Un hub pour le fret aérien
DB Schenker, le deuxième groupe mondial de logistique, filiale de la Deutsche Bahn, occupe une position stratégique au Luxembourg. Axel Quadt, directeur général de la filiale au Grand-Duché, revient sur le développement du secteur.
Que représente DB Schenker sur le marché de la logistique?
DB Schenker est le deuxième acteur du secteur au niveau mondial. La société dispose de plus de 2.000 bureaux de par le monde, ce qui constitue un réseau stratégique. Elle compte près de 100.000 salariés. Ici, au Luxembourg, nous sommes une petite structure, avec 65 salariés. Quand je suis arrivé, en 2001, nous étions une équipe de 13. Notre principale fonction, au Luxembourg, est d’offrir un hub pour le fret aérien, qui représente 80% de notre activité. Mes clients sont les autres bureaux DB Schenker en Europe et ils font appel à nous pour réserver du fret vers certaines destinations dans le monde. Cargolux est bien entendu notre partenaire le plus important. Au fil des années, nous avons développé de très bonnes relations avec le service des douanes luxembourgeoises, ce qui est très important dans notre secteur. Nous cherchons maintenant à renforcer notre activité luxembourgeoise dans tous les domaines, le maritime, le rail, le routier mais aussi dans les services douaniers et logistiques. La fonction de tour de contrôle pour les grands clients internationaux de DB Shenker croît à grande vitesse.
L’activité de DB Schenker Luxembourg est-elle tournée vers l’Europe?
En partie. Nous expédions à travers toute l’Europe, mais la plupart des biens que nous expédions ont une destination hors d’Europe. Le fret aérien occupe à lui seul 10.000 tonnes. Comme hub, nous préparons les colis le plus rationnellement possible pour les livrer de façon optimale aux compagnies aériennes.
Quels sont les produits que vous transportez?
Comme nous faisons en premier lieu du fret aérien, ce sont en majorité des produits à haute valeur ajoutée, comme les produits pharmaceutiques, les pièces automobiles et électroniques. Mais les produits pharmaceutiques prennent de plus en plus de parts de marché.
Le fret est-il en mutation?
Oui, car il est maintenant la combinaison de plusieurs solutions. Par le passé, on ne parlait que d’entrepôts, de bateaux et de camions. Aujourd’hui les solutions sont multiples, comme les possibilités qui combinent aérien et maritime ou les trains pour la Chine. Le stockage a également changé avec des solutions complètes sur-mesure pour les clients. Cela va jusqu’à l’assemblage d’éléments complets. Nous ne nous contentons plus d’offrir un simple transport d’un point A vers un point B mais nous accompagnons nos clients de la production quelque part dans le monde à la livraison au consommateur final. Nous nous engageons aussi dans des projets humanitaires, par exemple avec emergency.lu. Nous stockons leur matériel et le livrons lors de leurs opérations extérieures. Nous ne faisons bien entendu aucun bénéfice sur ce type d’opérations.
La construction de la plateforme multimodale de Bettembourg change-t-elle la donne logistique au Grand-Duché?
Cet investissement est une bonne chose pour le Luxembourg. Nous avons besoin d’une plateforme de chargement ferroviaire et Bettembroug est bien placé sur les couloirs de transport européens. Bien entendu, nous aspirons à utiliser davantage la plateforme de Bettembourg, d’autant que notre ADN se trouve dans le rail avec la Deutsche Bahn. Pour l’instant, les trains venant de Chine s’arrêtent en Pologne ou en Allemagne. Cela aurait du sens qu’ils viennent jusqu’au Grand-Duché. Mais en matière de logistique, la grande force du pays reste sa flotte d’avions Cargolux.
Le fret est-il compatible avec l’écologie?
DB Schenker prend la question environnementale très au sérieux. Nous étions la première société de fret à proposer des outils de mesure d’émission de CO2 à nos clients. Ils peuvent comparer en ligne la solution la plus écologique. Nous proposons aussi des transports neutres en CO2, à travers un système de compensation. Dans le fret aérien, nous travaillons avec les compagnies qui disposent des flottes les plus modernes et les moins polluantes.
Comment voyez-vous le futur du secteur?
Avec le e-commerce qui grossit à vue d’œil, des acteurs comme Amazon et Alibaba veulent toujours plus de rapidité pour la livraison. Leurs clients veulent disposer de leurs commandes le plus rapidement possible. La problématique sera de combiner la vitesse et l’environnement.
Les sociétés de logistique peuvent-elles répondre à cette demande croissante?
C’est de plus en plus délicat. La demande de fret augmente alors que les capacités changent peu. Il est de plus en plus difficile de trouver de la place dans les avions et les bateaux mais aussi dans les trains et sur la route. Les bateaux sont tellement demandés que certains clients basculent vers le rail, cependant même les trains arrivent à saturation. Maintenant, les clients sont prêts à payer très cher pour du fret aérien. En tant qu’acteur majeur du secteur, DB Shenker dispose d’espace préempté sur de nombreux avions et bateaux. Nous n’hésitons pas non plus à organiser nous-mêmes des vols pour des destinations qui ne sont pas desservies par des lignes régulières. Et encore, nous ne sommes pas en haute saison. De l’automne à l’hiver, toutes les sociétés de transport doivent batailler pour satisfaire la demande très forte. Mais notre métier est de trouver des solutions, même quand c’est difficile.