L’envolée d’une réussite

Première femme à intégrer l’armée de l’air danoise, diplômée de l’académie des officiers, issue du top 20 de sa promotion à la sortie de l’US Navy et pilote hors pair, Charlotte Pedersen, CEO de Luxaviation Helicopters, a occupé de nombreux postes à responsabilité dans le domaine de l’aviation avant d’atterrir au Luxembourg. Pourtant, c’est avec humour, philosophie et une infinie modestie qu’elle nous retrace son parcours. Portrait d’une pilote et d’une dirigeante d’entreprise.
 
 
Au large des côtes suédoise et polonaise est échouée une petite île danoise du nom de Bornholm. Ses falaises, que les roches rendent abruptes, s’opposent à la douceur des plages de sable blanc; pourtant, ces paysages semblent s’équilibrer et cohabiter en harmonie. C’est dans le calme et la paisibilité de la campagne insulaire, si propice à la création artistique, que les parents de Charlotte Pedersen décident d’emmener vivre leur famille. L’enfant évolue alors au milieu des peintres, des sculpteurs et des musiciens qui ont élu domicile sur l’île.
 
Proche de son père, elle lui doit sa confiance en elle et sa volonté d’apprendre en profondeur toutes les facettes des domaines qu’elle a été amenée à côtoyer. «Il ne faisait jamais rien à ma place, il me laissait me tromper et apprendre. Grâce à lui, je n’ai jamais eu peur d’être confrontée à une situation inconnue, j’ai toujours su qu’en prenant le temps d’analyser tous les aspects d’un problème, j’en viendrais à bout», se souvient-elle, reconnaissante.
 
 
Aux commandes d’une nouvelle vie
 
Alors que ses frères et sœurs suivaient naturellement une voie artistique, Charlotte Pedersen cherchait encore la sienne. A 18 ans, elle tombe par hasard sur une publicité invitant les femmes à rejoindre le programme de pilote dans l’armée de l’air et elle se lance spontanément dans cette aventure. «J’étais la première femme à réussir les tests d’entrée et la pression médiatique était alors énorme, je n’avais plus le choix, il fallait que je me lance. Pourtant, je n’ai jamais regretté cette décision», raconte-t-elle.
 
Trouver sa place dans un univers masculin n’a pas été un défi majeur pour la jeune pilote, pour qui la réelle épreuve était de réussir des tests physiques qui n’avaient pas été adaptés à un public féminin. «Aux Etats-Unis, les femmes ont été acceptées en formation militaire bien plus tôt qu’au Danemark, si bien que lorsque nous avons suivi notre entraînement de pilote à la US Navy, les tests étaient alors adaptés», détaille-t-elle.
 
La pilote n’a pas ménagé ses efforts tout au long de sa formation et s’est même classée parmi les 20 premiers de sa promotion de 1.000 participants. Pourtant Charlotte Pedersen reste modeste: «J’ai eu la chance d’avoir les compétences et les caractéristiques physiques exigées par le métier, le reste ce n’était que de l’apprentissage et de l’entraînement».
 
A la fin de son parcours à l’école d’officier de l’armée de l’air danoise, Charlotte est devenue pilote pour le 722e escadron et réalisait alors des interventions d’urgence partout au Danemark et dans les pays voisins. Pour la première fois, ses talents de chef d’équipe ont été mis en pratique. Etre de garde pendant trois jours et demi de suite, vivre dans une communauté composée de pilotes et de médecins, devoir intervenir à n’importe quelle heure du jour et de la nuit,… Les conditions de travail n’étaient certes pas faciles, pourtant, Charlotte Pedersen parle encore de cette période de sa vie avec une pointe de nostalgie dans la voix: «Nous étions comme une véritable famille, nous dormions, mangions et nous entraînions ensemble. Même lorsqu’il fallait intervenir à 4 heures du matin, je parvenais toujours à motiver les troupes. Nous savions que nous pouvions compter les uns sur les autres et c’est essentiel dans ce métier».
 
 
Un nouveau pays, une nouvelle maison
 
Quelques années plus tard Charlotte, son mari et ses enfants déposent leurs bagages au Luxembourg pour le travail de son époux et elle tombe instantanément sous le charme du pays. «A peine étions nous arrivés dans le quartier que l’on nous conseillait déjà la meilleure école des environs pour nos enfants et que nous étions invités à prendre part à tous les événements du quartier. Nous avons été accueillis à bras ouverts et nous sommes très vite sentis chez nous», nous explique-t-elle. Plus qu’une terre d’accueil, le Luxembourg représente pour elle un idéal qu’elle aimerait pleinement intégrer. Bonne élève, Charlotte apprend la langue luxembourgeoise et remplit dûment un dossier de candidature qu’elle espère un jour voir aboutir pour appartenir pleinement à ce pays qu’elle aime tant.
 
Ses premières années luxembourgeoises sont marquées par son intégration à la Direction de l’Aviation Civile (DAC) comme inspecteur des opérations de vols en hélicoptères. Constamment en contact avec les règlementations, elle apprend à les comprendre pour mieux les appréhender. C’est également à cette occasion qu’elle se familiarise avec le marché de l’aviation luxembourgeois et ses différents acteurs clés. A ses débuts au Grand-Duché, Charlotte prend également le temps de réaliser un de ses plus vieux rêves en décrochant un master en business.
 
 
Deux passions pour un métier
 
Ses nouvelles compétences ne passent pas inaperçues et très vite les chemins de Charlotte Pedersen et de Patrick Hansen, fondateur et CEO du groupe Luxaviation Luxembourg, se croisent. Cette rencontre marque pour elle un nouveau tournant: «Patrick est brillant et sait saisir les opportunités que personne ne voit. Il pousse ses collaborateurs à donner le meilleur d’eux-mêmes et m’a donné cette incroyable opportunité d’occuper la position de COO, alliant mes passions pour l’aviation et le monde des affaires», nous confie-t-elle.
 
Aujourd’hui à la tête d’une nouvelle entité au sein du groupe, Luxaviation Helicopters, Charlotte Pedersen se lance dans un nouveau défi, à la conquête du monde de la gestion de jets et d’hélicoptères VIP. «Ma carrière est exactement ce que je souhaitais qu’elle soit. Mon ambition est aujourd’hui de me servir de cette position pour développer nos activités», conclut-elle. Avec un parcours impressionnant jalonné de réussites tant professionnelles que personnelles, Charlotte Pedersen nous livre l’histoire de ses succès, nous donnant ainsi l’espoir qu’à force de travail et de persévérance, les routes les plus droites peuvent parfois prendre un tournant inattendu.
 
Par Martina Cappuccio