Au service du citoyen
A l’écoute de ses usagers, le syndicat pour le Transport Intercommunal de personnes dans le Canton d’Esch-sur-Alzette, ou TICE, peut se vanter de sa réactivité lorsqu’il s’agit de mettre en pratique des actions visant à favoriser la mobilité dans sa région. Ainsi, au cours de ces cinq dernières années, le syndicat a augmenté de plus de 20% sa capacité kilométrique ainsi que sa capacité de flotte et de personnel. Rencontre avec Henri Hinterscheid échevin de la Ville d’Esch-sur-Alzette et président du TICE.
Quelles ont été les mesures phares récemment prises par le TICE?
Ces dernières années, Belval est devenue un moteur économique pour la région et dans une démarche commune avec l’Etat, le TICE a créé un réseau de transports en commun efficace pour pouvoir la desservir. Nous avons alors collaboré avec les CFL pour mettre en place à proximité de l’Université un noyau d’intermodalité supplémentaire, à l’image de la gare centrale d’Esch, afin d’encourager le recours aux transports en commun plutôt qu’à la voiture individuelle. Aujourd’hui, Esch-Centre et Belval sont reliées de manière exemplaire par plusieurs opérateurs et trois lignes du TICE.
Par ailleurs, une nouvelle ligne a été mise en place dans le cadre de la fusion de Bascharage et de Clemency pour relier cette dernière à Esch en passanr par Bascharage, Sanem et Belval. Sur cette ligne, nous essayons de connecter au maximum les institutions à caractère régional de nos municipalités. Nous avons conçu nos lignes de manière à pouvoir suivre son itinéraire en n’effectuant au maximum qu’un changement de bus.
Le TICE est également appelé à assurer la centrale de gestion des transports en commun pour la région Sud-Ouest. La planification nationale prévoit quatre pôles de gestion pour les opérateurs de transports en commun, dont le nôtre. Notre mission est simple, nous devons gérer tous les bus qui circulent dans notre région dès qu’ils y entrent et passer le relais de cette gestion à un autre responsable quand ils en sortent.
Quel impact a aujourd’hui votre flotte sur l’environnement?
Il y a trois ans, nous avons analysé les émissions de nos bus ayant un moteur EURO VI alimenté au gaz naturel; aujourd’hui, 52 de nos 131 bus fonctionnent sur base de ce système. Le gaz qui les alimente provient du centre de biométhanisation à proximité d’Esch-sur-Alzette, le Minett-Kompost, traitant les déchets organiques et produisant du biogaz à partir de ceux-ci. Nous collaborons par ailleurs très étroitement avec SudGaz pour faire évoluer les techniques qui régissent ces bus. Pour le moment, nous sommes dans l’attente que l’industrie arrive à rendre leurs moteurs plus puissants pour qu’ils puissent assurer la traction de véhicules lourds, tels que les bus articulés.
Pour aller plus loin dans notre démarche, il faudrait avoir recours aux bus électriques, cependant cette technologie n’en est qu’à ses débuts et nous attendons d’abord un retour sur les projets pilotes, surtout concernant les différentes possibilités de recharge, avant d’investir à notre tour.
Le 9 décembre dernier, vous avez mis en place l’initiative «Late night bus». Quels sont vos premiers retours par rapport à celle-ci?
En collaboration avec Prosud et en accord avec le ministère du Développement Durable et des Infrastructures (MDDI), nous avons élaboré un projet pilote de deux ans concernant des transports nocturnes. De cette façon, nos bus circulent sur notre réseau tous les vendredis, samedis et veilles de jours fériés entre une et cinq heures du matin, à raison d’une fois par heure. Ceux-ci desservent tous les centres d’intérêts de la région, pour permettre aux personnes sortant de nuit dans le sud du pays de rejoindre leur domicile en bus. Cette offre est aussi combinée à celle des CFL pour les trains de nuit, une intermodalité est donc également envisageable de nuit pour les voyageurs.
Nous avons un retour très positif de la part des usagers; aujourd’hui une moyenne de 301 passagers par nuit recourent à nos services et lors d’événements spéciaux tels que la Saint Silvestre, nous avons connu un pic de plus de 500 passagers par nuit. Avec l’arrivée du printemps, nous pensons que cette fréquentation va encore augmenter. En favorisant l’usage des transports en commun, nous œuvrons en faveur de la sécurité routière et offrons une alternative sécurisée aux adeptes de la vie nocturne. La première évaluation du projet aura lieu en fin d’année 2017, mais nous sommes très confiants au vu des chiffres que nous récoltons sur le terrain en matière de fréquentation. Il est toutefois important de souligner que nous ne cherchons pas à retirer un bénéfice commercial de nos actions, nous désirons avant tout assurer la mobilité des usagers dans nos municipalités, c’est là tout notre bénéfice.
Et pour l’avenir?
Nous travaillons actuellement en collaboration avec le MDDI sur le projet «Minettstram op Pneuen» visant à mettre en place des Bus à Haut Niveau de Service (BHNS) dans la région. Pour le moment, le gouvernement réalise une étude stratégique à laquelle nous sommes associés en tant qu’opérateur régional. Le BHNS suivrait le tracé des anciennes lignes de tramway qui parcourraient notre région selon deux axes: du Nord au Sud en reliant Luxembourg-Ville à la France et d’Est en Ouest en traversant les municipalités du Sud, de Dudelange à Rodange. Le BHNS aurait une vitesse de croisière élevée et possèderait des corridors de circulation qui seraient exclusivement réservés aux bus. Il est impératif que nous trouvions des solutions favorisant sa mise en place pour désengorger les routes luxembourgeoises…