La station de Bleesbruck en conformité avec les paramètres de rejet de l’Union européenne!

SIDEN

Le 5 octobre prochain aura lieu l’inauguration des deux premières phases de la construction de la station d’épuration modernisée de Bleesbruck dans le nord du pays. Le fait est suffisamment rare pour être souligné: sous l’impulsion du Syndicat Intercommunal de Dépollution des Eaux résiduaires du Nord (SIDEN), la station a pu être mise en conformité avec les normes européennes près d’un an en avance sur le planning initial et dans les limites du budget! Explications avec Aly Kaes et Roland Schaack, respectivement président et ingénieur-directeur du SIDEN.

 

La station de Bleesbruck a été la dernière station d’épuration du pays à avoir entamé ses travaux de modernisation. Pourquoi?

AK: C’est une longue histoire. Notre dossier était prêt depuis 2003, soit bien avant que la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) ne prononce un arrêt contre le Luxembourg pour non-respect des obligations d’une directive européenne de 1991 sur le traitement des eaux usées, notamment la réduction de teneurs en phosphore et en azote dans les rejets. Pour des raisons purement procédurales et totalement indépendantes de notre volonté, la loi de financement relative à la construction d’une nouvelle station d’épuration à Bleesbruck n’a été finalement votée à la Chambre des Députés qu’en décembre 2013 – soit dix ans plus tard! – pour un budget global de 81 millions d’euros.

La condamnation de notre pays en matière d’épuration des eaux usées visait au départ six stations de traitement. En 2013, il n’en restait plus que deux, celle de Bonnevoie et la nôtre, pour lesquelles une pénalité financière a été prononcée. Mais nous avons réussi à limiter la facture si je puis dire en finalisant les travaux de conformité aux normes européennes bien en avance. En janvier 2018, les valeurs de rejet de la nouvelle station d’épuration étaient déclarées conformes par notre service analytique. Grâce à cette année d’avance – la fin des travaux était prévue initialement pour la fin de cette année -, nous avons réduit la pénalité d’un million d’euros pour le Trésor public!

 

Comment avez-vous réussi ce tour de force?

RS: Nous avons établi un planning très serré et mené plusieurs chantiers de front quand c’était possible. Nous n’avons pas non plus perdu de temps pour affiner les dossiers de soumission nécessaires. Cinq mois seulement après le vote à la Chambre des Députés, les travaux de modernisation avaient déjà débuté. Etant donné que le site, très exigu, conférait une grande technicité et complexité au projet et qu’il fallait en plus maintenir les installations existantes en service, nous avons prévu cinq phases successives.

Nous avons pu obtenir la mise en conformité aux normes européennes plus tôt que prévu!

La première phase a consisté à dépolluer les sols tout en débutant les travaux de construction d’une station d’épuration provisoire destinée à mettre hors service le plus vite possible les anciens bassins. Nous avons érigé cette station provisoire sur la parcelle vierge allouée au projet de manière à ne pas la déconstruire mais au contraire à l’intégrer dans la nouvelle station par la suite. Après la mise en service de la station provisoire une année après le début des travaux, nous avons démoli l’ancienne et creusé des bassins pour un volume total de 18.000 m3 – contre 3.000 auparavant (phase 2). La phase 3 a été consacrée à la construction du bâtiment administratif à côté des bassins et sera suivie par la filière du traitement des boues (phase 4) et l’érection des bâtiments techniques et des hangars sur une dalle en béton au-dessus des bassins. Dans la même période nous avons transformé l’ancien bâtiment administratif en un laboratoire plus grand et plus adapté à nos missions d’analyse de la qualité des eaux. Le nouveau bâtiment administratif est en service depuis mars 2018 et les phases 4 et 5 seront définitivement achevées dans le courant de l’année 2021. En parallèle, nous procéderons également au remplacement progressif des 93 petites stations d’épuration mécaniques encore en activité sur notre territoire. La mise en conformité aux normes européennes sera alors complète.

 

Pourquoi avoir choisi le mois d’octobre 2018 pour inaugurer la station d’épuration alors que celle-ci est en activité depuis plusieurs mois déjà?

RS: Nous avons dû attendre que l’administration luxembourgeoise confirme notre mise en conformité aux normes européennes. A présent que nous avons obtenu cette confirmation, nous avons voulu l’acter par une cérémonie officielle en présence de la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg. Une journée portes ouvertes destinée au grand public sera prévue le lendemain de la cérémonie.

 

La station d’épuration de Bleesbruck est aussi impliquée dans un projet-pilote. Pouvez-vous nous en dire plus?

AK: Il existe en effet au Luxembourg un projet relatif au traitement des substances médicamenteuses. Actuellement, les stations d’épuration classiques rejettent des eaux contenant des substances comme les pesticides, les hormones et autres substances chimiques. Quatre stations de traitement ont été sélectionnées pour ce projet-pilote, dont la nôtre. Le projet sera vraisemblablement dans sa phase opérationnelle en 2021, soit après la finalisation du chantier de Bleesbruck.

Cela étant, je crois qu’il est important de préciser que notre mission ne se limite pas à de vastes mesures de mise en conformité ou à des participations à des projets-pilotes. Nous assurons également la maintenance de près de 160 stations d’épuration pour une population d’environ 84.000 habitants, soit 220.000 Equivalents-Habitants – avec la station d’épuration modernisée, notre capacité de traitement à Bleesbruck est passée de 100.000 à 130.000 Equivalents-Habitants – et veillons à la qualité de l’eau sur un territoire de 1.075 kilomètres carrés rassemblant un total de 35 communes!

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