Luxembourg: à fond(s) la caisse!
Au cours de ces 30 dernières années, Luxembourg est devenu le deuxième centre de fonds d’investissement au monde, derrière les Etats-Unis. Le pays s’est affirmé en particulier comme le domicile de référence pour les fonds UCITS* (le régime de fonds doté d’un passeport européen initialement créé en 1985) et comme le centre d’excellence de leur distribution transfrontalière. Aujourd’hui, 65% des fonds distribués à des investisseurs dans au moins trois pays différents sont domiciliés à Luxembourg.
Luxembourg: porte d’entrée de l’Europe…
Les gestionnaires d’actifs ont compris depuis sa création les avantages offerts par le régime UCITS. En effet, ces fonds présentent une caractéristique fondamentale: le passeport de distribution. Ce passeport signifie qu’un fonds UCITS domicilié dans un pays européen – tel que Luxembourg – peut être vendu facilement à des investisseurs dans les 27 autres pays de l’Union Européenne. Aujourd’hui des gestionnaires d’actifs issus de plus de 50 pays sont présents à Luxembourg: les américains (21% des actifs), les britanniques (17%), les allemands (15%) et les suisses (14%) sont en tête du classement des principaux acteurs présents à Luxembourg. De nombreux gestionnaires d’actifs de pays non-européens se sont établis à Luxembourg. En effet, en choisissant de créer à Luxembourg des fonds sous la directive européenne, les initiateurs non européens ont la possibilité de tirer profit des atouts offerts par ce passeport de distribution comme n’importe quel promoteur européen. Et c’est précisément la stratégie qu’ils ont choisie.
…et du monde
Alors que les fonds UCITS ont initialement été façonnés pour le marché européen, les fonds UCITS luxembourgeois sont devenus une marque globale, reconnus à travers le monde et vendus dans plus de 70 pays différents. Le nombre total d’enregistrements de fonds transfrontaliers dans le monde est passé de 5.170 à la fin 2005 à 11.222 à la fin 2015. Ce nombre a donc plus que doublé en dix ans!
Hors Europe, l’Asie a été le premier continent où les fonds UCITS ont connu un certain succès: c’est le cas en particulier à Singapour, Hong-Kong et Taiwan et dans une moindre mesure au Japon et en Corée. Aujourd’hui, par exemple, plus de 2.000 fonds luxembourgeois sont autorisés à la vente à Singapour, et plus de 600 à Taiwan.
En Amérique Latine, les fonds de pension chiliens, colombiens et péruviens investissent massivement dans des fonds luxembourgeois. C’est pour eux le moyen le plus efficace d’accéder à une diversification internationale de leurs actifs.
Les fonds UCITS sont également vendus au Moyen-Orient et en Afrique, comme en Afrique du Sud où une centaine de fonds luxembourgeois sont disponibles.
Un travail de fond(s)
Une des missions de l’ALFI, en tant qu’association représentative du secteur des fonds d’investissement, est de contribuer à ouvrir de nouvelles portes pour la distribution de fonds Luxembourgeois. L’association a notamment obtenu en novembre dernier, après plus de trois ans de négociations, un accord du régulateur financier australien permettant la vente de fonds UCITS luxembourgeois aux investisseurs institutionnels australiens. Ceci ouvre le marché australien des fonds de pension, un des plus importants au monde, aux fonds luxembourgeois.
Les régulateurs financiers sont souvent conscients qu’il est dans l’intérêt des investisseurs de leur pays d’avoir accès à une plus grande diversification internationale, mais ils souhaitent que cette ouverture se fasse de manière contrôlée et veulent s’assurer de la sécurité des produits financiers autorisés.
L’ALFI accompagne donc un certain nombre de régulateurs étrangers dans leurs réflexions sur l’ouverture de leurs marchés. Israël a notamment changé sa réglementation en 2016 afin de permettre aux investisseurs privés israéliens d’investir dans des fonds UCITS. Fin 2014, le Brésil a changé ses règles et les fonds locaux peuvent désormais investir dans des fonds UCITS. En 2013, les Emirats Arabes Unis ont également ouvert leur porte. Il s’agit d’un processus de longue haleine et l’ALFI était à chaque fois en contact avec les régulateurs de ces pays afin de leur expliquer le cadre réglementaire des UCITS et de répondre à leurs questions.
Brexit
La décision du Royaume-Uni de quitter l’Union Européenne aura un impact sur la distribution internationale de fonds d’investissement. Bien qu’il soit encore trop tôt pour prédire quels seront les termes du divorce, en l’absence d’accord particulier, il ne sera dès lors plus possible pour les fonds domiciliés en Grande-Bretagne de bénéficier du passeport UCITS. L’impact sera limité pour la grande majorité des gestionnaires britanniques car leurs fonds sont domiciliés à Luxembourg, mais les quelques acteurs qui avaient fait le choix de domicilier des fonds en Grande-Bretagne et d’utiliser le passeport pour cibler le marché européen devront revoir leur stratégie. De la même manière, il ne sera plus possible d’utiliser ce passeport pour vendre des fonds UCITS à des investisseurs britanniques.
L’appétit pour le modèle luxembourgeois de distribution transfrontalière se confirme au fil des ans. En effet, domicilier un fonds dans un pays, tel que Luxembourg, qui peut être utilisé comme une plateforme pour cibler des investisseurs dans 70 pays est le modèle le plus efficace pour les gestionnaires. A suivre…
Pierre Oberlé
Senior Business Development Manager
Communiqué par l’ALFI
*UCITS : Undertakings for Collective Investment in Transferable Securities ou OPCVM (Organismes de placement collectifs en valeurs mobilières) en français.