Pour un présent avant-gardiste
La transformation technologique en cours dans le secteur public soutient la modernisation du pays. Jérôme Bernard, partenaire associé chez KPMG Luxembourg explique que «si certains changements sont connus de tous, d’autres tout aussi importants, le sont moins». Explications.
Comment se porte la modernisation technologique du secteur public au Luxembourg?
Force est de constater que les grands changements technologiques qui impactent actuellement les acteurs de la Place, influencent aussi le secteur public. Ainsi, la transformation digitale qui frappe particulièrement le secteur financier se retrouve, bien que dans une autre mesure, au sein des institutions étatiques. Nous y retrouvons la plupart des enjeux de la digitalisation comme la mobilité, la cyber-sécurité, la dématérialisation des opérations, l’impératif d’une «expérience client» (citoyenne) de qualité, l’optimisation des processus de fonctionnement et des modes de communication.
La mise en place du portail en ligne Guichet.lu, mis en place pour mieux interagir avec les citoyens, fut un des premiers signes visibles de cette transformation digitale. Il existe néanmoins des changements invisibles du grand public qui touchent au cœur des opérations des administrations. La volonté étatique de se moderniser pour répondre à de nouvelles exigences se retrouve ainsi dans la hausse des consultations pour des projets de refontes ou de changement des outils applicatifs, qui sont utilisés au quotidien par les agents du secteur public.
La sécurité est-elle intrinsèque au secteur public et quelles sont les différences dans les applications avec le secteur privé?
Les récentes attaques informatiques qui ont touché les hôpitaux du Royaume-Uni montrent à quel point la sécurité est devenue primordiale pour les acteurs du domaine public. Ceci peut expliquer que certains développements largement répandus dans le secteur privé, se retrouvent moins dans le public.
Je pense par exemple au cloud dont le développement est moins rapide. Dans ce contexte, si de nombreux éditeurs ont fait le choix du cloud, ceux qui souhaitent pouvoir répondre au marché public, doivent pouvoir proposer des modèles d’hébergement «on premise» ou hybrides.
Les évolutions règlementaires européennes comme la GDPR poussent par ailleurs à mettre en place des contrôles renforcés, pour assurer un traitement sécurisé des données personnelles des citoyens et des agents publics.
Et pour ce qui est des entreprises commerciales et industrielles…
Ce sont les nouveautés du marché qui impulsent principalement les projets de transformation applicative dans les entreprises commerciales et industrielles. Leurs décideurs sont au-devant de décisions majeures. Les technologies utilisées peuvent être à bout de souffle ou ne plus répondre aux bénéfices escomptés, du fait de nouveaux besoins fonctionnels. Aussi est-il primordial pour elles de revisiter leur stratégie applicative, pour conserver la souplesse et l’agilité nécessaires à leur avenir.
Sélectionner de nouvelles technologies n’est néanmoins pas facile et notre rôle est de les accompagner pour prendre une décision raisonnée, en fonction de leurs besoins réels.
Autant de virages qui ne sont pas faciles à opérer…
La refonte ou le remplacement des applications métier constituent des projets d’envergure, puisqu’ils impactent très souvent les modes de travail existants. Ce sont des changements qui pour certains, peuvent s’étaler sur plusieurs années; la législation peut donc également changer au cours de l’exécution des projets et les impacter de manière non négligeable.
Pour les marchés publics, tant les technologies que les prestataires qui les implantent doivent répondre à des exigences de robustesse, de maturité, de flexibilité et de sécurité. La dimension humaine de ces changements technologiques doit également être prise en compte. Le refus d’utiliser les nouvelles applications peut en effet être raison d’échec du projet tout entier.
C’est pourquoi nous prônons un accompagnement personnalisé sur l’ensemble du processus, de la définition des besoins et de la trajectoire applicative, jusqu’à la sélection et l’implémentation des applications les plus appropriées, en vue de leur acceptation par leurs utilisateurs dans la durée. Le risque est qu’une fois le projet terminé, il y ait une perte de dynamique et que les outils applicatifs soient utilisés en deçà de leurs capacités.