Un organisme au service de tous

Entre la préservation de l’eau et de la nature et un projet de formation continue en milieu rural, il existe a priori une nette distance. C’est celle que sait parcourir avec allégresse la Chambre d’Agriculture. Rencontre avec Pol Gantenbein, secrétaire général.
 
Les activités du Conseil Agricole
Depuis vingt ans, Pol Gantenbein travaille à la Chambre d’Agriculture du Luxembourg. Il en est le secrétaire général et sait mettre du cœur à l’ouvrage.  Lorsqu’on l’interroge sur les activités du Conseil Agricole, il insiste d’emblée sur la nécessité de sensibiliser les agriculteurs à la protection des eaux et de la nature. Depuis plus de deux décennies, la Chambre d’Agriculture met tout en œuvre pour concilier la pratique agricole et la protection de l’environnement. L’une ne devant pas s’améliorer au détriment de l’autre. Les précieux conseils adressés aux agriculteurs sortent tout droit du chapeau des sept ingénieurs et deux techniciens qui se rendent sur les exploitations agricoles: ils effectuent, et c’est leur première tâche, un état des lieux des exploitations. Ce diagnostic doit leur permettre d’apporter des réponses adaptées et efficaces aux problèmes rencontrés par les agriculteurs afin qu’ils puissent devenir les principaux agents de la préservation de l’espace naturel. Les efforts qui doivent être faits sont aussi récurrents que célèbres: une agriculture raisonnable est celle qui parvient à limiter l’utilisation de produits phytosanitaires et de fertilisants azotés qui peuvent avoir des conséquences indésirables sur l’environnement. Les recommandations apportées par les conseillers agricoles concernant la régulation des intrants dans la production agricole ont déjà permis d’observer une baisse considérable de la teneur en nitrates de l’eau. Il convient aujourd’hui, nous dit Pol Gantenbein, de «trouver  des méthodes de culture alternatives», et c’est la raison pour laquelle la Chambre d’Agriculture se penche actuellement sur la possibilité d’utiliser le chanvre resp. le miscanthus (« herbe à éléphant ») pour l’isolation thermique des nouveaux bâtiments. Ces cultures peuvent être cultivées sans produits phytopharmaceutiques et leur besoin en azote est très modeste. Ces cultures permettent de confectionner des matériaux qui, à l’image de leurs matières premières, sont eux aussi peu polluants.
 
Le projet Landakademie
Si Pol Gantenbein est le secrétaire général d’une «chambre d’agriculture», on peut légitimement s’étonner de  l’entendre parler de la formation continue dans des domaines aussi variés que celui de la culture, du loisir, de l’informatique ou d’internet. On peut légitimement s’étonner, mais on a tort. En effet, c’est à l’initiative de la Chambre d’Agriculture – et avec le soutien financier du Ministère de l’Agriculture – qu’est né le projet Landakademie, un projet de formation continue en milieu rural. Le principe est simple:il s’agit d’offrir aux habitants de communes éloignées des grands centres de formation, la possibilité de suivre des cours leur permettant d’acquérir ou de perfectionner un savoir. La plupart des communes partenaires sont localisées dans le nord et le centre du territoire luxembourgeois. La participation financière des communes collaborant au projet est de l’ordre d’un euro par habitant, et cet investissement porte aujourd’hui largement ses fruits. En dix ans, la participation de la population s’est considérablement accrue et a permis de redynamiser ces régions trop souvent oubliées. Ainsi des « élèves », jeunes et moins jeunes, prennent régulièrement les chemins d’une école qui ressemble davantage à ce que l’on appelle une “Université Populaire“. Les enseignements proposés sont aussi variés que pointus, aussi sérieux que ludiques et sont toujours suivis avec beaucoup d’enthousiasme (ici, rien ne nous est imposé: on suit une formation parce qu’on le veut, et non parce qu’on le doit – ce qui fait toute la différence). Les formations proposées dans le cadre du projet Landakademie sont dispensées par des formateurs agréés ou non, et durent plus ou moins longtemps (un enseignement sur la typologie des images pieuse de Notre-Dame de Luxembourg ne vous prendra qu’un après-midi, alors que celui qui porte sur l’utilisation de Powerpoint vous demandera deux mois d’assiduité). Pol Gantenbein renonce, tant elles sont nombreuses, à énumérer toutes les formations proposées sur le territoire, mais insiste sur celles qui concernent l’apprentissage des langues. En effet, cet enseignement lui est cher car il constitue «un outil important pour l’intégration des étrangers» – on sait combien l’apprentissage d’une langue est à la base de tout lien tissé, qu’il favorise non seulement l’intégration sociale mais aussi l’intégration professionnelle de toutes et de tous. Si les formations suivies dans le cadre du projet Landakademie ne sont pas toutes qualifiantes (elles ne délivrent aucun diplôme), celles qui concernent l’apprentissage des langues permettent à chacun d’obtenir un certificat officiel (ces formations ont la particularité de bénéficier d’un subventionnement du ministère de l’Education Nationale – ce qui n’est pas le cas pour les autres formations).

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