L’ambassadeur du Luxembourg
D’origine italienne, Pierre Gramegna est né en 1958 dans la cité du fer, Esch-sur-Alzette, qu’il a toujours choyée pour son caractère d’ «internationalité atypique» où l’on côtoie cols bleus et étrangers de toutes origines qui rendent la ville si vivante, nous confie-t-il, et dans laquelle il est retourné vivre à son retour de l’étranger en 2002, année où il prend ses fonctions de directeur général de la Chambre de Commerce.
Ses débuts dans la diplomatie
Après ses études de droit et d’économie à Paris, Pierre Gramegna retourne au pays et débute dans la diplomatie au ministère des Affaires étrangères où il accède au poste de directeur des Relations économiques internationales : «La diplomatie m’offrait la possibilité d’utiliser toutes les cordes de mon arc, ce qui m’a beaucoup plu». Selon lui, le droit apporte la rigueur indispensable à la signature de contrats dans le monde économique, de traités dans la politique, et l’économie permet de comprendre le monde dans lequel on vit. Il est nommé conseiller en Affaires politiques et économiques auprès de l’ambassade du Grand-Duché à Paris en 1988 avant d’être détaché à Bruxelles.
L’ «American Dream»
Pierre Gramegna devient consul général et directeur du Centre pour le développement économique à San Francisco en 1993, le centre d’innovation pour l’économie fondée sur la connaissance, poste qu’il occupera pendant trois ans. Il découvre alors un pays dynamique, efficace et optimiste à souhait «qui vit dans l’immédiat» contrairement aux Européens qui misent sur le moyen terme et l’Asie sur le très long terme comme il le découvrira plus tard. Il note avec amusement la vision altérée et clichée qu’ont les américains des Européens «qui sont toujours en grève et consacrent beaucoup trop de temps à leurs loisirs».
Le retour dans la diplomatie
Il est nommé ambassadeur du Luxembourg au Japon en 1996. Il y retrouve un peu étonné les valeurs européennes que sont le respect des traditions et une économie de marché qui concilie libéralisme et socialisme.
La signature du protocole de Kyoto, sous la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne en 1997, marquera son esprit à jamais : «Ce fut sans aucun doute le moment le plus fort de ma carrière où j’ai joué le rôle de porte-parole de l’Union et où j’ai eu la chance de rencontrer le vice-président américain Al Gore et les ministres des quatre coins du monde», évoque Pierre Gramegna avec toujours autant d’émotion.
Le challenge de la Chambre de Commerce
C’est en 2002 que Pierre Gramegna prend les rênes de la Chambre de Commerce, une des plus vieilles institutions du pays dont il nous retrace brièvement l’historique et le mode de fonctionnement, avant de nous expliquer – avec une certaine réserve – le pourquoi de sa nomination : «Je pense que l’assemblée plénière voulait donner un nouvel élan à l’institution, et a pour cela décidé de placer quelqu’un d’oecuménique à sa tête, quelqu’un qui n’était pas directement issu du monde de l’entreprise». Pierre Gramegna entame alors une réforme en profondeur. Estimant que la Chambre de Commerce manque de visibilité auprès du grand public, il met l’accent sur l’aspect communication et sensibilisation. Parallèlement, il privilégie l’approche client : «Pour changer de cap, nous nous devions d’être plus à l’écoute des besoins des entreprises, et faire de la Chambre de Commerce une ‘caisse de résonnance’, une boîte à idées, plus que par le passé». A la question «Des regrets, des erreurs ?», il répondra à ma grande surprise qu’il avait toujours rêvé de devenir joueur de tennis professionnel et découvrir le monde à travers ce sport… un «demi-regret», dit-il, car «la vie m’aura finalement amené aux quatre coins du monde».
PhR