Mesurer les consommations pour les réduire
Alors qu’une directive européenne impose aux Etats membres la communication mensuelle, détaillée et proactive de leurs informations de consommation aux habitants d’ici janvier 2022, le groupe ista est déjà en train de créer une application répondant à cet impératif. Cette solution sera testée au Luxembourg cet été dans le cadre d’un projet pilote en vue de son déploiement en début d’année 2021. Joachim Colles, Country-Manager, et Adelaide Wampach, Operations-Manager chez ista Luxembourg, nous parlent des coulisses de ce projet en construction.
En quoi consistent les mesures imposées par la directive européenne sur l’efficacité énergétique?
JC: La directive européenne 2018/2002 du 11 décembre 2018 concerne l’efficacité énergétique des bâtiments et impacte directement notre métier. En effet, cette dernière exige une transparence dans l’information de sa consommation pour chaque utilisateur d’un bâtiment. En cas de location, les propriétaires auront également la responsabilité de transmettre ces relevés aux locataires.
De plus, la directive spécifie que les utilisateurs doivent être informés proactivement. Il ne faudra donc pas se contenter de mettre les informations de consommation à disposition sur un portail web, mais s’assurer que l’habitant les reçoive par lettre, par email ou par le biais d’une application, et ce, mensuellement.
Le Luxembourg est actuellement en retard pour intégrer la directive dans sa loi nationale. Des initiatives comme le Pacte Climat existent déjà, mais ce dernier se base sur une autre directive européenne qui prend en compte les résultats globaux d’un pays, tous domaines confondus. La directive prévoit pourtant qu’en octobre 2020 les compteurs nouvellement installés puissent être lus à distance afin qu’en janvier 2022 les informations de consommation puissent être communiquées mensuellement aux usagers.
Quelles sont les solutions qu’ista Luxembourg peut proposer pour se conformer à cette directive?
JC: Pour aider les propriétaires à respecter la loi, notre siège en Allemagne développe actuellement une application à destination des usagers d’un bâtiment. Nous estimons qu’elle sera opérationnelle au début de l’année 2021, soit plus d’un an à l’avance par rapport aux exigences réglementaires.
Prévue pour un déploiement mondial au sein de toutes les entités du groupe, l’application sera testée au Luxembourg dans le cadre d’un projet pilote au cours de l’été 2020. La lecture des compteurs étant 100% automatisées dans environ 30% de nos bâtiments, nous recevons les relevés de consommation chaque semaine, ce qui nous permet de tester cette application.
AW: Cet outil digital sera l’accompagnateur régulier des usagers, il ne s’agira pas pour eux de ne le consulter qu’une fois par an! De mois en mois, ils auront accès à cette information de manière visuelle, observeront leurs impacts financier et climatique sur la durée et auront l’opportunité d’agir à ces niveaux. Favorisant l’interactivité, cette application intuitive motivera l’usager à son utilisation. Pour les propriétaires, il s’agit d’une solution économique qui ne demande pas beaucoup de travaux et peut donc facilement être mise en place tout en impactant directement la consommation énergétique par habitant.
JC: La directive européenne insiste par ailleurs sur l’importance de créer «des synergies entre les mesures d’efficacité énergétique et l’utilisation efficace des ressources naturelles, conformément aux principes de l’économie circulaire». C’est dans ce cadre que nous déploierons en mai 2020 un projet commun avec la SuperDrecksKescht, Ecobel, visant à effectuer un décompte des déchets par habitant. Nous aimerions à terme intégrer ce type de décompte à notre application.
Quels sont les avantages de cette application?
JC: Bien qu’elle soit encore en cours d’élaboration, nous savons déjà que l’application fournira des informations comme la consommation en «kWh» ou en litre d’eau chaude. Elle exprimera également une tarification en euros des consommations passées, mais aussi des estimations sur les consommations futures en fonction des habitudes des usagers. Le calcul sera effectué à partir d’un prix de référence basé sur les années antérieures. Nous prévoyons d’intégrer dans le futur des informations comme la consommation d’eau froide.
AW: Nous pensons qu’en exprimant des données chiffrées et tarifées, cela montrera une tendance à l’utilisateur et le sensibilisera. Les entreprises de décompte comme la nôtre sont les premières à pouvoir développer des outils et à avoir un véritable impact à long terme sur le climat, à travers l’information de chaque consommation individuelle.
Nous gérons le relevé des consommations d’environ 53.000 occupants dont seulement 30% sont automatisés, or il s’agit de la base du fonctionnement de notre application. Si nous parvenons à atteindre un taux maximal d’automatisation cela offrirait plus de flexibilité aux clients, mais aurait aussi un impact sur la mobilité et par conséquent sur l’environnement. Or le changement de compteur est préconisé tous les dix ans afin d’obtenir une qualité de relevé optimale. Comme actuellement nous n´avons aucune loi en vigueur au Luxembourg imposant un remplacement tous les dix ans, beaucoup de propriétaires n’en voient pas forcément l’utilité.
JC: Au Luxembourg, on estime que les consommations énergétiques des bâtiments correspondent à presque 20% des émissions globales du pays. Il s’agit donc d’un domaine dans lequel nous pourrions réaliser de nombreux efforts, même dans les constructions passives où la consommation peut toujours être réduite. En effet, si les utilisateurs n’ont pas été formés à l’utilisation de ce type de bâtiment, ils gaspilleront de l’énergie sans même en avoir conscience.
Vous œuvrez également à la sensibilisation des plus jeunes…
AW: En effet! L’année dernière nous avions accueilli plusieurs lycéens via l’association Day Care, ce qui avait eu un impact très positif sur les participants. Cette année, nous participerons notamment à la journée Jonk Entrepreneuren au cours de laquelle deux jeunes suivront la direction.
Ce sont pour nous des occasions d’informer les plus jeunes sur les métiers d’ista, qui sont très peu connus et de leur montrer l’impact que nous pouvons avoir sur les projets d’efficacité énergétique au Luxembourg.