Le financement vert : un nouveau potentiel pour le Luxembourg

Tandis que les partisans du nouveau profil de la finance verte luxembourgeoise reconnaissent son impact positif sur l’image de marque nationale du petit pays en combinaison avec les stimuli économiques, des commentateurs plus critiques soulignent les effets d’un possible «lavage vert».
Dans l’article intitulé « Green financing, interrupted. Potential directions for sustainable finance in Luxembourg” Local Environment, 2018 (First Online 22 January 2018) – https://doi.org/10.1080/1354 9839.2018.1428792 Dr. Sabine DÖRRY, chercheuse au LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) et Dr. Christian SCHULZ, professeur à l’Université du Luxembourg explorent les liens existants et potentiels (encore manquants) entre l’industrie financière et les entreprises locales qui aspirent à des pratiques économiques plus durables.
Les investissements verts ont en effet gagné du poids dans les stratégies des investisseurs mondiaux. C’est pourquoi il est intéressant d’analyser et identifier les principales caractéristiques de ces processus d’écologisation financière. Il faut partir du fait que les actifs verts sont encore majoritairement gérés selon la logique de la « finance financiarisée », c’est-à-dire en souscrivant à la logique myopique de la valeur actionnariale1. Les technologies de marchandisation, de titrisation et de négoce de produits dérivés s’opposent prétendument à des pratiques économiques alternatives, qui visent la durabilité économique par le biais de gains sociaux et environnementaux. Par conséquent, ces technologies de « finance financiarisée » posent la question de savoir si et dans quelle mesure les investissements verts pourraient être/devenir durables – au sens le plus large du terme.
Compte tenu de cette critique, Dr. Dörry et Dr. Schulz opposent l’approche des investissements verts à celle des pratiques financières alternatives et analysent : Comment l’industrie financière est-elle liée aux pratiques financières alternatives, aux produits et organisations qui offrent des services de financement orientés sur la durabilité – par exemple, les banques régionales, les coopératives et autres – avec un accent particulier sur les entreprises vertes, sociales et solidaires?
Les deux approches s’inscrivent dans des idéologies apparemment contradictoires. Dans cet article, les auteurs cherchent à établir un dialogue constructif entre les modèles opposés du «capitalisme vert» et des «économies alternatives» pour identifier les points d’intersection potentiels.
Le contexte des économies locales/régionales luxembourgeoises offre une excellente opportunité d’accéder empiriquement à trois niveaux d’investigation: le secteur privé, le secteur public et la place financière internationale du Luxembourg, un facilitateur clé pour la finance verte.
Tandis que les partisans du nouveau profil de la finance verte luxembourgeoise reconnaissent son impact positif sur l’image de marque nationale du petit pays en combinaison avec les stimuli économiques, des commentateurs plus critiques soulignent les effets d’un possible «lavage vert»2.
Le document conclut que l’élan des initiatives alternatives reste fragmenté, mais que les initiatives «vertes» disruptives et innovantes sont en bonne voie.
Sabine DÖRRY (LISER)
Christian SCHULZ (Université du Luxembourg)


1 Ajustement intentionnel des investissements de long terme dans l’objectif d’atteindre des résultats sur le court terme.
2 « Lavage vert » ou greenwashing consiste à verdir l’image d’un produit, d’une entreprise, en donnant une image vertueuse sans pour autant proposer un service durable. Il s’agit d’un acte de tromperie des consommateurs concernant des pratiques environnementales ou les avantages environnementaux d’un produit ou d’un service qui sont annoncées mais non réalisées en pratique par une entreprise.

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