La finance au rythme de l’ESG
La finance a un rôle moteur à jouer dans la transition vers une économie verte. Aujourd’hui à un tournant, les investissements se vêtissent autrement pour un changement positif tant environnemental que sociétal. Investir dans un fonds durable équivaut à contribuer à un monde meilleur en encourageant les entreprises qui s’engagent pour le développement durable. Vincent Villebesseix, directeur de BGL BNP Paribas Banque Privée, présente les enjeux de la finance verte, son impact sur la société et la planète et met l’accent sur l’ultime nécessité, pour les entreprises, de se concentrer sur les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) afin d’allier la durabilité à la rentabilité.
Quels sont les principaux fondements de la finance verte?
Par définition, la finance a un impact prépondérant sur l’économie, et par conséquent, sur la planète et son fonctionnement. Verte, elle est motrice de changements et vise à améliorer les actions et les décisions prises en faveur d’un monde plus durable. À noter toutefois que l’adjectif vert est réducteur puisque l’expression renvoie en réalité aux trois types de facteurs ESG: Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance.
Le client, par ses choix en matière d’investissement, possède un levier fort et joue un rôle moteur pour faire changer la société. En tant que Banque Privée, nous avons un rôle clé à jouer pour l’accompagner et le conseiller pour qu’il atteigne ses ambitions.
Comment BGL BNP Paribas s’implique-t-elle dans les fonds responsables?
BGL BNP Paribas, et plus globalement le Groupe BNP Paribas, travaille depuis de longues années sur ce sujet. Concrètement, nous misons sur la recherche et le développement de solutions innovantes tout comme sur les échanges avec nos clients pour totalement appréhender leurs besoins et intérêts. L’objectif est de leur offrir des solutions adéquates parmi la large palette d’investissements à notre disposition.
Il est primordial d’être extrêmement rigoureux dans la définition d’un fonds ESG car les autorités et nos clients attendent de nous une vraie crédibilité. C’est pourquoi il faut continuer à normer et professionnaliser ce domaine. Ce travail est en cours et il passe par différentes réglementations, dont notamment la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), qui posent les bases réglementaires pour déterminer quel fonds peut être labelisé ESG ou non. La réglementation va dans le bon sens et contribue à apporter plus de transparence.
Est-il possible d’allier la rentabilité à un impact sociétal, durable ou environnemental positif?
Ce questionnement autour de la rentabilité revient souvent sur la table, et c’est normal. Il est pourtant de moins en moins évoqué. La crise du Covid-19 a été un révélateur marquant. Nous avons constaté que les entreprises les mieux positionnées en matière d’ESG étaient celles qui ont le mieux résisté au choc financier sur les marchés de février-mars 2020.
Un investissement est le reflet d’une valeur actuelle mais surtout future. En suivant ce raisonnement, il est logique de sélectionner une entreprise avec un bon potentiel et nous sommes tous unanimes pour dire que les critères ESG sont un maillon essentiel pour qu’une entreprise soit pérenne et que les investissements qui y sont liés soient rentables.
Comment un client peut-il mesurer son impact sur la société en général à travers ses investissements?
Habituellement, l’impact et la finalité de l’investissement sont retranscrits dans un reporting réalisé par le gestionnaire d’actifs. Celui-ci se doit d’être fiable et transparent.
Au sein de BGL BNP Paribas Banque Privée, en lien avec notre Groupe, nous avons développé une méthodologie de notation propre, qui est auditable et traçable. Celle-ci permet de classifier les instruments financiers sur une échelle de zéro à dix trèfles en fonction de leur niveau d’intégration de la durabilité. Cette notation permet de comparer la durabilité des instruments au sein d’une même classe d’actifs ou entre classes d’actifs.
Nous disposons également d’un outil, «myImpact», qui permet de définir de façon ludique les priorités et les besoins de chaque client à la lumière des 17 objectifs de développement durable de l’ONU: lutte contre la pauvreté, accès à l’eau salubre et à l’assainissement, égalité entre les sexes, etc. Une fois ce questionnaire rempli, nous lui proposons des solutions en adéquation avec ses convictions, en utilisant également la méthodologie des trèfles.
Jusqu’il y a peu, nous manquions d’une grille universelle commune à toutes les institutions financières. La réglementation SFDR et la taxonomie européenne permettront désormais d’avoir des règles communes pour l’ensemble des acteurs financiers à ce sujet. Des discussions sont aujourd’hui en cours et ces échanges aboutiront à une taxonomie identique à tous en Europe et permettront de normer les approches pour obtenir plus de lisibilité et de traçabilité tout en éliminant ce risque qu’est le greenwashing.
Par définition, la finance est une matière immatérielle et, selon nous, il est important que les clients puissent identifier l’impact effectif de leurs investissements. Le reporting est un outil mais nous souhaitons approfondir la démarche car ces derniers souhaitent voir avant tout la portée concrète de leur participation à un investissement ESG.
Avez-vous déjà eu des retours concrets par rapport à des investissements plus durables?
Oui, j’aimerais en citer deux qui ont eu des impacts au niveau local! Début 2020, nous avons proposé d’investir dans un produit structuré avec un indice ESG sous-jacent. Par leur investissement dans ce produit, nos clients ont contribué au reboisement de forêts dans le nord du Luxembourg
Par ailleurs fin 2020 et 2021, avec notre gestionnaire d’actifs BNP Paribas Asset Management, nous avons sélectionné des fonds thématiques répondant aux critères ESG. En les choisissant, les clients ont permis le versement de dons à des associations luxembourgeoises. Ainsi, en plus d’investir dans des fonds durables, ils ont réalisé une action positive et locale sur la société au Grand-Duché de Luxembourg.
Quels sont vos futurs projets en matière de finance verte?
Nous disposons déjà d’une offre large mais nous souhaitons aller encore plus loin en étendant notre offre financière en gestion sous mandat. Plus largement également, et cela dépasse le cadre de BGL BNP Paribas, notre Banque a adhéré à la «Net-Zero Banking Alliance» l’année dernière. Cet engagement implique des investissements et des efforts conséquents sur le long terme. Cela nous permet de montrer l’exemple et d’asseoir nos fortes convictions en matière de finance verte, en adéquation avec les investissements proposés à nos clients.
Tout converge de manière cohérente vers une prise en considération croissante de ces sujets partagés par la société, les gouvernants et les acteurs financiers. L’écosystème dans son ensemble est porté par cette vague. L’avenir de la finance verte est donc positif. L’avenir, ce sont aussi les générations futures et actuelles qui sont plus sensibles aux enjeux sociétaux ou liés à la durabilité que leurs aînés.
En ce qui concerne la Banque Privée, nous ouvrons 2022 avec une sélection de thématiques d’investissement faisant la part belle aux fonds ESG dont l’économie circulaire, l’économie bleue et le pacte de relance européen qui est fléché vers les actifs durables.