Secteur public: quel rôle pour demain?

PwC Luxembourg

Les changements qui façonnent à la fois la société et l’économie demandent une capacité d’adaptation et de renouvellement inégalée à l’ensemble des acteurs, y compris du secteur public. Quels sont les facteurs clés de ce changement de paradigme et comment le secteur public peut-il y répondre? Philippe Pierre, associé en charge du Secteur Public et responsable mondial Institutions européennes chez PwC Luxembourg, ainsi que Jacques Vandivinit, directeur conseil au Secteur Public, exposent leurs points de vue respectifs.

Les grandes tendances mondiales en termes de technologie, démographie et économie changent notre manière de vivre et de travailler. Quels sont les principaux enjeux pour le secteur public?
P.P.: Le secteur public joue un rôle éminent dans le bon fonctionnement de nos sociétés et de nos économies. Actuellement, sa capacité à répondre à cette responsabilité est mise à l’épreuve sur de nombreux plans. La nouvelle donnée sécuritaire en Europe demande à la Commission européenne et aux Etats membres une collaboration renforcée ainsi que le recours à des solutions technologiques innovantes. En parallèle, la fonction publique doit relever le défi de la compétitivité en adaptant sa structure et ses méthodes de travail afin de répondre aux fortes attentes du secteur privé favorable à une administration plus efficiente. Finalement, les besoins de la société exigent de repenser la relation de l’administration avec les citoyens et d’améliorer le service rendu à ses «utilisateurs».
J.V.: Au Luxembourg, le secteur public ne doit pas seulement faire face aux enjeux internationaux et aux attentes accrues des citoyens, mais doit également affronter les défis liés à la très bonne croissance économique et démographique du pays. Bien que celles-ci représentent un avantage pour les finances publiques, l’Etat se voit confronté à une charge d’activités qui va en augmentant, mais dans un contexte de capital humain limité. Dès lors, la modernisation des services publics en termes d’organisation de travail, d’outils et de mécanismes administratifs s’impose naturellement et le secteur public luxembourgeois a d’ores et déjà emprunté la voie du progrès.

Vous évoquez ici les initiatives entreprises par le secteur public?
P.P.: L’Union européenne poursuit d’une part une politique volontariste et ambitieuse pour la modernisation du secteur public, visant à la fois les institutions européennes et les différents Etats membres. Parmi les initiatives phares on retrouve le « European eGovernment Action Plan 2016-2020 », dont l’objectif est de renforcer le marché unique grâce à des services publics plus efficaces et efficients à la faveur de la digitalisation, de faciliter la circulation des biens et des personnes grâce à la technologie ainsi que de remettre le citoyen et l’entreprise au centre des débats à l’aide de moyens de communication innovants.
J.V.: Et d’autre part le Grand-Duché mobilise ses efforts de modernisation de la puissance publique de manière très volontaire depuis de nombreuses années dans les domaines technologiques, organisationnels et de procédures administratives. En effet, la volonté de réforme administrative du gouvernement s’est traduite par l’adoption de programmes accélérant la mise en place de nouvelles technologies ainsi que la simplification et la digitalisation des services administratifs. De plus, la notion de performance de l’action publique a été renforcée en mettant en place une organisation adaptée aux enjeux de l’administration de demain et comprenant un rôle des agents publics davantage déterminé par une approche dite de gestion des objectifs.

Comment le secteur public peut-il assurer le succès de cette modernisation entamée?
P.P.: Les organismes publics ont bien saisi les enjeux de la modernisation et amorcé les réformes nécessaires. Leur mise en œuvre nécessite un effort continu et de longue haleine, tout en se dotant de l’agilité nécessaire afin de pouvoir s’adapter aux évolutions technologiques de plus en plus rapides. Dans ce contexte, le secteur public a tout intérêt à s’ouvrir à l’expertise externe afin d’accompagner ces changements et à trouver des solutions novatrices à l’égard de ressources internes déjà bien sollicitées.
J.V.: La modernisation du secteur public doit par ailleurs être conduite dans une approche adaptée et holistique. Les changements nécessaires ne pourront se faire en se focalisant uniquement sur un domaine, qu’il soit technologique ou organisationnel, mais devront prendre en compte les aspects pluridisciplinaires de chaque projet tout en réservant une place essentielle à l’humain. Dans cette mesure, il me semble primordial de s’appuyer sur des expériences acquises ailleurs et de bénéficier d’un regard externe capable d’assister les différents acteurs dans le changement afin d’aboutir aux résultats souhaités.

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