plus d’entreprendre une initiative positive par ci par là, mais il faut se repositionner.
Si j’avais la chance de rempiler pour un nouveau mandat, j’aimerais réaliser l’agrandissement de l’hôtel de ville
Prenons un exemple: la verdurisation de nos villes et villages. Ces dernières années, des communes ont bien évidemment entrepris des efforts en la matière. Mais, nous savons qu’avec le changement climatique les villes vont se réchauffer et que nous aurons de plus en plus de canicules en été, de périodes où l’eau nous manquera et d’autres où il y en aura trop. De plus, nous connaissons le bienfait que des espaces verts constituent pour la santé et la qualité de vie. Dès lors, les communes ont la chance de pouvoir relever ce défi. Une verdurisation poussée va de pair avec plus de biodiversité, un apaisement de la circulation, la création d’une limite à 30 km/h au sein des agglomérations, l’aménagement d’espaces-rues invitant à y séjourner, à se rencontrer, à échanger… C’est tout un changement de paradigme pour notre vivre-ensemble.
Pensez-vous que les gens soutiennent ces idées? C’est une question clé…
Je crois que votre question tourne aussi autour du rôle de la voiture dans nos villages, car qui dit verduriser et créer de nouveaux espaces communs veut aussi dire repenser le rôle de la voiture et lui donner moins d’espace, promouvoir la mobilité active et les transports publics. Des analyses montrent que de plus en plus de gens attendent des responsables politiques de ne pas subordonner tout le développement des localités aux voitures. D’ailleurs, ils veulent aussi redonner de l’espace aux enfants pour jouer. Ceci vaut autant pour de nouveaux lotissements que pour le bâti existant. L’idée des circuits courts est une idée maîtresse, qui implique aussi une revalorisation des centres des agglomérations du point de vue du commerce et des services. Mais nous en arrivons à un autre thème clé: la participation citoyenne.
Le Mouvement Écologique est un adepte de cette participation…
Oui, depuis belle lurette. Je ne peux plus guère compter les conférences, prises de position et autres que nous avons organisées en la matière. Pour nous, le défi clé de la période législative dans les communes est d’organiser une réelle participation citoyenne. Mais celle-là devrait absolument tenir compte de critères de qualité et les responsables politiques doivent vraiment souscrire à 100% à cette participation: il faut choisir une approche permettant de s’adresser à différents groupes de la population, s’assurer qu’on ne collecte pas seulement des idées, mais qu’il y ait un réel échange, aussi entre les citoyennes et citoyens. Ceci est trop rarement le cas. L’idée de faciliter des référendums ou des comités de citoyens, tel que l’a fait récemment la ministre de l’Intérieur, ne remplace pas une politique de participation continue dans les différents champs d’action communale.
Ce débat est indispensable car tous les défis qui se posent à notre société nécessitent des discussions bienveillantes sur des priorités à se donner. Ce sont les communes qui peuvent organiser un échange aussi important, car ce sont elles qui sont «au front», au plus proche des réalités, si l’on peut le dire comme cela.