Pierre Gramegna fait le point sur les finances publiques: «Les comptes de l’État inspirent confiance à l’approche de la fin de l’année»
Le ministre des Finances Pierre Gramegna a fait le point ce 26 novembre 2021 sur la situation financière de l’État au 31 octobre 2021 devant les membres de la Commission des finances et du budget et de la Commission du contrôle de l’exécution budgétaire de la Chambre des députés.
À l’occasion de cette présentation, Pierre Gramegna a commenté les chiffres de la façon suivante:
«Je constate avec satisfaction que la normalisation de la vie économique au Luxembourg va de pair avec une amélioration progressive des finances publiques du pays. Les comptes de l’État sont de nouveau légèrement excédentaires au 31 octobre 2021 et ils inspirent confiance, puisque les recettes renouent avec le rythme de croissance que l’on connaissait avant la crise et les dépenses retrouvent le chemin d’une évolution plus soutenable grâce à une politique budgétaire responsable. À l’approche de la fin de l’année et à deux semaines des débats parlementaires sur le projet de budget pour 2022, je me réjouis du fait que les finances publiques poursuivent ainsi une trajectoire prometteuse, ce qui permettra de relever les défis de demain avec sérénité.»
La lecture détaillée des chiffres de l’Administration centrale révèle tout d’abord des recettes publiques à hauteur de 18 milliards d’euros au 31 octobre 2021 ce qui représente une hausse de 2,6 milliards d’euros, soit +16,8% par rapport aux dix premiers mois de 2020. Les recettes de l’État se situent à 94,4% du budget voté, ce qui est largement supérieur au 10/12 ou 83,3% qui auraient dû être atteints sur cette période.
Comparé au niveau de recettes de l’Administration centrale observé au 31 octobre 2019, la hausse est de 1,6 milliard d’euros, ce qui équivaut à un taux de croissance annuel de +5% (ou +10% sur 2 ans), soit une moyenne que l’on connaissait avant la crise.
L’évolution positive des recettes trouve son origine dans la très forte progression des recettes de TVA qui augmentent de +688 millions d’euros en comparaison annuelle, sous le double effet de la reprise de la consommation et d’un retour à la normale en matière de remboursements. Même avant que la nouvelle tranche indiciaire ne produise ses effets sur les salaires et pensions, les recettes provenant de l’impôt retenu sur les traitements et salaires (RTS) connaissent une augmentation de +279 millions d’euros, grâce à la bonne tenue du marché du travail. À ce sujet, on constate que le taux de chômage poursuit sa baisse pour retrouver le niveau d’avant la pandémie. La performance soutenue des marchés financiers fait en sorte que les recettes perçues à travers la taxe d’abonnement sur les fonds d’investissement augmentent de +240 millions d’euros, tandis que les recettes dues à l’impôt sur le revenu des capitaux connaissent une hausse exceptionnellement forte de l’ordre de +304 millions d’euros, toujours en comparaison au 31 octobre 2020. Ces chiffres soulignent la contribution positive de la place financière à l’évolution économique du pays, encore renforcée dans le contexte de la pandémie.
Quant aux droits d’accise perçus sur les carburants (y compris la taxe CO2), la progression des recettes par rapport à l’année de crise 2020 est de l’ordre de +105 millions d’euros. L’analyse des chiffres par rapport à 2019 est toutefois mieux adaptée pour cerner le véritable impact des mesures environnementales du gouvernement, puisqu’il s’agit là d’une année non perturbée par une mobilité fortement réduite en raison de la pandémie. À cet égard, on constate désormais une moins-value des recettes de -68 millions d’euros en comparaison au 31 octobre 2019, et ce malgré l’introduction de la taxe sur le carbone. Une baisse structurelle des ventes de carburants peut en effet être constatée, tant au niveau de l’essence (-12,3% en termes de litres d’essence vendus par rapport à 2019) qu’au niveau du diesel (-22,5%). En même temps, cela correspond à une réduction d’environ -21% des émissions de CO2 provenant de la vente de carburants, contribuant de la sorte au respect des engagements du Luxembourg en vertu de la lutte contre le changement climatique.
Les dépenses publiques de l’Administration centrale se situent, quant à elles, à 17,9 milliards d’euros au 31 octobre 2021, ce qui ne représente qu’une variation de +244 millions d’euros ou +1,4% par rapport à 2020. Par rapport à l’année antérieure, c.-à-d. par rapport au 31 octobre 2019, les dépenses connaissent une augmentation de +2,3 milliards d’euros, ce qui équivaut à une croissance annuelle moyenne d’environ +7% (ou +14% sur 2 ans). Si ce taux demeure élevé par rapport à la tendance historique d’environ 5%, il s’explique largement par le maintien de certaines mesures de soutien à l’économie et les déboursements effectués dans le cadre des différents régimes d’aides COVID-19. Les dépenses afférentes pour l’exercice budgétaire 2021 se chiffrent à environ 608 millions au 31 octobre 2021, ce qui porte le total des aides déboursées par l’État à presque 2,7 milliards d’euros depuis l’éclatement de la pandémie en mars 2020. S’y ajoute des dépenses provisoires de l’ordre de quelque 6 millions d’euros suite aux inondations de juillet dernier.
Au-delà des régimes d’aides, le gouvernement continuera à appuyer la relance à travers sa politique d’investissement public ambitieuse pour laquelle une somme totale de 2,2 milliards d’euros a été dépensée sur les dix premiers mois de 2021. Ceci représente une hausse de +10% par rapport à 2020 (en faisant abstraction d’un effet comptable exceptionnel survenu en 2020 en raison des règles de comptabilisation du SEC 2010), voire une progression de +21% par rapport à la même période de 2019.
Enfin, il y a lieu de noter que les prestations sociales diminuent mécaniquement par rapport à 2020. Cette baisse, qui était largement anticipée, se chiffre à -333 millions d’euros ou -15,5% et elle s’explique surtout par la dissipation des dépenses réalisées au titre du régime du chômage partiel auquel il est de moins en moins recouru au vu de la normalisation de vie économique. Les dépenses de consommation intermédiaire, qui correspondent aux frais de fonctionnement, connaissent toutefois une progression de +9,7% ou +125 millions d’euros, dont environ la moitié (soit 60 millions d’euros) est attribuable aux dépenses effectuées dans le cadre de la campagne de vaccination.
En conclusion, l’effet de ciseaux positif – qui provient du fait que les recettes augmentent de façon beaucoup plus importante que les dépenses – fait en sorte que le solde de l’Administration centrale est nettement amélioré par rapport à 2020. Au 31 octobre 2021, l’Administration centrale réalise un solde légèrement excédentaire de 96 millions d’euros, soit une amélioration de +2.341 millions d’euros par rapport au 31 octobre 2020. Ce solde reste toutefois en-deçà de celui observé en 2019, lorsque l’Administration centrale affichait un excédent de 751 millions d’euros au même moment de l’année.
Pierre Gramegna tire le bilan intermédiaire suivant:
«Même s’il ne s’agit que d’une photo momentanée de la situation, les chiffres au 31 octobre 2021 sont rassurants, puisque la tendance positive des derniers mois s’est largement confirmée. Étant donné que les incertitudes ont augmenté ces derniers temps, notamment en ce qui concerne l’évolution de la pandémie et les pressions inflationnistes à travers le monde entier, la bonne maîtrise des dépenses publiques doit continuer à être assurée, tout en suivant de près l’évolution de recettes.»
Communiqué par le ministère des Finances