L’envol des potentiels

Acteur au service de la mobilité, l’Aéroport de Luxembourg est une porte d’entrée sur l’économie européenne. Johan Vanneste, le CEO de Lux-airport revient sur les raisons du succès du Findel et ses nombreux projets à venir. Ingénieur aéronautique de formation, il a déjà géré quatre compagnies aériennes depuis 1996. Interview d’un “débloqueur“ de potentiel au service de l’économie.
 
 
Comment s’est passée votre prise de position à la tête de Lux-airport?
J’ai d’abord essayé de connaître au plus vite cet aéroport à travers ses interlocuteurs et notamment politiques et j’y ai découvert de bonnes collaborations à tous les niveaux. J’ai ensuite travaillé à l’amélioration du service des passagers et plus particulièrement à la réduction des temps d’attente. Mon rôle est aussi d’attirer de nouvelles compagnies aériennes et force est de constater que cette année a été exceptionnellement chargée aux vues des cinq nouvelles compagnies aériennes, de la petite dizaine de nouvelles destinations et d’une croissance prévue jusque fin juin de plus de 14%, ce qui est presque quatre fois la moyenne européenne.
 
Quels sont les signes de la bonne santé de l’Aéroport de Luxembourg?
Lorsque Lufthansa a multiplié ses vols vers Francfort et Munich (de 2 à 4), le nombre de passagers à aussitôt suivi à hauteur de 400%. On constate le même phénomène pour Porto que Luxair et easyJet desservent avec sept vols par semaine et autant par jour pour TAP (Transports aériens Portugais) et Ryanair qui débarquera dès le premier septembre s’y positionnera aussi.
Si l’offre vers Porto explose, c’est parce que les passagers qui jadis se dirigeaient vers Hann ou Charleroi partent dorénavant du Findel. Luxair s’est bien adapté aux vols à bas prix des easyJet, Vueling ou Ryanair et le passager a donc le choix entre des formules “all inclusive“ ou “low cost“.
 
Comment expliquer cet engouement?
Je crois que c’est un mélange de plusieurs facteurs. Nous communiquons tout d’abord, beaucoup dans la presse nationale et internationale et sommes par exemple couverts par de nombreux journalistes anglais. Nous bénéficions donc d’une très bonne réputation dans la presse spécialisée qui attire l’attention des compagnies aériennes sur le Luxembourg. Enfin, nous accueillons cette année treize nouveaux commerces qui améliorent le service de l’aéroport.
 
Quelles sont vos prévisions à terme?
En 2015, 2,7 millions de passagers ont transité par l’Aéroport de Luxembourg et nous nous dirigeons cette année vers les 3 millions. Si Ryanair réalise ses ambitions d’un million de passagers en plus pour Luxembourg, cela fera quatre millions de passagers d’ici trois ans. Avec une croissance annuelle entre 10 et 15%, nous pourrions vite arriver à 5 millions de passagers d’ici six ans.
 
Que représente l’aéroport en termes d’emplois?
Luxairport emploie 220 personnes mais l’ensemble des sociétés que l’aéroport accueille (dont Luxair et CargoLux qui sont les plus importantes) représente 6.200 personnes directes. Cependant, selon une étude qui vient juste d’être réalisée, ce ne sont pas moins de 24.000 emplois indirects qui transitent par l’aéroport, ce qui représente 5% du PIB national.
 
Acteur important de la mobilité, parlez-nous du réseau de connections que cela représente…
 
Avec 70 destinations directes et reliés à des noyaux internationaux comme Paris, Londres-Heathrow mais aussi Amsterdam, Munich, Frankfort, Zurich, et d’autres, nous attirons de grandes sociétés qui veulent établir une base européenne. Nous sommes donc un moteur de l’économie nationale et une porte d’entrée pour les investisseurs.
De plus, nous attirons les frontaliers et notamment beaucoup de Français et d’Allemands. Notre zone d’influence s’étendant, nous devenons l’aéroport de référence de la Grande Région.
 
Pêle-mêle, quels sont les développements à venir?
Nous utiliserons mieux les espaces existants. Nous disposons actuellement de 7.500 places de stationnement que nous devrions probablement doubler d’ici 5 à 10 ans.
Le tram arrivera à l’horizon 2020 et nous reliera davantage à la Ville et avec les P+R, les bus et le doublement des voies routières, le transit routier sera désengorgé et la mobilité des voyageurs, améliorée.
Selon les spécialistes, l’ancienne gare TGV construite en 2006 est un endroit idéal qui pourrait accueillir le premier centre de données sans emprunte carbone. Les possibilités sont énormes puisqu’on peut y mettre 2.000 racks. Sous-terrain, on peut facilement le sécuriser et le refroidir.
Enfin, un hôtel de 210 chambres verra le jour et son restaurant au dernier étage pourra bénéficier d’une vue panoramique sur la piste d’atterrissage.
Les investissements qui sont chiffrés aux alentours de 400 millions d’euros sont tenables.   JuB