Une décennie innovatrice
Le dix octobre 2016 a marqué les dix ans de LuxConnect. Tom Kettels faisait déjà partie du Service des médias et des communications de l’Etat où est née l’idée de créer un centre de données à la pointe de la technologie. Aujourd’hui, en charge du département commercial et marketing, il revient sur dix ans d’innovations.
Comment s’est passée l’inauguration du nouveau centre de données DC 1.3?
Nous n’avons eu que des retours positifs et notamment sur l’innovation que représente ce nouveau concept. Dans un même bâtiment et sur un même site, nous proposons différents niveaux de services. Ainsi, nous offrons un environnement multi-TIER, au sein du même centre de données. À la fois TIER II, TIER III et TIER IV, le DC 1.3 nous permet de répondre à une multitude de besoins.
Quel est l’avantage de cet univers multi-TIER?
Certaines applications en direct nécessitent un niveau très élevé de sécurité et de disponibilité. Au vu de ses nombreux acteurs financiers, la demande luxembourgeoise se tourne par exemple vers le TIER IV. Cependant, d’autres applications comme les sauvegardes par exemple, répondent plus à un TIER II.
La clientèle internationale est très demandeuse des TIER III et TIER II et si le choix dépend d’abord des besoins, c’est aussi une question de connaissances des différences et des risques qui sont parfois mal connus.
Un TIER IV, c’est l’assurance d’une infrastructure toujours disponible, alimentée par deux circuits indépendants. Chaque circuit est sécurisé et dispose de batteries qui assurent la transition vers les génératrices de secours en cas de coupure de courant. Nous réalisons d’ailleurs des tests réguliers pour lesquels nous coupons volontairement l’alimentation électrique afin de vérifier que tous nos équipements fonctionnent. Il va sans dire qu’aucun de nos clients n’a jamais remarqué de différences.
Pensez-vous, comme le Premier-ministre que les dix ans de LuxConnect sont «le signe de l’attractivité incontestée du Luxembourg pour l’économie numérique»?
Nous sommes un acteur étatique et si nous disposons aujourd’hui de quatre centres de données, c’est qu’il y a une demande. Nous remarquons les changements du marché qui vont dans un sens prometteur et la politique de multi-spécialisations aide la création de nouvelles applications. Le centre logistique de Bettembourg ainsi que le Luxembourg Automotive Campus de Bissen qui se trouvent chacun à deux pas de nos bâtiments sont des exemples où l’IT a un rôle croissant. Les applications utilisées en logistique comme celles en automobile génèrent des données qui doivent être hébergées dans un environnement sécurisé. Le Luxembourg devient de plus en plus attractif pour ces domaines.
Parlez-nous de vos clients…
Les grandes sociétés IT du pays louent de la surface chez nous et vendent leurs services à leurs clients. Il y a une claire évolution des utilisateurs finaux qui ont des demandes de plus en plus spécifiques qui se retrouvent chez nos clients. Je prends pour exemple le Cloud qui est en forte augmentation et dont l’externalisation des structures est une tendance à la hausse. On voit également que de plus en plus de communes sont intéressées à être hébergées dans un centre de données.
Nous remarquons aussi l’intérêt des sociétés internationales pour l’économie numérique luxembourgeoise, ce qui renforce l’image de marque du pays. Si la plupart de nos partenaires sont nationaux ou établis dans la Grande Région, les utilisateurs finaux sont eux nationaux et internationaux.
Quels sont les secteurs que vous servez?
Nous hébergeons des domaines variés et notamment ceux qui font la renommée de Luxembourg. Je pense au secteur financier bien sûr, mais aussi aux technologies financières et de communications, au “gaming“ et autres.
Nous avons aussi investi dans notre visibilité à l’étranger et disposons désormais de représentants à Londres et à Amsterdam. Nous avons établi un partenariat avec un centre de données à Londres et nous sommes en discussion avec un autre à Francfort (deux places financières concurrentes de Luxembourg) pour que nos partenaires puissent y proposer leurs services.
Nous essayons d’offrir une gamme toujours plus complète d’options mais sans jamais rentrer en concurrence avec nos partenaires; notre but étant de leurs permettre de devenir encore plus performants.
Un centre de données est inéluctablement énergivore, que faites-vous pour le développement durable?
Il est vrai que nous sommes de grands consommateurs d’énergie, cependant cela représente toujours moins qu’une multitude de petits centres de données privés et hébergés au sein de chaque entreprise IT du pays. Nous sommes conscients de la question et œuvrons constamment pour une optimisation continue.
Notre PUE le plus bas (pour “Power Usage Effectiveness“ qui mesure l’efficacité énergétique des centres de données) est actuellement de 1,2; ce qui signifie que le centre de données consomme 20% de plus (par exemple pour la climatisation) que ce qui est effectivement consommé par les serveurs informatiques, ce qui est extrêmement peu.
A Bissen, nous récupérons une partie de la chaleur de l’usine de cogénération Kiowatt pour produire du froid. Comme Kiowatt utilise exclusivement du bois de rebus dans le processus de cogénération, la production de froid est 100% neutre du point de vue émissions CO2.
L’utilisation toujours plus intense des technologies crée toujours plus de processus informatiques et les données générées requièrent les infrastructures adéquates pour les héberger. Les centres de données ont ainsi de belles perspectives devant elles.