Dématérialiser le bureau de demain
Nouvel espace de travail, bureau mobile, bureau 2.0, Activity-based workspace: les termes pour nommer l’évolution des usages professionnels sont légion. En cause: la technologie qui a redéfini les attentes concernant le travail et la communication, en promettant une collaboration harmonieuse, des systèmes intelligents et une productivité optimale. Le secteur public ne fait pas exception. Rencontre avec Philippe Pierre, associé en charge du secteur public et responsable mondial Institutions européennes, et Patrice Waltzing, responsable finance et opérations, chez PwC Luxembourg.
Quelles sont les caractéristiques du nouvel espace de travail?
PW: La nouvelle mobilité se résume par une suppression progressive des contraintes spatio-temporelles, qui bouscule les habitudes de travail. Toutes les entreprises sont impactées et doivent s’adapter face à ce bouleversement tant technologique que culturel. Ce nouvel environnement de travail rend les employés opérationnels quel que soit leur environnement de travail ou plutôt, parce qu’il s’est déplacé dans leurs mains grâce à des équipements adaptés, mais grâce aussi à des applications métiers ou à des services de collaboration et de communication unifiées dématérialisant la notion de bureau. Aujourd’hui, l’ordinateur portable et le GSM sont omniprésents, les gens n’ont plus de postes fixes, ils travaillent en équipe, par projet.
Cette réalité s’applique-t-elle au secteur public?
PP: Pour le secteur public, il serait opportun de repenser l’espace de travail des fonctionnaires. Obtenir une demi-journée de télétravail par semaine ne doit plus relever de l’exploit pour un agent public ni créer la méfiance de la part de ses collègues. Où sont les tiers-lieux accessibles aux agents publics? Questionner ces pratiques séculaires amène une réflexion plus profonde sur les pratiques collaboratives.
La collaboration est la clé de voûte du bureau de demain. Comment l’améliorer?
PW: De nombreux outils permettent d’améliorer la collaboration au cœur de l’entreprise, que les parties prenantes soient rassemblées sur un même site ou à distance. Ainsi, la 4G rend possible le partage de fichiers lourds. Seulement, l’intégration du digital au niveau de l’organisation du travail et des espaces implique de procéder à des adaptations en matière de gouvernance, au niveau des contrats de travail, de l’utilisation et de la sécurisation des réseaux. C’est toute l’organisation du travail qui s’en trouve bouleversée.
PP: La réponse à plus de collaboration entre les agents est avant tout une question de gestion du changement, d’évolution des pratiques managériales, d’une nouvelle façon de partager l’information, d’exemplarité de la part des dirigeants publics. La collaboration représente un levier de transformation interne. Il y a sans doute quelques enseignements à tirer de l’expérience du ministère belge de la sécurité sociale qui a établi de nouvelles règles de vie commune et de fonctionnement autour de la recherche d’autonomie, de la mise en place d’un management au résultat, de la liberté dans l’organisation du travail au bureau et chez soi.
En résumé, à quoi ressemblera le bureau de demain?
PP: Le bureau de demain sera dématérialisé. Les agents pourront accéder à leurs ressources professionnelles à la faveur d’applications à certains moments de la journée depuis n’importe quel terminal mobile. Pour y parvenir, l’administration doit changer de posture pour se penser comme des «entrepreneurs publics», sans pour autant renier les valeurs du service public.
PW: Le bureau du futur n’existera pas, il s’agira d’espaces réservés aux groupes de travail.