Secteur public : compétences et stratégie en mutation

PwC Luxembourg

Les enjeux de société auxquels les gouvernements doivent faire face rendent le rôle de la fonction publique instrumental dans la définition, la mise en œuvre de nouvelles politiques. Quel est l’impact de cette évolution sociétale sur l’organisation du travail au service des citoyens ? Bénédicte Burioni, associée People & Organisation, ainsi que Philippe Pierre, associé en charge du Secteur Public et responsable mondial Institutions européennes chez PwC Luxembourg, livrent leur réflexion à ce sujet.

L’organisation des ressources humaines du secteur public fait face, autant que le secteur privé, à la déferlante digitale et aux nouveaux enjeux de société. Evolution ? Révolution ? Transformation ? Mutation ?
P.P : Peu importe le terme utilisé, au-delà des aspects techniques ou des innovations qui sont à présent une réalité, voire même des nouveaux usages qui en découlent, c’est avant tout une aventure humaine collective qui attend les organismes publics. La fonction publique devra se munir des compétences requises pour relever ces défis transformationnels et pour anticiper les besoins de la population en élaborant et mettant en œuvre des politiques  pertinentes et adaptées aux tendances macro-économiques qui sont en train de redessiner les contours de notre paysage socio-économique  : défis liés à la mobilité, aux changements démographiques, à l’urbanisation, aux avancées technologiques et scientifiques, à la raréfaction des ressources et aux changements climatiques.
B.B : Les services des ressources humaines des organismes publics sont les garants de la mise en place d’une structure organisationnelle adaptée pour relever ces défis et de la promotion d’une culture collaborative.  Ils doivent identifier les compétences requises, et développer le talent de chaque agent pour maximiser la performance collective au service du citoyen. Un défi de taille ! Et, en ce sens, le digital est une réelle opportunité. Les outils RH digitaux permettent une personnalisation maximale des prestations RH (carrière publique individualisée, parcours de formation adapté, etc.), ce qui améliore le bien-être des agents. Tout comme la digitalisation de l’administration pour l’utilisateur développée en parallèle démontre bien que le secteur public a pris le virage du digital grâce à la dématérialisation des actes ou des processus administratifs depuis plus d’une dizaine d’année. La transformation digitale est au cœur des projets de la fonction RH des administrations tant pour améliorer l’expérience citoyen que pour renforcer l’efficience des services publics offerts.

Vous abordez l’expérience client. Grâce au digital, le secteur public dessine lui aussi une offre de services de plus en plus adaptée aux besoins des utilisateurs qu’ils soient internes ou externes.
P.P : A l’image du secteur privé, les collaborateurs du secteur public veulent désormais vivre leur administration avec autant d’agilité que dans leur vie quotidienne lorsqu’ils accèdent à leur compte en banque ou font une commande sur un site de e-commerce. Ainsi, de nouvelles démarches voient le jour au sein des administrations, mettant au centre du dispositif les utilisateurs externes et internes depuis l’identification des besoins jusqu’à la co-construction des services rendus au public, permettant ainsi à toutes les parties prenantes de dessiner l’avenir du secteur public. Le digital permet réellement une nouvelle proximité. Ce dont l’Europe, par exemple, a besoin. Encore une fois lorsque l’on parle de transformation digitale il n’est pas tant question de technologies que d’état d’esprit.
B.B :
En fait, la technologie représente la première marche vers la transformation mais la modernisation passe aussi par une gestion prévisionnelle des emplois et une évolution des compétences actuelles des équipes. Un des sujets brûlants pour la fonction publique est certainement l’identification des compétences stratégiques et techniques requises pour supporter la transformation du secteur. C’est en ce sens que la validation des compétences par de nouvelles techniques d’évaluation devient une priorité, d’autant que le secteur public va être amené à recruter de nouveaux profils capables de relever les défis qui se présentent actuellement.  L’identification des compétences actuelles des agents devient dès lors urgente afin de s’assurer que les collaborateurs en poste soient bien armés pour opérer les transformations organisationnelles et stratégiques requises dans le changement à l’œuvre de notre société.

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