Accélérer le changement de mentalité en matière de mobilité

Si à son origine l’Automobile Club du Luxembourg (ACL) a été créé par et pour des automobilistes, il s’est petit à petit attelé à résoudre des problématiques liées à la mobilité dans son ensemble. En créant la formation de Mobility Manager en collaboration avec l’Université du Luxembourg, l’ACL entend ainsi réduire le trafic en contribuant au changement de mentalité concernant la mobilité en entreprise. Jean-Claude Juchem, CEO de l’ACL, revient avec nous sur les pistes à explorer pour décongestionner les routes en intégrant la multimodalité dans nos quotidiens.

 

Pourriez-vous nous présenter l’ACL en quelques mots…

L’ACL a été créé en 1932 dans le but premier d’organiser des voyages et d’assister ses membres au cours de ceux-ci. Au fil du développement de la mobilité motorisée, notre organisation a évolué pour proposer des solutions aux problèmes de mobilité rencontrés par ses 190.000 affiliés privés et professionnels, que ce soit au Luxembourg ou à l’international où nous collaborons avec les clubs automobiles étrangers. Disponible 24h/7j à travers notre call center, géré par nos collaborateurs multilingues, notre assistance classique de dépannage routier est également accessible via l’eCall Mobile, l’application vous localisant rapidement et avec précision sur le lieu de votre panne ou accident.

Parmi nos services de mobilité, nous mettons à disposition des voitures de remplacement 24h/7j, proposons un service de location de véhicule et de camping-car au Luxembourg ou à l’étranger et de leasing de voitures électriques pour les particuliers. Nous informons également nos membres sur l’état des routes avec notre info-trafic. Notre service de Conseil est compétent à différents niveaux: choix d’un nouveau véhicule ou évaluation de son état, obtention du statut de véhicule historique,… Nous proposons également différentes formations. Enfin, nos activités d’organisation de voyages et de services relatifs aux véhicules historiques sont complétées par notre département ACL Sport, l’instance dirigeante du sport automobile national et le représentant officiel de la Fédération Internationale de l’Automobile au Luxembourg.

Pour adapter nos offres aux besoins de nos membres, nous avons développé une assistance spécifique aux vélos, aux pannes ménagères et aux informations concernant le transport des animaux de compagnie. A travers notre site de Mondercange, nous proposerons à l’avenir des services de sports et loisirs, du karting, ainsi que l’organisation d’événements.

 

Quelles sont les pistes à explorer pour fluidifier le trafic au Luxembourg? 

Les raisons de la congestion du trafic sont à attribuer principalement aux déplacements liés à l’emploi et à l’éducation, qui obligent les usagers à se déplacer aux mêmes horaires. Le télétravail est donc une opportunité unique de réduire le nombre de voitures sur les routes. Si les employés qui en ont la possibilité prestaient deux jours de travail par semaine à domicile, le trafic diminuerait de presque 40%.

Pour qu’un véritable changement de mentalité en matière de mobilité s’opère en entreprise, nous pensons qu’un collaborateur doit en avoir la charge. C’est pourquoi nous avons développé, il y a deux ans, une formation de Mobility Manager en collaboration avec l’Université du Luxembourg et avons formé une quarantaine de personnes à cette fonction. A l’instar du travailleur désigné à la sécurité, un responsable par entreprise devrait être chargé d’informer les collaborateurs et la direction des différents moyens de transport existants et d’identifier des solutions collectives. Ce conseiller en mobilité deviendrait un catalyseur du changement de mentalité en entreprise, chargé de bousculer les habitudes et de proposer des alternatives. Nous avons également décliné cette formation pour l’adapter aux décideurs communaux devant aménager la circulation sur leur territoire.

 

La multimodalité pourrait-elle faire partie des solutions à envisager?

Selon nous, le mot d’ordre pour résoudre les problèmes de trafic est la flexibilité. Nous pensons que si la fiscalité n’était plus basée sur la valeur d’acquisition d’un véhicule, mais sur un budget mobilité équivalant permettant de créer son patchwork de solutions, cela favoriserait le recours à des modes de transport variés. Nous lançons donc un appel à une coopération entre les pouvoirs publics et les acteurs privés de la mobilité comme l’ACL, afin de combiner les efforts de la mobilité collective et individuelle dans la recherche d’alternatives. De plus, si nous combinions nos efforts et réunissions les informations sur la mobilité publique et individuelle dans une seule et même application, nous offririons aux usagers une plus grande flexibilité ainsi que le confort d’une information centralisée et en séduirions un plus grand nombre.

Il est également important d’assurer la bonne cohabitation des différents usagers de la route pour en assurer la sécurité. Nous pensons par exemple que les pistes cyclables devraient disposer de leur propre espace sécurisé, à l’abri du trafic motorisé. Il faudrait aussi sensibiliser les plus jeunes à ces thématiques, en commençant par l’école.

En entreprise, le gestionnaire de flotte serait le mieux placé pour suivre notre formation. En plus d’améliorer la qualité de vie des employés, il pourrait aider l’entreprise à réduire les coûts de gestion du parc automobile, de navettes,… De plus, le coût d’un véhicule immobilisé est de l’argent perdu qu’il pourrait investir pour développer des alternatives et intégrer d’autres moyens de transport comme des scooters ou vélos électriques, encourageant ainsi la multimodalité. Il pourrait également identifier les besoins de chaque utilisateur et lui conseiller le mode de transport qui lui conviendrait le mieux, plutôt que de choisir par défaut la voiture.

 

Quels sont les prochains développements à envisager pour augmenter l’impact du Mobility Manager au sein des entreprises?

Nous aimerions créer une plateforme d’échange réunissant tous les conseillers en mobilité du pays afin qu’ils puissent communiquer sur les actions mises en place et partager leurs bonnes pratiques. Ils pourraient également échanger sur les problématiques spécifiques de mobilité qu’ils rencontrent et avoir le soutien de l’ACL et de l’Université pour mener des enquêtes.

A travers cette plateforme, des entreprises voisines pourraient joindre leurs efforts pour développer des services de mobilité communs à leur zone. En allant plus loin, il deviendrait possible de communautariser leur flotte de vélos ou autres véhicules. Grâce à cette communauté, les Mobility Manager novices pourraient bénéficier de l’expérience des plus expérimentés.

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