Covid-19, un accélérateur vers un monde durable

Avant l’arrivée de la crise du Covid-19, c’était le mouvement mondial des grèves pour le climat qui faisait la une des journaux. Se posant la question de savoir s’il existe un lien entre les deux, Georg Joucken, Head of Private Banking à la Banque Raiffeisen, a utilisé les fameux critères de durabilité «ESG» comme grille d’analyse de ces deux défis d’actualité.

 

Les critères d’analyse extra-financière «ESG» reposent sur trois piliers, qui permettent, en plus de la performance financière conventionnelle d’une entreprise, d’évaluer son rôle en tant qu’acteur responsable. Le premier critère (E) examine notamment l’utilisation des ressources, le degré de pollution ou tout autre aspect lié à des risques environnementaux. Les autres critères (S & G) concernent respectivement des aspects sociaux, comme la santé et sécurité des employés ou encore les droits de l’homme, et de gouvernance, à travers une analyse de l’indépendance et de la transparence des organes et fonctions de contrôle. En pratique, c’est la gouvernance qui permet d’implémenter une culture écologique (E) et équitable (S) au sein d’une entreprise.

 

«Le manque de durabilité a contribué à l’émergence de la crise actuelle»

Aujourd’hui, nous ne connaissons toujours pas l’origine de l’épidémie de Covid-19, mais si le virus provient d’un animal, l’intervention intrusive de l’être humain dans la biosphère (E) pourrait être un catalyseur de l’émergence de la crise sanitaire actuelle.

Quant aux aspects sociaux (S), l’absence de préparation de nos systèmes médicaux-sociaux pour faire face à une crise de cette envergure s’est matérialisée par une pénurie initiale de protections buccales, de lits et par les limites de nos capacités humaines pour gérer la pandémie.

La globalisation de l’économie (G) avec des voyages d’affaires, des chaînes de production et de distribution dispersées autour du globe, ainsi que le manque de considération des impacts écologiques et sociaux par certaines entreprises ont facilité la propagation du virus et accentué l’impact dévastateur sur l’activité économique.

 

«Il existe une série de points communs entre la crise sanitaire ainsi que la crise climatique et l’injustice sociale»

Les deux crises présentent des défis et dangers majeurs pour l’être humain, sont transfrontalières et mondiales et ont un impact potentiellement néfaste sur l’activité économique. Par ailleurs, la nécessité de changer notre mode de fonctionnement et de consommation actuel, le besoin de coopération au plan international et l’importance d’une certaine capacité d’écoute des scientifiques par les décideurs politiques sont seulement quelques exemples d’ingrédients communs pour surmonter les deux crises… et chacun peut y participer à son niveau.

Il est aussi intéressant de constater qu’il existe des négativistes pour chacune des crises et que la perception des risques peut être très différente d’une personne à l’autre. D’une façon caricaturale, et sans vouloir généraliser, on pourrait s’imaginer que «les jeunes» se disent qu’ils ne se sont  pas concernés par la menace de mort du Covid-19, comme «les vieux» pourraient se dire qu’ils ne sont pas concernés par la crise climatique en raison de leur âge.

 

«La crise du Covid-19 nous aidera à évoluer vers un monde durable»

Pour revenir au sigle «ESG», l’effet d’apprentissage écologique (E) réalisé par la gestion de la crise sanitaire, notamment à travers des changements comportementaux liés à l’instauration forcée du télétravail et d’une éducation à distance, est certainement bénéfique pour relever le défi climatique.

Au niveau social (S), la volonté de se protéger mutuellement contre le Covid-19 a globalement renforcé l’esprit de solidarité, même si la crise aggrave actuellement l’écart entre les couches sociales de la population. En termes de gouvernance (G), les décideurs politiques ont priorisé la maîtrise de la pandémie avant d’enchaîner directement sur des plans de relance économique à différentes échelles.

Au niveau européen, il a été décidé d’utiliser la crise du Covid-19 comme opportunité pour accélérer la transformation économique vers un mode plus durable et digital, matérialisé notamment par la mise en place du programme de relance «Next Generation EU», qui se rajoute au «Green Deal», déjà annoncé en 2019.

 

«Le secteur financier jouera un rôle clé pour accélérer la transformation vers un monde plus écologique et équitable»

Des programmes de relance à des hauteurs inédites ne suffiront tout de même pas à financer la transformation vers un monde plus écologique et équitable. C’est la raison pour laquelle les dirigeants européens responsabilisent l’ensemble des acteurs du secteur privé et les gouvernements pour atteindre l’objectif commun de préservation d’un monde vivable pour les prochaines générations.

Les banques, en tant qu’intermédiaires entre l’économie réelle et les marchés financiers, jouent un rôle crucial, entre autres en finançant cette transformation avec les gouvernements ainsi qu’en implémentant une offre de produits et services durables pour répondre aux besoins des clients et aux exigences du régulateur.

C’est dans ce contexte que la Banque Raiffeisen, en tant que coopérative et en tant qu’une des trois premières banques de la Place, a également décidé de s’engager dans la voie d’un monde plus écologique et équitable, en signant les «Principles for Responsible Banking» des Nations unies.

Au niveau de l’offre en matière de placements, c’est depuis un peu plus d’un an que la banque dispose d’une gamme complète de produits et services durables qui deviendra son offre standard d’ici deux ans.

Les réflexions menées mettent en évidence l’interconnexion des crises et l’importance de la contribution individuelle. D’une certaine façon le Covid-19 peut être considéré comme une première piqûre pour accélérer la transformation vers un monde plus écologique et équitable.

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